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4G SAIKTK-ANNB d’aURAY

Et voici en quels termes le P. Hugues nous donnę une idde des honneurs dont elle dtait 1’objet.

« Lorsqu’elle parait au dehors, dit-il, tous les peuples se prosternent k genoux, plusieurs la foce contrę terre, avec un grand respect; les autres montent en des orbres pour la mieux voir... Devant l'image un acolyte foit de continuels encensements... A la fontaine se trouve un oratoire prdpard, auquel on repose la sainte relique et firnage miraculeuse >» (p. 310).

Sainte par son órigine, par le róle qu'elle a eu dans rhistoire, par les miracles dont elle a dtd 1’instrument, par les hommages des innombrables pdlerins qui sont venus raconter devant elle leurs espdrances et leurs angoisscs, —cettc statuę miraculeuse n'avait pas sans doute la valeur exceptionnelIe d'une oeuvre d’art. Et pourtant elle dtait si prdcieuse qu’en 1796 Favcrot ne croyait pas faire un dchange disproportionnd, quand il proposait au ministre de la cdder au papę contrę un des chefs-d’ceuvre de l’art italien (I).

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Cominent fut elle enlevee de sa chapelle, et k quelle dpoque ? On ne le sait pas.

Toutes les circonstances de sa disparition sont demeu-rdes inystdrieuses.

II est certain qu elle n dtait plus dans la chapelle du Pdlerinage, k la fin de 1794, lorsqu’une bandę de sol-dats y accomplit un acte de brigandage en brisant toutes les stotues.

II est certain aussi qu’elle est restde plusieufs anndes k Auray, et qu’elle s’y trouvait encore en octobre 1796.

II est certain enfin qu’elle a dtd briklde.

(t) Voici le texte dc F«verot: « Le chćtif morceau dc bois, tant vónćrd, n'e8t plus A Sainte-Anne. L'Adininistration l'a fait enlever et il est d^posó k Auray, dans une annoire du district, d'ou on pourrait le tirer pour l’dchangcr avec le papę contrę quelqu'un des cdldbres monuments des arts qui honorent Tltalie » (L. 288).

Pour avoir des renseignements prćcis sur le reste de son histoire, il faut 3’en rapporter k la tradition.

Nous sommes ici en prćsence de deux documents: l’un, utilisć par M. Guilloux, est un manuscrit de M. Le Bihan, recte\ir de Pluneret, qui a recueilli la tradition populaire ; 1'autre est le texte du P. Martin.

Les deux docuęnents ne sont pas en contradiction, comme on pourrait le croire; ils se compl&tent au con-traire l’un 1’autre.

Le P. Martin (ćdition de 1838) ścrit: « La statuę si vćnćrće fut dabord sauvće. [conament? il ne le dit pasj, — par de dignes habitants d’Auray, qui la cachfcrent plus d'uu an, en bravant la peine de mort qu’ils encou-• raient. Ils se virent comme contraints plus tard de la porter au dćpót des objets d'dglise... *>

Ce texte si rćservć laisse entendre que la statuę miraculeuse, comme beaucoup dautres statues vćnćrćes, fut misę il 1’abri de la profanation par l’initiptive d’une familie d’Auray; mais que, le secret de sa prćsence en cette maison ayant transpirć, cette familie fut obli-gće, k la suitę de perquisitions sans doute, de s’en dćpossćder.

M. Guilloux remonte plus baut, et, ii la suitę de M. Le Bihan, attribue l’enl6vement de la statuę au citoyen Laity. Et voici le portrait qu’il tracę du per-sonnage:

"... D£s 1793 il s’ćtait acquis une si bellc rćputation de terroriste quc Prieur de la Marne le nomma (k l’6ge de 27 ans) procureur-syndic d’Auray ‘; mais il quitta bientót ces fonctions pour occuper le poste d’agent national, qui lui permettait d’exercer plus activement sa fureur anti-religieuse.

Nul ne se donnait plus dc mai pour faire la chasse aux prćtres rćfractaires; accompagnć de gendarmes et d’un chien ćnorme qu’il avait dressć tout expr£s pour ce genre de poursuites, il les traquait nuit et jour.



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