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Traits baroques dans Mais si faut-il mourir

de Jean de Sponde

L'époque de Baroque est devenue la réaction contre la Reforme, Contre-réforme, la crise des idéaux de la Renaissance et grâce à tous ces phénomènes on a commencé une discussion concernant l'être humain, la position de l'homme dans l'Univers. Les artistes de cette époque n'ont pas nié les œuvres des artistes de la Renaissance, mais ils ont enrichi leur esthétique. Ils l'ont souvent fait en utilisant le faste, pas seulement représenté dans l'art, mais aussi dans la littérature et la langue. Il est difficile de décrire une idée principale de tous les artistes de cette époque, mais ce qui inspirait la poésie de la plupart d'eux c'était le sujet de la mort. Ce qui distinguait les auteurs du Baroque des écrivains du Moyen Age, c'était que la mort était présente dans la vie de nous tous, pourtant elle n'était pas le bout de notre vie. D'autres sujets de cette époque étaient: « le changement, l'inconstance, (…), la vie fugitive et le monde en instabilité ». De plus, ce qui était très important pour cette époque-là, l'homme n'était pas sûr de rien, il ne pouvait pas savoir qui était-il, entre son âme et corps, où allait-t-il finir sa vie dans cette réalité incertaine. C'était encore plus touchant pour Jean de Sponde à cause de sa vie difficile.

C'est dans cette ambiance que Jean de Sponde a composé son cycle des Sonnets sur la mort. Cette forme poétique nous indique, que les poètes baroques ont utilisé les formes de leurs prédécesseurs - le Sonnet était le « bien-aimé » chez les poètes de la Pléiade (de Ronsard et Du Bellay) et c'était Clément Marot qui avait introduit cette forme en France.

Quant au poème Mais si faut-il mourir, on peut réfléchir, si les thèmes présents ici, sont liés aux sujets caractéristiques de l'époque qu'a proposé Raymond pour une œuvre de l'époque du Baroque:

l'ouverture de la forme, le décentrement de la composition globale, refusant proportions et symétrie trop marquées, ainsi que le type d'unité, complexe, avec compénétration ou emboitement des parties, marqué par une tension interne qui peut aller jusqu'à l'éclatement. (…); l'antithèse, la métaphore comme déguisement, l'hyperbole, dominent dans le discours baroque,

ou peut-être à ceux (en bref), indiqués par Rousset :  l'instabilité, la mobilité, la métamorphose, la domination du décor.

Premièrement, on devrait réfléchir sur les traits baroques du lexique et du contenu de ce poème, écrit à la première personne du singulier (pour être plus convaincant). Alors, commençant par le sujet; la mort. En outre, ce qui est d'abord très propre de l'époque, c'était le commencement du poème par la même phrase dont il se termine « Mais si -faut-il mourir », qui contient une opposition elle-même - mot « mais » semble à une question, incertitude, pendant que le je lyrique est assez certain de la mort de tous les hommes. Ce n'est pas tout, concernant cette phrase, parce qu'à l'époque, le mot « si » signifiait « et pourtant », alors on peut être encore plus sûr, que l'auteur du poème nous informe, que malgré tout, la mort est indispensable et chacun va la confronter. C'est surtout visible dans la deuxième strophe, dans laquelle le je lyrique nous présente différents faites naturels qui sont en train de s'éteindre ;

« Sur le vert de la citre éteindra ses ardeurs,

L'huile de ce Tableau ternira ses couleurs ».

Le je lyrique le souligne encore plus en le répétant à la fin (alors il n'y a rien à y échapper), on peut dire que l'auteur d'une façon typique pour son époque présente le monde « comme une illusion, comme une belle fumée qui s'enfuit ». Le je lyrique reflète ce sujet, en utilisant différents moyens stylistiques, lexicaux etc. pour nous faire rapprocher ce sujet. Il nous indique que la mort est omniprésente (dans les effets de la nature-orages, dans la pensée de l'homme etc.).

Le sujet de la mort et de l'instabilité de la vie « fugitive » de l'homme dans le monde du Baroque est encore plus visible grâce aux contrastes utilisés par Jean de Sponde, très connus dans cette époque, parce que d'après les hommes tout était composé de deux parties: comme un homme, qui était sans arrêt touché par la lutte entre son corps et l'âme, comme dans les Entretiens spirituels de Favre. Par certains, cette époque-là est même nommée « l'époque des contrastes », on n'est pas alors très surpris en les voyant dans divers niveaux du poème.

Le je lyrique présente comme des contrastes des mots liés aux différents sens humains: la vue (« j'ai vu ces clairs éclairs passer devant mes yeux »), l'ouïe (« le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux, ou d'une ou d'autre part éclatera l'orage »), l'odorat (« sentira ses fureurs »). En outre, Sponde utilise les différents temps: futur (« crèvera »), présent (« lance »), passé (« j'ai vu »), peut-être pour nous indiquer encore plus que ce qu'il dit sur la mort c'est une vérité universelle. Par opposition, les phrases écrites au temps futur (« le temps qui crèvera ») ont des éléments apocalyptiques (comme par exemple l'élément naturel, qui fait nous penser à la mort ; « fureurs ») et ces, présentés au passé, pourraient signifier les temps auxquels le je lyrique voudrait revenir, mais c'était impossible.

Les contrastes sont encore plus visibles au niveau sémantique du poème; le je lyrique nous présente les champs lexicaux du feu (par exemple « flambeau », « flamme », « éclairs », « l'orage »), de la neige (« j'ai vu fondre la neige ») et de l'eau (« rive écumeuse »). La neige est utilisée, lorsqu'il parle de son passé, alors on peut deviner que pour lui il y a une époque qui est totalement finie, pourtant dans l'avenir il y aura une ardeur étendue. A cause de la symbolique du feu, qui peut signifier l'éternité, le mal, la mort, on peut interpréter ce champs sémantique comme le symbole de l'Apocalypse ;

« et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux,

Ou d'une ou d'autre part éclatera l'orage »,

d'autant plus que Sponde personnifie la mort ;

« Qui brave de la mort,

sentira ses fureurs ».

En outre, ces forces de la nature sont liées à l'aspect qui constitue un autre critère très important pour le Baroque: le changement. Les mots « ternira », « rompront », « éclatera » etc. sont liés à une rupture, à une action soudaine.

On peut remarquer aussi que les mots «mort », « mourir » se répètent plusieurs fois, en construisant l'opposition aux mots tels que: « Cieux », « tonnerre », alors les mots renvoyant à Dieu, qui encore multiplie l'impression de l'omniprésence de la mort. Même si on peut indiquer Dieu comme une allusion, dans ce poème il n'y a pas de mots précis, présentant la grâce de Dieu qui permettait à l'auteur de vivre en illusion que la mort ne serait pas aussi cruelle, comme dans le Sonnet XII de Jean de Sponde;

« Et quoy ? mon Dieu, je sens combattre maintesfois

Encore avec ton Tomple, et ta main, et ta voix ».

Dans le Sonnet Mais si faut-il mourir surtout l'opposition entre « vivez »-« mourir », envisagée dans le dernier vers du poème est importante, par conséquent on peut deviner que le je lyrique, en cette apostrophe, s'adresse aux autres vivants, pour leur parler de l'omniprésence de la mort.

La structure formelle n'est pas tout à fait conforme au critère de Raymond. Sponde ne refuse pas la symétrie, son poème est bien structuré parce qu'il est lié à la forme - le Sonnet qui se compose de deux quatrains, suivis de deux tercets. De plus, dans ce poème on ne peut pas parler de la domination du décor, puisque l'auteur nous présente des vérités, qui sont cachées derrière une belle forme, mais ce n'est pas elle qui est la plus importante. S'il s'agit d'autres figures que Raymond et Rousset ont indiquées; on peut être d'accord que les métaphores sont ici présentées presque dans chaque ligne (« lions rugissants »), aussi bien que les inversions (« sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs »). On peut aussi indiquer les sons qui se répètent dans certains vers (par exemple « r » qui est une consonne vibrante, alors donne une impression de l'inquiétude, de la rumeur etc.).

Ce qui était important pour la poésie baroque c'était aussi le parallélisme formelle, qu'on peut remarquer aussi dans ce poème - par exemple dans les vers

« Les Soleils haleront ces journalières fleurs,

Et le temps crèvera cette ampoule venteuse »,

qui ont pour but de montrer la répétition du tout ce qui se passe, par conséquent de la malchance de l'homme dans ce monde.

Il ne faut pas omettre un autre phénomène, envisagé dans ce poème - pour souligner, auteur écrit quelques mots en majuscules - « Soleils », « Tableau » et « Cieux » qui constituent l'ensemble des mots, liés à l'Art du Baroque parce que la peinture était très importante à cette époque-là. Peut-être ce sont les mots renvoyant à un tableau qui représente l'Apocalypse, sur lequel sont présentés les Soleils et les Cieux.

Pour conclure, l'auteur nous présente ses sentiments, phrases dans la première personne du singulier pour nous rapprocher cette vérité universelle de son époque, qui était le sujet très important; la mort, en utilisant différents traits propres à l'époque Baroque (comme les contrastes, les métaphores etc.) qui ont marqués les pensées, en décrivant l'instabilité, la mobilité et l'inconstance du monde de cette époque-là. On peut même dire que les images présentées par le moi dans le poème sont les métaphores liées à la mort propres au monde où « rien n'est stable, rien n'est plus ce qu'il prétend être ».

Joanna Bereza

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Bibliographie :

Robert Aulotte, Précis de littérature française du XVI e siècle: la Renaissance, PUF, Paris, 1991.

A. Chassang, Ch. Senninger, Recueil de textes littéraires français, XVI e siècle, Hachette, Paris, 1996.

Maurice Grevisse, Le Bon Usage. Grammaire française avec des Remarques sur la langue française d'aujourd'hui, Duculot, Paris, 1980

Władysław Kopaliński, Słownik symboli, Rytm, Warszawa, 2001.

Daniel Ménager, Introduction à la vie littéraire du XVI e siècle, Bordas, Paris, 1968.

Jean Rousset, La Littérature de l'âge baroque en France, Circé et le paon, Libraire Jose Corti, Paris, 1954.

Daniel Ménager, Introduction à la vie littéraire du XVIe siècle, Bordas, Paris, 1968, p. 169.

Jean Rousset, la Littérature de l'âge baroque en France, Circé et le paon, Libraire Jose Corti, Paris, 1954, p. 8.

Ibidem, p. 28.

A. Chassang, Ch. Senninger, Recueil de textes littéraires français, XVI e siècle, Hachette, Paris, 1996, p. 151.

Robert Aulotte, Précis de littérature française du XVI e siècle: la Renaissance, PUF, Paris, 1991, p. 202.

Jean Rousset, op. cit, pp. 181-182.

Maurice Grevisse, Le Bon Usage. Grammaire française avec des Remarques sur la langue française d'aujourd'hui., Duculot, Paris, 1980, p. 1267.

Jean Rousset, op. cit,, p. 122.

Robert Aulotte, op. cit, p. 227.

Władysław Kopaliński, Słownik symboli, Rytm, Warszawa, 2001, pp. 265-268.

Robert Aulotte, op. cit., p. 228.

Jean Rousset, op. cit., p. 30.

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