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sans lui appliquer la methode meme qu’il n’a cessee d’enrichir et de developper: 1’interpretation genetique et dialectique. Dans cette etude, je me limiterai volontairement a trois grands axes de sa pensee:

-    la recherche concrete de structures significatives dans les oeuvres litteraires,

-    les fondements theoriques d’une approche dialectique et genetique en sociologie de la litterature,

-    1’analyse marxiste des phenomenes politiques contemporains et la redefinition de la transition vers le socialisme.

I

LA CONSTRUCTION D UNE SOCIOLOGIE MARXISTE DE L'ART

Lesthćtiąne du jeune Lukacs: du kanłisme tragiquc au marxisme

A 1’origine de la reflexion de Goldmann sur l’art et la litterature et tout au long de son ceuvre se retrouve une inspiration constante: cellc de Georg Lukacs. II y aurait beaucoup a dire sur cette etonnante ren-contre, cette fascination que Lukacs ne cessa d’exercer sur Goldmann tout au long de sa vie. Si Le Dieu Cache est une illustration genialc des idees esthetiques du jeune Lukacs, on trouve peu de textes, meme parmi les plus tardifs, qui ne contiennent un discret mais sincerc hommage au penseur hongrois.¹ Les critiques de Goldmann a 1’egard du Lukacs de la maturite etaient nombreuses (et parfois injustes) mais son admiration pour ses ecrits de jeunesse etait sans borne. D’ailleurs, si Lukacs a donnę a Goldmann 1’impulsion decisive de toute son oeuvre - a travers des concepts fondamentaux comme ceux de »totalite«, »rei-fication«, »conscience possible« - il fant reconnaitre que ce sont les travaux de Goldmann qui, dans une tres large mesure, ont revele en France 1’importance de Georg Lukacs.

Mais, si dans tous ses ecrits Goldmann est reste fidele aux intuitions fondamentales de Lukacs, on ne saurait pour autant le considerer comme son disciple. Paradoxalement, il s’est assez peu intćrcsse a l'esthćtique reelle de Lukacs: celle qui ne cessera de jouer un role de-cisif dans sa pensee correspond a une synthese brillante et originale, mais fictwe de ses trois ecrits de jeunesse: L’Ame et les Formes, La 7 heorie du Roman, et Histoire et Conscience de classes; ocuvres quc Lukacs considerait precisement comme depassees par son evolution politique et philosophique ulterieure. Goldmann a surtout tente de briser le cercie souvent etroit de l’esthetique lukacsiennc:

- il n’a jamais maintenu le privil£ge exhorbitant accorde par Lukacs au realisme socialiste ou au realisme critique. De nombreuses oeuvres etudiees par Goldmann (Genet, Saint John Per-se, Chagall) sont aux antipodes des affinites lukacsiennes.

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Ainsi lc dcrnicr ouvrage (postumc) dc Lucicn Goldmann: ^Structures mcnta-lcs ct crćation culturcllc« (Anthropos 1970) cst-il encorc dćdić i Georg Lukics.