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AN I

CIVILISATION  FRANÇAISE

I. LA  GAULE  ROMAINE

La   civilisation  (façon   de   vivre)  =  ensemble   des   caractères   propres   à   la   vie 

culturelle et matérielle d'une société humaine (La Rousse)

La Préhistoire de la France: la France est entrée dans l'histoire avec les Gaulois 

et leurs historiens et géographes, écrivains  latins et en grecs. Avant les Gaulois, plusieurs 
civilisations se sont succédé sur le sol de la France dès le paléolithique. Le néolithique a 
laissé à la France, surtout à l'Ouest du pays, de curieux monuments mégalithiques, surtout 
en Bretagne.

1. LA  GAULE INDÉPENDANTE

C'est environ 1000 ans avant Jésus Christ que la présence des Celtes est attestée 

dans le territoire actuel de la France. Mais c'est seulement au IV

ème

 siècle avant notre ère, 

qu'ils entrent dans l'histoire par les premiers contacts violents qu'ils ont eus avec les 
Romains.

Ils formaient alors en Gaule un ensemble de peuples indépendants, unis seulement 

par la langue et la religion. Ils connaissaient l'écriture, mais leur religion et leurs idées se 
transmettaient seulement par la voie orale.

La société était dirigée par les Druides à la fois prêtres, juges et éducateurs de la 

jeunesse. 

La religion était polythéiste; la société gauloise était une société aristocratique; 

- toute l'autorité appartenait aux nobles qui étaient aussi les propriétaires de terre. 
- la plèbe était la "cliente" des nobles;
- les cellules familiales étaient associées en tribus. Plusieurs tribus formaient des nations 
ou cités, qui se groupaient par intérêts militaires et économiques. Les rivalités ont été si 
fortes qu'aucune de ces nations n'arrivait à faire l'unité des Gaulois.

Le   portrait   moral  classique   que   fait  Jules   César  à   ces   nations   ("De   Bello 

galico") explique cette incapacité de s'unir et son tempérament, ses querelleurs. 
- Le courage, l'intelligence, la générosité → avaient comme contrepartie → l'indiscipline, 
l'instabilité, la crédulité. 

1

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-  Le   talent   principal  des   Gaulois,   se   manifeste   dans   la   vie   pratique,   dans   l'habileté 
technique et esthétique.
- Ils sont d'excellents agriculteurs, grands éleveurs de chevaux et de moutons; 
- Ils inventèrent des instruments de culture perfectionnés: la charrue à roues (plug) et la 
grande faux (coasa); ils travaillaient le fer, le cuivre (arama) et le bois.

L'Art gaulois n'a rien en commun avec l'antique gréco-latin; les ornements, les 

vases étaient ornées de forme abstraite, géométrique.

2. LA  GAULE  ROMAINE

L'intérêt de Rome pour la Gaule se manifesta dès le II

ème

 siècle avant notre ère. La 

province   fut   conquise   par   les   Romains   et   puis,   plus   tard,   la   menace   des   Germains 
(intéressés eux aussi par la riche terre Gauloise) fut le prétexte d'une conquête totale. Les 
combats livrés par Jules César durent 5 ans; le grand chef Vercingétorix réussit à infliger 
à César une lourde défaite à Gergovie (56), mais la supériorité militaire romaine obligea 
Vercingétorix à s'enfermer dans la place forte d'Alésia et à y capituler (52).

Pendant 4 siècles, la Gaule fit partie de l'Empire romain et suivit ses destins. Elle 

s'accommoda bien à cette situation et les quelques révoltes du I

er

  siècle n'ont pas été 

graves.   Le   couvoir   (cuibar)   des   Druides   diminua   et   l'aristocratie   gauloise   se   rallia 
volontaire aux Romains pour asservir l'administration et pour en profiter. Une capitale fut 
édifiée   à   Lugdunum   (Lyon).   C'est   ici   que   s'est   tenu   chaque   année   un   ensemble   des 
délégués de chaque peuple gaulois. 

La romanisation

 

    se fit

 

   par l'armée  et  par l'administration; C’est-à-dire  par les 

champs  (où les soldats gaulois défendaient l'Empire contre les Germaines) et  par les 
villes  (où l'aristocratie gauloise furnisait des magistrats). Ainsi, les Gaulois devenaient 
citoyens romains et adoptaient la langue Latine.  Le Latin s'imposa vite  et la langue 
celtique est disparue peu à peu. L'Art gaulois-romain adopta le modèle des conquérants; 
l'héritage   de   l'Orient   hellénistique   et   l'organisation   romaine   ont   déterminé   de   façon 
décisive la suite de l'histoire de la Gaule qui a reconnu toute de suite la supériorité latine 
par l'adoption de la langue, des institutions, des arts, des sciences et de la technique.

Mais la paix romaine  et cette culture cosmopolite  ne dura que jusqu'à la fin du 

III

ème

  s. Dès que l'Empire arrêta ses conquêtes  l'impôt romain  représenta des dépenses 

2

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écrasantes et ruina progressivement les villes. L'insécurité provoquée par la guerre civile
d'abord,   puis  les   invasions   germaniques  ont   mené   à  la   décadence   des   villes  et   des 
structures préféodales dans les campagnes. 

C'est alors que le christianisme sauva l'unité romaine. Il est apparu en Gaule au 

cours  du II

ème

  s, d'abord à Lyon où l'un des premiers récits de martyres concerne la 

communauté présidée par  l'évêque Pothin. Fondée par les chrétiens de langue grecque, 
l'Église   gauloise   se   latinisa   bientôt,   mais   resta   limitée   aux   villes.   Au   IV

ème

  s, 

l'évangélisation de campagne commença surtout grâce à l'action de saint Martin, évêque 
de Tours.

II. LE  MOYEN  ÂGE

1. LE HAUT MOYEN ÂGE

Evul mediu timpuriu V

ème

 - X

ème

 

Les Evénéments

En 476, l'Empire Romain d'Occident cesse d'exister et c'est à partir de cette date 

qu'on considère le début du Moyen Âge. Les invasions germaniques et d'autres vont 
marquer la fin de la tranquillité pour la population. Pour 7 siècles, au moins, la violence 
va régner sur toute l'Europe.

Dans la

 

   2

   

nde

     moitié du V

 

 

ème

      siècle

 

 , les Wisigoths s'installent en Aquitaine, les 

Burgondes à l'est de la Gaule, les Francs au Nord, les Bretons (peuple celte de la Grande-
Bretagne) dans le N-E. Le général romain Aetius réussit, en 451, à repousser (avec l'aide 
des Wisigoths et des Francs) les Huns d'Attila. 
- C'est alors qu'apparut Clovis, le chef des Francs Saliens, qui réussit en 20 ans à réaliser 
l'unité presque totale de la Gaule, tirant profit de sa conversion au catholicisme. Mais 
cette unité du regnum Francorum fut celle qui donna le nom du pays, mais cette unité ne 
dura pas long temps.
- Les  rois mérovingiens  considéraient leur royaume comme une propriété personnelle 
qu'ils pouvaient partager entre leurs fils. Les rivalités d'entre eux ont fini par ruiner leur 
autorité au profit de l'aristocratie.

Au  

   VIII

 

 

ème

     siècle

 

   une famille noble de l'Est du royaume s'assura la maîtrise du 

gouvernement.  Charles Martel  prit par la force le gouvernement de tout le pays et il 
repoussa, en 732, à Poitiers, une invasion arabe. Il donna son nom à la nouvelle dynastie 
carolingienne dont le fils Pépin le Bref est le fondateur. Pépin s'allia avec le Pape et reçut 
la couronne.

3

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Le rôle  du  roi des Francs  comme défenseur et promoteur de la chrétienté, se 

montra avec plus d'éclat sur la règne de Charlemagne

 

  (771-814)

 

 

- Celui-ci détruisit le royaume lombard et se fit couronner Roi d'Italie en 774; 
-   Puis   il   enleva   une   partie   de   l'Espagne;   -   annexa   la   Bavière,   conquit   la   Plaine 
Danubienne sur les Avars et soumit les Saxons;
En 800, il fut couronné par le Pape Léon III; - il eut une forte administration déléguée 
aux comptes qu'il contrôlait par ses envoyés et avec l'aide de l'église;
En 843, par le traité de Verdun, le royaume de Charlemagne se partagea entre les 
fils
  de  Louis   le   Pieux  (-fils   de   Charlemagne):  1.  Lothaire,   l'aîné,   gardait   le   titre 
d'empereur reçut d'Italie; la Valée du Rhône et celle de la Saône; la rive gauche du Rhin. 
2. Louis gardait les pays situés sur la rive droite du grand fleuve. 3. Charles gardait les 
basins de l'Escaut, de la Seine, de la Loire, de la Garonne.

Ce traité séparait définitivement la Germanie (l'Allemagne) de la France et vouait 

Lotharingie à leurs convoitises et au démembrement. De plus, les nouvelles invasions 
continuèrent   à   ruiner   l'autorité   royale.   Les   expéditions   des   Hungrois,   des  Arabes   et 
l'invasion   des   Normands   qui   s'installèrent,   finirent   par   créer   un   climat   d'insécurité 
permanente. Cette situation accéléra la décomposition de l'autorité au profit des pouvoirs 
locaux.
-  En 987, le dernier carolingien perdit le trône et  le duc de l'Île de  

 

 France

 

 ,  Hugues 

Capet, fonda une nouvelle dynastie, cette fois-ci, féodale.

La   société

 

 

  campagnarde

 

 

  était   formée   de  paysans  et  de   grands   propriétaires 

fonciers, dont les terres augmentaient des dotations que ceux-ci recevaient de leur roi, en 
échange de leurs services. Le roi avait des fidèles dont il élevait lui-même, les fils à la 
cour. Ainsi naquit la vassalité sanctionnée au VIII

ème

 par la cérémonie de l'hommage: le 

vassal, à genoux, plaçait ses mains dans celles de son suzerain et lui prêtait un serment de 
fidélité; en échange, il recevait: la protection du seigneur et une terre qui s'appelait le fief. 
Mais avec le temps, la défense offerte par l'armée du seigneur ne pouvait plus rester 
importante.

La religion:

  l'église protégée tout d'abord par le trône, était devenue un 

asile de moralité et de culture. Saint Boniface reforma l'église qui devint pastorale et 
monastique. Les évêques redevinrent des chefs spirituels et des éducateurs dans les écoles 
épiscopales.

La vie intellectuelle: 

Sous Charlemagne on bâtit de nombreuses écoles épiscopales et abbatiales qui 

répandirent   un   programme   d'enseignement   méthodique   en   Latin.  L'enseignement   se 
faisait en 2 cycles: 
- un I  

er

   cycle 

 

 le trivium

 

 , visait la grammaire, la rhétorique, l'art du raisonnement; 

- le  II

   

ème

      le quadrivium

 

 , traitait  de  thèmes comme: l'arithmétique, de la  musique, de 

l'astronomie et de la géométrie. La langue des écoles  était  

 

 le Latin

 

   classique

 

   qui était 

consacrée comme langue des savants, séparée de la langue populaire qui évolua vers le 

4

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Roman. Le IX

 

 

ème

    siècle produisit:

 

  quelques écrivains latins -auteurs de poésie religieuse, 

quelques théologiens et quelques historiens

La vie artistique

L'art romain  était depuis longtemps épuisé lorsque se produisirent les grandes 

invasions du V

ème

 siècle, et ses monuments eurent beaucoup à souffrir, cependant que la 

technique  artistique disparaissait.  L'

   

architecture  

 

 et la  

 

 

sculpture

 

   connurent,  à la  fin du 

VII

ème  

siècle un renouveau, dont il reste d'ailleurs, peu de traces, car toutes les églises 

mérovingiennes furent plus tard, démolies pour être remplacées par des édifices romans 
ou gothiques. Un art nouveau apparut à la fin du VIII

ème

 siècle: l'ornementation des livres 

sacrés   par   des   enluminures   et   des   reliures   d'ivoire.   En   même   temps,  la

   

  musique

 

 

 

occidentale  fait son apparition, elle aussi sous l'Egide de l'Eglise. On sait qu'il existait, 
sans   qu'on   en   ait   gardé   la   moindre   trace,   une  musique   gauloise,   puis   des   chants 
liturgiques gallo-francs.

La vie quotidienne:   

- les activités intellectuelles et artistiques restèrent l'apanage d'une 

petite minorité;  -  pour les autres, la vie des tous les jours est limitée au travail et à la 
guerre dans une atmosphère d'insécurité et de violence; - à ceux-ci, viennent s'agiter la 
famine et les épidémies, la torture, la barbarie des peines judiciaires, font du VII

ème

 siècle 

le plus aride et le plus barbare de l'histoire de la France. Il faut quand même dire que 
l'Empire de Charlemagne représenta un reflux de la violence. 

2. L'APOGÉE  DU  MOYEN  ÂGE

Les Evénéments

À la fin du X

ème

 siècle, la France était un mosaїque d'États féodaux, tels: le comté 

de Flandre, le comté de Champagne, le duché de Bourgogne, le duché de Normandie. Les 
Capétiens d'Hugues Capet (987) à Philippe IV le Bel (1314), eurent la chance de disposer 
des territoires autour de Paris et de régner de père en fils pendant 3 siècles. Par une 
politique matrimoniale avisée, ils rélargirent leur autorité. 

À   l'aube   du  XII

ème

  siècle,   la   monarchie   capétienne

 

commença   une   grande 

expansion avec Louis VI le Gros qui réduisit à l'obéissance les vassaux de son domaine et 
qui proclama le droit royal d'assurer la paix et la justice dans tout le royaume.

Cependant, sous Louis VII, il y eut un regroupement d'États féodaux.  

- La féodalité française très dynamique se lança dans des grandes entreprises guerrières 
où la mystique chrétienne se mêlait à la soif d'aventure et de conquête. 
- Les Normands se rendirent maîtres de l'Italie méridionale byzantine et de la Sicile. 
- La chevalerie française s'allia avec les royaumes chrétiens du Nord de l'Espagne contre 
Cordoue pour assurer la puissance des royaumes de Castille et d'Aragon. 
- Ces expéditions d'Espagne avaient pris le caractère d'une  guerre sainte  et la papauté 
initia l'élan général pour la croisade destinée à libérer la Terre Sainte. 
- Cette croisade fut prêchée par le Pape  Urbain II en 1095 à Clermont en Auvergne. Une 
croisade   populaire   se   fit   massacrer   en   traversant   l'Europe   en  Asie   Minore.   Mais   la 
croisade des chevaliers sous le commandement de Godefroi de Bouillon réussit à prendre 
Jérusalem en 1099

 

et fonda le royaume chrétien de Jérusalem et 3 autres principautés 

dans le Levant. Les croisades entraînèrent un perpétuel "va-et-vient" entre l'Occident et 
l'Orient et à la fois un enrichissement matériel et des progrès intellectuels remarquables. 

Le règne de Philippe IV le Bel (1285-1314)  

5

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Marqua  l'apogée   de   la   monarchie   médiévale.   Il   réussit   à   restaurer   l'idée   du 

pouvoir abstrait de l'État. La monarchie devient la manifestation d'une volonté commune 
des sujets du roi au-dessous des cadres féodaux. Les faits marquants de son règne sont: 
- de nouveaux agrandissements du royaume (La Province du Champagne et une partie de 
la Flandre);  
- autonomie de l'Eglise française devant la papauté; 
- confiscations des biens des Templiers (ordre monastique et militaire dont le rôle avait 
été grand en Terre Sainte) et qui étaient devenus les banquiers du roi.

Économie et société

À partir  du X

ème

  siècle et jusqu'à la fin du XIII

ème

  s., la France a connu  une 

expansion économique continue: - l'agriculture augmente par des défrichements de terre 
et par de nouvelles cultures; 
- il s'installe une véritable révolution technique et une poussée démographique continue; 
- les rendements agricoles s'améliorent, le commerce renaît  lui aussi et les industries 
artisanales s'épanouissent, les routes se multiplient et on bâtit des ponts; - on met en place 
des marchés et des foires.

À   l'époque,   la   société   était   très   nettement  divisée   en   classes,   en  

"ordres"   ou 

"états".

 On y retrouve

   3     fonctions de la société

 

 :   1. la fonction religieuse2 la fonction militaire; 3. la fonction 

économique.

Le   clergé  s'accorde   avec  la   noblesse  à   imposer   au   peuple   l'obéissance   et   le 

respect de l'hiérarchie. La noblesse se composait notamment de chevaliers; la qualité de 
chevalier, qui était héréditaire, était reçue au sortir de l'adolescence, par une cérémonie au 
cours   de laquelle,  après avoir  fait   preuves  de son  talent militaire, le  jeune  chevalier 
recevait ses armes. Cette cérémonie s'appelait "l'adoubement du fils". Les nobles aimaient 
par-dessus tous les exercices physiques, la chasse, le tournoies et ils pratiquaient une 
rigoureuse morale de l'honneur.

Le   service   vassalique  comportait   l'aide   et   le   conseil.  L'aide  consistait   en 

assistance militaire au suzerain pendant 40 jours/an et en dons d'argent dans 4   cas prévus

 

 : 

- l'adoubement du fils; - la dot de la fille; - le paiement d'une rançon; - le départ pour une 
croisade. Le conseil était la présence à la Court du suzerain, soit à l'occasion d'une grave 
décision à prendre, soit pour rendre la justice.

Les   paysans  étaient   eux   aussi  stratifiés:  il   y   avait   une   certain   nombre   de 

propriétaires libres qui échappaient théoriquement au système féodal, mais qui, en réalité, 
tombaient sous la dépendance économique du seigneur.

La bourgeoisie apparaît à partir du XI

ème

 siècle. C'est la nouvelle classe d'artisans 

et de commerçants qui finit par s'affranchir de la tutelle féodale. Ils s'organisent dans des 
associations  liées  par serment  qui  prirent  le nom  de  "communes". Certaines de ces 
"communes" devinrent même des seigneuries collectives disposant d'une force armée, de 
la milice, de leurs propres finances et d'administration. 

À l'intérieur de cette classe bourgeoise, apparurent bientôt des différenciations 

opposant les pauvres et les riches, les riches essayant de monopoliser les pouvoirs de 
commandement   et   de   former   une  oligarchie   urbaine.   Entre   les   possédants   et   les 
travailleurs, se créa un abîme grandissant. Clercs, nobles, bourgeois et les paysans, tout 
en se différenciant en classes, restent unis à l'intérieur de chacune en communautés. Le 
clergé  anime la vie religieuse très active.  Le château  (le seigneur) était le centre de la 

6

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société   seigneuriale  (où   étaient   élevés   les   fils   des   vassaux)   servie   par   de   nombreux 
domestiques,   divertie   par   les   troubadours,   les   ménestrels.   En   ville,   les   corporations 
organisaient le travail et favorisaient le patriotisme urbain en mettant les habitants sous le 
patronage   de   Notre-Dame   ou   d'un   saint.  Le   paysans  se   groupaient   eux   aussi   en 
communautés   de   village   qui   administraient   les   terrains   de   pâturage   et   d'exploitation 
forestière.

La vie religieuse

L'Eglise   montra   ce-temps   là   un   remarquable   dynamisme   à   la   fois   spirituel, 

intellectuel   et   artistique.   En   910,   on   fonda  l'ordre   clunisien  (Cluny),   selon   la   règle 
bénédictine, rattachée directement à l'autorité du Pape qui interdisait l'intervention des 
laїcs dans la vie religieuse. Il y eut la réforme entreprise par le Pape Grégoire VII qui fit 
que les monastères et le clergé revinrent à une certaine austérité et ferveur spirituelle. La 
conception clunisienne de la vie monacale jugée trop aristocratique, fut plus tard dépassé 
par de nouveaux ordres. 

L'une des principales hérésies  qu'apparurent au XII

ème

  siècle fut  le catharisme

qui se développa dans le Sud de la France; son trait caractéristique était  l'absence de 
prêtres. Une petite élite de "parfaits" assumait la pureté évangélique et transmettait aux 
fidèles   le   message   du   Nouveau  Testament.   À   la   même   époque,  Pierre   Valdo  et   ses 
disciples   prêchaient  l'absolue   pauvreté.   La   réaction   de   l'église,   menée   par   le   Pape 
Innocent III, fut violente. L'hérésie de Pierre Valdo fut extirpée par la force et en 1208 fut 
déclenchée la croisade contre les 

 

 Albigeois

 

 , nom sur lequel on désignait les cathares du 

Languedoe.

La   papauté   favorisa   ensuite   l'action   de  2    nouveaux   ordres   religieux

 

 :   les 

Dominicains et les Franciscains. Cependant, la fin du XIII

ème

 s. fit apparaître un certain 

esprit anticlérical et un progrès de l'esprit laїque.

La vie intellectuelle

L'épanouissement de la vie intellectuelle aux XI

ème

  et XII

ème

  siècles et  la belle 

floraison du XIII

ème

 s., en France sont dus à 

   causes principales

 

 : 1. l'intérêt d'une partie 

du clergé pour la spéculation intellectuelle; 2. l'adoucissement des mœurs chevaleresques, 
qui laissait des loisirs pour le divertissement et 3. le progrès des villes; ceci se manifesta 
d'abord dans le progrès des études: 
- Les écoles se multiplient et certaines deviennent célèbres, surtout celles de Paris, qui 
eurent à partir du XII

ème

 s., la meilleure réputation d'Europe; 

-  Au   XIII

ème

  s.,   certaines   de   ces   écoles   s'organisèrent   en  associations   de   maîtres   et 

d'étudiants. 
- Les universités possédaient déjà l'autonomie administrative. 
- Les premières universités furent celles de Paris et de Toulouse, elles étaient divisées en: 
facultés des arts, théologie, droit et de médecine; - Les étudiants élisaient leur recteur. 
- Le latin, qui était la langue du clergé, avait retrouvé sa pureté classique, la littérature 
latine y était commentée, admirée et imitée. 
- Toute une pléiade d'hommes d'Eglise se consacre aux lettres à la théologie et à  la 
philosophie. On met en place une nouvelle logique basée sur l'exercice du raisonnement. 

7

background image

On essaya de concilier la raison et la révélation chrétienne, ce qui fit le propre de l'effort 
intellectuel du Moyen Âge. 
Pierre Abélard fut le grand maître de la théologie rationaliste; 
-   Un

 

tournant   décisif   préparé   et   opéré   à   l'université,   de   Paris   fut   celui   de  Thomas 

d'Aquin grand maître de la scolastique. 
- En même temps, d'abord sous l'inspiration  chevaleresque, puis sous l'inspiration de 
l'esprit naissait la littérature en langue profane; 
- 2 des dialectes issus du roman, parvinrent au 12

eme

 au rang de langues littéraires: - la 

langue   d'oc,   parlée   dans   le   Midi   et  le   dialecte   d'Ile   de   France  qui   prit   alors   son 
extension pour des raisons politiques. 

Dans le Midi de la France, on parvint à un grand raffinement d'esprit où la femme 

jouait  un rôle d'inspiratrice lyrique.  Les  troubadours  chantaient  l'amour, rendaient un 
véritable  culte   à   femme  et   se   tournaient   peu   à   peu,   vers   l'expression   d'une   haute 
spiritualité chrétienne. 

Dans le Nord du pays, la guerre idéalisée, devint sujet de prédilection pour la 

noblesse; c’était le moment des  chansons de geste, dont la première (la Chanson de 
Roland), exalte artistiquement le vertu chevaleresque et la fidélité. 

Dans   la   II

nde

  moitié   du  XII

ème

s.,  l'esprit   ”courtois"  ("Le   roman   courtois")) 

représente cette nouvelle  

littérature

  aristocratique, qui mêlait l'amour et le merveilleux, 

autour des aventures da la Table Ronde, de Tristan et Iseut et du Graal, et dont le meilleur 
conteur fut Chrétien de Troyes. Au XIII

ème

s., s'introduisit dans la littérature, un nouveau 

courent littéraire inspiré par l'esprit bourgeois. 

En poésie, un lyrisme plus proche des réalités de la vie, surtout satirique, nourrit 

les oeuvres de Rutebeuf. L'esprit bourgeois donne la préférence à la prose avec des récits 
religieux tels "Les Miracles de la Vierge" et les fabliaux malicieux. Le Roman de Renart 
écrit depuis 1174 et jusqu'au IV

ème

s., est lui aussi satirique. La littérature culmina par Le 

Roman de la Rose, dont la Ière partie, écrite par Guillaume de Lorris, enseigne un art 
d'aimer à la manière courtoise, et la II

nde

, par Jean de Meung, glorifie par contre, la nature 

et la raison. On écrit les premières chroniques sur les croisades et le théâtre mélange le 
sacré et le profane en langue profane.

La  vie artistique

Les progrès intellectuels manifestés pendant ces 3 siècles, ont donné un éclat 

encore plus grand aux arts. Ceux-ci, d'abord 

l'architecture

, bénéficièrent de conditions 

particulièrement favorables: 
- la renaissance des métiers ranima les ateliers artistiques; 
-   le   progrès   des   connaissances   mathématiques   servit   les   architectes;   -   le   renouveau 
religieux. 

Ce   qui   provoqua   un   extraordinaire   mouvement   de   constructions   d'églises,   de 

cathédrales et de monastères. Le XI

ème

s. fut l'époque de gestation de l'architecture romane 

dont l'innovation capitale fut  la voûte en pierre  couvrant tout l'édifice. Entre la fin du 
XI

ème

s. et le début du XII

ème

s., s'épanouit l'art romane avec une diversité et d'inventions 

admirables, dans la disposition extérieure des volumes et dans la décoration. 

En sculpture il se manifesta un style fortement expressif et fortement décoratif 

sous   l'influence   gallo   romaine   et   de   l'art   byzantin.   Elle   est   liée   étroitement   aux 
monuments;   bien   que   la   plus   part   des   fresques   aient   disparu,   on   sait   que   les   murs 

8

background image

intérieurs des églises romanes étaient peints dans un style simple, mais savant, employant 
peu des couleurs; ces scènes traitent des images de l'Apocalypse ou de la Genèse. 

L'architecture gothique apparut au début du  XII

ème

s. et s'impose d’abord dans la 

moitié Nord de la France; elle exprime par tous ses éléments une spiritualité nouvelle. Si 
le  XII

ème

s fut l'époque des recherches en Normandie et l'Île de France, à partir de la 

seconde moitié du siècle, on a les premiers 

 

 chefs d’œuvre

 

 : La Basilique de Saint-Denis, 

cathédrales de Sacre Cœur de Noyon. 

Le XIII

ème

s fut un siècle des réalisations les plus parfaites; la réussite réside dans 

l'union de l'harmonie et du défit: harmonie du plan, défit de la verticalité, avec des voûtes 
montant dans la cathédrale de Beauvais jusqu'à 48 mètres, avec des piliers flanqués des 
colonnettes, s'élevant du sol à la voûte; défi de la légèreté avec les grandes fenêtres à 
vitraux   et   les   murs   réduits   à   une   ossature   de   pierre.   Parmi   les   monuments   les   plus 
admirables du XIII

ème

s. s'imposent les 

   4   grandes 

 

 cathédrales

 

 :   la cathédrale de Chartres, 

de   Riens,   d’Amiens,   de   Beauvais

.

  A  Paris,   l'exemple   le   plus   éloquent   est   la   Saint-

Chapelle du Palais de Paris. 

À cette architecture moderne, corresponde une sculpture nouvelle qui abandonne 

l'intérieur évidé des monuments pour s'ordonner sur les façades Vest, Nord, Sud. Le style 
de   la   sculpture   est   calme,   réaliste   et   humain.   La   figure   humaine   individualisée   est 
respectée   dans   ses   caractères   physiques   et   psychologiques.   Mais   ce   réalisme   s'allie 
parfaitement   au   souffle   poétique   et   religieux.   Le   monde   spirituel,   moral   et   matériel 
s'ordonne autour de la figure centrale du Christ accompagné par la Vierge, les apôtres, les 
prophètes ainsi que par des figures symboliques: Vices et Vertus, Vierges folles et Vierges 
sages, calendriers, travaux des mois, arts libéraux. 

La peinture disparaît peu à peu des églises gothiques; elle est remplacée par des 

vitraux qui complètent l'enseignement iconographique de la sculpture, en apportant à la 
spiritualité du monument religieux, la puissance de la couleur et de la lumière associée et 
contribuant   au  mouvement   d'élévation  de l'âme,  ce  qui  caractérise  l'art  gothique.  La 
musique:
 l'apogée du Moyen Age transforme essentiellement l'art musical, en découvrant 
la polyphonie. À partir de la seconde moitié du XII

ème

s. et jusqu'à la fin du XIII

ème

s, on 

développa  l'orque, 3/4 lignes mélodiques sont  possibles dans  une musique austère et 
émotionnante.

Vie  quotidienne  et  sensibilité 

Bien que des progrès techniques fussent possibles, l'essentiel des travaux repose dans les travaux 

manuels et pour le peuple, la vie quotidienne reste dure, pénible. Les matières sont essentiellement: le bois, 
la pierre et trop peu le fer. Techniquement et socialement, la France médiévale mène une vie menacée par la 
famine, les épidémies et les maladies nerveuses. La mortalité, surtout infantile, reste terrible. À l'insécurité 
matérielle, répond l'inquiétude morale à laquelle seule la religion apporte l'apaisement le calme. 

Une première forme de sensibilité apparaît dans le besoin de tout ce qui peut rassurer dans l'esprit 

communautaire. L'homme médiéval appartient fondamentalement à un group, gouverné par un ensemble de 
soumission et de solidarité: groupe familial, seigneurie (corporations, confréries).

Ce qui rassure également, c'est l'autorité du passé qui, venant de la théologie, pèse sur toute la vie 

morale.  Le  miracle, joue  un rôle  important,  car  tout  ce  qui  touche  à une  opération  magique,  met  en 
communication avec le monde du surnaturel. Ce qui vient cependant défendre l'homme contre l'angoisse, 
c'est la joie et l'inspiration à la beauté, le goût de la couleur et surtout l'amour de la lumière, l'harmonie et la 
sécurité souriante des statues gothiques, l'exaltation de la vertu et de l'amour dans la littérature épique et 
courtoise, en sont les témoins évidents. 

Les livres, assez rares et coûteux, donnent à l'homme une nouvelle confiance dans la connaissance 

rationnelle de la nature et de lui-même. On peut conclure que de la I

ere

 Croisade, aux premiers malheurs de 

9

background image

la Guerre de Cent Ans, s'est constitué progressivement dans la sensibilité française, un équilibre entre une 
insécurité fondamentale et des progrès matériels certains dus à la raison.

3. LE DÉCLIN  DU MOYEN ÂGE

(XIV

ème

 - XV

ème

 siècle)

Les Evénements: les successeurs de Philippe le Bel ne laissaient pas d'héritiers 

mâles, ce fut Philippe VI de Valois, qui monta au trône en 1228. 

12 ans

 plus tard, le vieux 

conflit entre la France et l'Angleterre dégénéra en la terrible Guerre de 1oo ans (1340-
1453): 

La  

 

 I  

ère

     phase

 

   de   la   Guerre

 

   (1340-1360)   fut   catastrophique;   l'armée   anglaise 

détruisit la flotte française et battit la chevalerie française à Crécy et elle prit Calais. Une 
2

nde

 expédition anglaise, écrasa à Poitiers, le roi Jean II le Bon; il y eut une grande crise 

de la monarchie. La bourgeoisie, menée par le prévôt (maire) des marchands de Paris 
-Etienne   Marcel,   voulut   transformer   la   France   en   une   fédération   des   communes   et 
imposer sa force en soulevant la population de Paris. La Jacquerie répondit à l'émeute 
parisienne, mais le régent, échappé de Paris, fut soutenu par les Etats généraux, Etienne 
Marcel fut  assassiné et  la  noblesse humiliée réprima  la  Jacquerie. En échange  de la 
renonciation d'Edouard III à la couronne de France, la France du céder les régents de 
Gascogne (Poitou et Calais). La 

   II

   

ème

    phase

 

  dirigée avec prudence par Charles V, amena 

la retraite totale des Anglais des territoires

 

français. 

Une nouvelle crise, marqua le règne de Charles VI (1380-1422). Sa minorité et 

puis sa folie, laissèrent le pouvoir à ses oncles; l'un de ses oncles,  Philippe, duc de 
Bourgogne,  constitua   en  France  un  état  puissant  et  riche.  Son  fils,  Jean  sans  Peur
s'opposa   au   duc   d'Orléans,   s'allia   aux   forces   populaires   pour   régner   sur   le   Paris   et 
s'entendit avec l'Angleterre. La Guerre anglaise, qui reprit en 1414, prit le caractère de la 
Guerre Civile, et fit possible la victoire de Henry V à Azincourt. Par le traité de Troyes 
(1420), le  dauphin  Charles   était  privé   de  son   droit   de  succession   et  les  2  royaumes 
devaient être réunis sous la couronne de fils d'Henry  et de Catherine de France, fille de 
Charles VI. Après la mort de Charles VI, la France se divisa entre les partisans du petit 
Henry VI couronné roi de France et d'Angleterre. Le roi Charles VII, s'était réfugié au 
sud de la Loire. 

Jeanne d'Arc

 Le salut pour la France vient non pas de la noblesse, mais du peuple, par la figure 

de Jeanne d'Arc, fille de paysan; elle est acceptée mystérieusement par Charles VII; elle, 
délivra Orléans, ville assiégée par les Anglais, fit sacrer son roi en 1429 à Reims. Mais 
abandonnée, elle échoua à Paris et fut prise en 1431 à Compiègne. Son procès à Rouen, 
mené par un tribunal religieux, au service des occupants anglais qui voulaient détruire 

10

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son prestige et sa mort sur le bûcher comme sorcière, ne firent qu'agrandir l'opinion 
populaire et nationale au profit de Charles VII. Celui-ci, fit la paix avec Philippe le Bon 
par   le   traité   d'Arras   (1435).   Essayant   de   réunir   le   royaume,   Charles   VII   repoussa 
définitivement les Anglais qui ne gardèrent que Calais.(1453)

La France sortait politiquement transformée de cette guerre; territorialement, elle 

avait   récupéré   tous   ses   côtés   occidentaux.  Charles   VII  modernisa  profondément   le 
royaume: 
- il lui donna une administration financière; - il créa des Parlements à Poitiers, à Toulouse 
et à Bordeaux; 
-   il   créa   une   armée   permanente   dotée   d'artillerie.   Sur   les   ruines   de   la   féodalité 
déconsidérée   par   ses   défaites   militaires,  la   centralisation   monarchique  se   constituait. 
Louis XI accentua encore l'absolutisme royal et s'empara du duché de  Bourgogne après 
la victoire sur Charles le Téméraire.

Économie et société

À cause de la Guerre de Cent ans, il y eut une stagnation économique; La Peste 

Noire,   les   ravages   des   armées   d'invasion,   aboutirent   à   une   sensible   régression 
démographique   qui   marqua   une  dépression   économique  et   une  dépréciation   de   la 
monnaie. Ceci entraîna une  modification  profonde  du système féodal. Les propriétaires 
virent diminuer leurs revenus par la raréfaction de la main-d’œuvre et leur relâchement 
des liens de dépendance des paysans envers leurs seigneurs.

La   ruine   de   beaucoup   de   seigneurs   profita   aux   paysans   riches   et   surtout   aux   bourgeois   qui 

devinrent  propriétaires  de terre.  L'industrie  en fut  moins affectée.  On vit se  développer les  industries 
textiles
 de Champagne et de Normandie ou l'industrie des colorants dans le Midi. 

Cependant, sous Charles VII et sous Louis XI, la monnaie fut stabilisée. Les marchés et les foires 

acquièrent un éclat particulier et la production nationale fut favorisée dans les mines, dans le tissage de la 
soie.
 L'exportation entraîna le développement des ports de Bordeaux et de Marseille. À la mort du roi Louis 
XI, l'économie médiévale commence à céder la place au capitalisme naissant

La société fut marquée par des troubles très graves

- dans les campagnes, les troubles sociaux prirent la forme d'explosions violentes, telles: la Jacquerie, vite 
réprimée par la noblesse.

-  dans   les  villes,  la   lutte  fut   plus   organisée   et   prit   un  aspect   politique:   •  la   grande 
bourgeoisie
  d'Étienne et Marcel contre les conseillers du roi au XIV

ème

s.;  •  la petite 

bourgeoisie et le peuple des métiers contre l'aristocratie; • la haute bourgeoisie soutenait 
les  Armagnacs   au   XV

ème

  s.   La   société   garde   donc,   ces   cadres   traditionnels,   elle   est 

toujours divisée en "ordres": clergé, noblesse et tiers état.

La vie religieuse

Il faut dire que la religion prend au XIV

ème

 et au XV

ème

s un caractère plus exalté, 

plus démonstratif et aussi plus tragique: 
- elle se traduit par une multitude de pratiques extérieures et de manifestations religieuses 
spéciales. 
- la liturgie s'allonge et se complique et les ordres monastiques se multiplient. 

Mais vers la fin de cette période, la religion finit par se banaliser, d'abord par le 

mélange du sacré et du profane et par la dégradation des mœurs du clergé. L'incrédulité 
se montre pour la I

ère

 fois, à visage découvert. On vénère surtout La Vierge et les saints; la 

désarroi de la religion fut alimenté aussi par une  crise de la hiérarchie  au centre du 
clergé.

11

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La vie intellectuelle

Les XIV

ème

  et le XV

ème  

s sont marqués par un  progrès  surtout quantitatif  des 

études: Le nombre des universités et le nombre d'étudiants augmentent dans les villes 
Aix-en-Provence,   Nantes,   Poitiers,   Bordeaux,   Besançon.   La   Sorbonne   et   les   autres 
"collèges" comptent 5.000 étudiants. 

Le prestige universitaire perd, cependant, peu à peu, parce que la pensée vivante 

excède le monde universitaire. Au XV

ème

  s.  le thomisme  (Thomas d'Acquint) décline, 

cédant   la   place   à   la   philosophie   de   l'Anglais   -Guillaume   d'Occam.   Les  occamistes 
ouvrirent   des   voies   différentes   à   l'expérience   mystique   et   au   travail   scientifique.   La 
première cherche la présence divine par l'ascèse et la seconde, permit des progrès surtout 
dans les sciences physiques et naturelles.
- On écrit en Français des traités de Droit, de Médecine et d'Agriculture. 
- Dans l'historiographie, il faut citer Joinville avec sa belle "Histoire de Saint Louis" et 
Froissant avec ses "Chroniques". 
-  En littérature, la vieille tradition épique se perpétue en réanimant des  Chansons de 
gestes
 et des romans courtois. La littérature bourgeoise avec sa veine satirique, s'exprime 
dans des contes tels: "Le Petit Jehan de Saintré", d'Antoine de la Sale  et par "Quinze 
Joies de Mariage".

Le   théâtre  est   monopolisé   par  les   mystères  qui   sont   d'énormes   spectacles 

organisés par des confréries, durant plusieurs jours et frappant par le nr des personnages 
et la variété des tableaux. Certaines confréries représentent des moralités satiriques et des 
farces telles: Farces du Cuvier et de Maître Pathelin.

Le XIV

ème

 s. est une époque de haute poésie. On cultive surtout le poème à forme fixe (rondeau, 

ballade), très musical et très rythmé. Représentants: Eustache Deschamps, qui relie l'inspiration courtoise 
au lyrisme bourgeois; tout comme un autre grand poète Guillaume de Machaut; il cultive comme thème 
d'amour, les malheurs du temps et de la mort en des rondeaux et des ballades.

Au XV

ème

 s., Christine de Pisan, chante l'amour et la solitude et défend la cause 

des   femmes.   Le   plus   gracieux   des   poètes   courtois   est  Charles   d'Orléans,   exilé   en 
Angleterre, qui chante l'exil mélancolique, l'amour tendre et raffiné. Le plus grand poète 
de cette période est François Villon, qui domine la poésie du Moyen Âge par son génie 
verbal et par la sincérité pathétique. Il chante le bien et le mal, le destin, l'amour et la 
mort; on le considère comme étant le Ier poète moderne.

La vie artistique

Après le Classicisme du XIII

ème

 s., l'architecture gothique évolue vers la virtuosité 

et la richesse du décor. - Le XIV

ème

 s. voit s'affirmer le gothique rayonnant assez abstrait, 

avec ses grandes verticales et sa géométrie fortement centrée (la cathédrale de Strasbourg, 
de Metz). 
                     - Le  XV

ème

  s. est celui du  gothique flamboyant  où se multiplient les lignes 

décoratives en courbes et contre-courbes, en forme de flammes, les nervures des voûtes, 
l'ornementation sculptée.

L'architecture civile abandonne peu à peu les préoccupation de défense au profit 

de   celles   du   confort.   Les   grosses   tours   des   châteaux   substitueront   jusqu'en   pleine 
Renaissance, ayant plutôt un rôle décoratif. La sculpture se détache de l'architecture et 
conquiert   son   autonomie.   Elle   reste   en   grande   partie,   d'inspiration   religieuse.   Les 
sculpteurs   cessent   d'être   anonymes.   C'est  en   Bourgogne  que   se   développa   le   plus 
prestigieux centre de sculpture. 

12

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La peinture, franchit-elle aussi, une étape capitale de son histoire; au XIV

ème

 s., 

la peinture murale, écartée des églises par le vitrail, se réfugia dans les châteaux (le Palais 
des papes d'Avignon). Mais c'est surtout à cette époque qu'apparaît le tableau de chevalet. 
C'est à Paris, sous l'influence des maîtres italiens que naît en France ce nouvel objet de 
luxe image de piété ou autel portatif peint sur bois et sur fond d'or. On trouve dans cette 
école parisienne un esprit mondain de luxe et de grâce féminine, de vérité psychologique 
aussi. 

Le XV

ème

 s. est un des grands moments de l'art français.  La peinture murale achève son histoire 

avec un thème caractéristique de l'époque:  les Danses Macabres,  dont la plus pathétique est celle de la 
Chaise-Dieu. Sous la double influence italienne et flamande, le tableau de chevalet prend un remarquable 
essor. La tapisserie devint la décoration principale des églises et des châteaux. Elle naquit à Aubusson et 
des ateliers de tapisserie se développèrent à Paris, à Aras et à Tours. 
En musique, au XIV

ème

 et au XV

ème

s, on atteint les plus hauts sommets de polyphonie vocale.

Vie quotidienne et sensibilité

La 2

nde

 moitié du XV

ème

 s. a été riche en réalisations techniques, aussi bien dans le 

domaine de l'invention que dans celui de l'application quotidienne. On connut des progrès 
dans  le domaine de la  mobilité humaine: - percement de routes alpines, - premières 
voitures; - on a découvert la boussole. 
Dans l'industrie: - les premiers rouets à pédales; - les premières horloges et montres; 

             - les premiers hauts fourneaux pour la fonte; - on développa aussi les 

armes de feu.
La plus  grande nouveauté de l'époque  reste  l'imprimerie  qui se répandit  en France, 
surtout à Paris et à Lyon.  Les villes augmentent  et Paris devient  la II

 

 

ème

     ville d'Europe

 

  

après Constantinople. 

La différence entre les riches et les pauvres se marque surtout dans les vêtements 

qui distinguent les gens de qualité. Le déclin du Moyen Âge est marqué par une émotivité 
intense, portée aux extrêmes de l'aspiration à la joie et à la beauté la plus raffinée, comme 
à ceux de la cruauté et du désespoir le plus morbide. Le XV

ème

  s. est dominé par la 

terrible obsession  de la  mort  et   de la  vanité de  toute beauté  comme  de toute   gloire 
humaine.

13

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III. LE XVI

ème

 SIÈCLE 

LA  RENAISSANCE

Évocation des événements:

Le passage du Moyen Âge, à la période dite des Temps Modernes, a été lent. Les 

événements que les historiens ont choisi pour marquer l'aube de la Renaissance, ont été: 

- la prise de Constantinople par les Turcs (1453); 
- le voyage de Christophe Colomb en Amérique (1492). 

On a vu que la fin du règne de Charles VII et celui de Louis XI ont déjà des caractères 
politiques modernes et inversement, une grande partie du XVIème s. resta par certains de 
ses aspects, profondément médiévale. 

L'ABSOLUTISME  ROYAL

Les règnes de Charles VIII (

1483-1498

), Louis XII (

1498-1515

), de François I

er

 (

1515-

1547

) et de  Henri II  (

1547-1559

), sont marquées par un progrès constant de l'absolutisme 

royal. Le Roi détient, sans partage, tous les pouvoirs qu'il fait exercer par ses officiers: 
- son Conseil étroit (composé d'intimes); - son Conseil ordinaire et son Chancelier pour 
l'administration; 
- son Grand Conseil pour la Justice suprême; - ses Chambres des Comptes; 
- ses trésoriers; - ses généraux de Finances; 
- ses Parlements; - ses gouverneurs militaires.

Le mariage de Charles VIII, puis de son cousin et successeur Louis XII, avec la 

duchesse  Anne   de   Bretagne  amènent   le   rattachement   de   cette   province,   longtemps 
indépendante au royaume. 

En   1523,  François   Ier  annexe  les  domaines  du   duc   de  Bourbon.  Cependant, 

certains freins limitent cet absolutisme et la vie provinciale garde en réalité une certaine 
autonomie.

Charles VII qui rêvait de croisade et de gloire, descendit en Italie entre 1494-

1495, pour s'assurer la couronne de Naples. Mais son expédition se heurta aux calculs du 
pape et Charles VII dut se retourner en France. Son cousin, Louis XII, tenta de nouveau 
l'aventure,   cette   fois   pour   Milan;   mais   lui   aussi   se   heurta   du   pape   Jules   II   et   aux 
Espagnoles, qui devinrent maîtres de Naples.

Après sa mort (

1515

), son cousin Claude François I

er

, passa à son tour, les Alpes et 

la victoire du Marignan sur les Suisses (

1515

), se traduisit par la Paix Perpétuelle avec les 

Suisse  et  le concordat  de 1516  avec  le  pape Léon X. C'est alors que l'impérialisme 
français   rencontra   l'impérialisme   des   Habsbourgs,   en   la   personne   de  Charles   Quint

14

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devenu héritier des possessions d'Autriche, des Pays-Bas, de l'Espagne et de nouvelles 
colonies américaines. 

À l'élection impériale de 1519, Charles Quint l'emporta sur François I

er

. Vaincu et 

fait prisonnier à Pavie (

1525

), François I

er

 dut perdre la Bourgogne par le traité de Madrid, 

mais il ne respecta pas le traité et il s'allia avec les princes protestants allemands et au 
sultan turc Soliman, contre Charles Quint. Son fils continua cette lutte et reprit 3 échêvés 
lorrains (Metz, Toulet et Verdun).

Les guerres de religion

La II

ème

  partie du siècle est marquée par le fait que la France se replit sur ses 

frontières moins menacées, et par une grave crise religieuse et politique: les guerres de 
religion.   Celles-ci   sont   nées   des   incertitudes   de   la   politique   royale   vis-à-vis   de   la 
Réforme. D'abord tolérant, François I

er

  se tourna contre la Réforme en 1535. Mais la 

guerre l'empêcha d'arrêter le progrès du parti protestant qui eut à sa tête de grandes 
familles nobles. 

Une lutte d'influence entre ces familles et la noblesse catholique, se développa 

sous François II qui ne régna qu'un an, puis sous la régence de sa veuve Catherine de 
Médicis
. La politique d'équilibre que fit celle-ci ne pût empêcher l'éclat de la guerre 
civile. 

Sous Henri III, la guerre civile reprit sans que le roi, prit entre les protestants et 

les ultra-catholiques, pût imposer son autorité. Après l'assassinat d'Henri III par un moine, 
la couronne revint à  Henri de Navarre  qui se convertit an catholicisme; à l'aide des 
officières et de la bourgeoisie, Henri IV mit un terme au conflit religieux par 

l'Édit de 

Nantes

  (

1598

) qui restaura l'autorité royale et emmena le régressement économique du 

pays, ruiné pas 65 ans de guerre étrangère et 38 ans guerre civiles.

Economie et société

     — L'avènement du capitalisme

Le   phénomène  le   plus   important   c'est  l'avènement   du   capitalisme.  L'essor   du 

capitalisme caractérise pleinement le XVI

ème

 siècle: 

C'est l'extension du grand commerce le développement des dépenses de luxe à la 
cour, dans la noblesse et dans la haute bourgeoisie urbaine. 

On fait du commerce européen, mais aussi du commerce asiatique pour les parfums, 
le coton, la soi, les pierres précieuses. 

La route maritime de l'Inde et la découverture de l'Amérique firent que les marchands 
français arrivent à Lisbonne et à Séville pour vendre leurs produits et acheter ceux 
d'Asie et d'Amérique. 

La ville de Lyon faisait la liaison avec l'Italie et devint la place financière la plus 
active de l'Europe. 

L'afflux de l'or et de l'argent d'Amérique entraîna une hausse constante des prix.

Au capitalisme financier et commercial s'ajoute le capitalisme industriel: Dans les 

villes,   les   règlements   des   corporations   limitaient   la   production.   Les   entrepreneurs 
capitalistes fournirent les matières premières et l'outillage à des travailleurs salariés des 
petites villes et de la campagne et vendirent ici, les produits fabriqués. Cependant, les 
anciennes corporations se défendirent dans les villes et renforcèrent leur réglementation 
pour se protéger de la concurrence.

15

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La   hausse   des   prix,   fit  changer   la   vie   rurale  aussi.   De   nombreux   bourgeois 

achetèrent des seigneuries en les louant à des fermiers; ils en firent des exploitations 
capitalistes,   en   commercialisaient   la   production,   étudiant   les   marchés   et   vendant   au 
meilleur prix. 

Une nouvelle  vague démographique  se produisit également. Mais dans la II

ème 

moitié du VI

ème

 s., la situation s'empira: ▪ crise financière de 

1557-1559,

 due aux dépenses 

excessives   de   l'État   au   cours   de   la   lutte   contre   Philippe   II;   ▪  crise   économique  et 
financière,   due   aux   guerres   de   religion   et   à   leurs  conséquences:  -   augmentation   des 
impôts, - entraves apportées au commerce et destructions.

De cet ensemble de facteurs économiques nouveaux,  la société française sortit 

modifiée, dans le sens d'une plus grande diversité: 
- une partie de la noblesse devint pauvre; 
- la bourgeoisie d'affaires s'enrichit et accéda à la noblesse; 
- les maîtres des corporations se séparèrent de la bourgeoisie d'affaires; 
- les ouvriers salariés étaient maintenus au bas de l'échelle de la société urbaine par la 
politique de bas salaires.

La vie religieuse

La Réforme

La malaise de la conscience religieuse déjà sensible au XV

ème

 s., toucha la France 

avant même la réforme de Luther. Les maux de l'église étaient: - les abus de la fiscalité, - 
l'ignorance, - les mauvaises mœurs du bas clergé.

C'est   alors   que  les   oeuvres  

 

 d'Erasme

 

   au   début   du   XVI

ème

s   répondirent   aux 

aspirations vers une religion épurée, faisant confiance en l'homme et à sa liberté, insistant 
sur l'amour du Christ et revenant au message profond des Évangiles. (Éloge de la Folie

1511

).   Cette   forme  d'humanisme   évangéliste  eut   un   grand   succès   en   France.   Pendant 

quelques années, après 1520, le luthéranisme connut une période d'expansion en France, 
mais son pessimisme radical sur la nature humaine, l'opposa vite aux Érasmiens qui se 
retrouvèrent isolés entre les luthériens et les catholiques. 

C'est alors qu'apparut Calvin dont L'Institution Chrétienne (

1541

), apparut aussi en 

Français. Sa Réforme fut plus radicale que celle de Luther, car il rejetait tout ce qui ne 
venait pas des Écritures et qui niait la hiérarchie ecclésiastique. De plus, il élabora une 
doctrine de la grâce divine, soumettant l'homme à la prédestination. À la suite, on vit 
s'organiser   en   France   des   églises   réformées,   surtout   à   l'Ouest   et   au   sud   du   pays   et 
s'adressant surtout à une partie de la noblesse et de la bourgeoisie.

L'Église   catholique  essayait-elle   aussi   de   se   réformer.   Dès   1532,  Ignace   de 

Loyola  fondait   à   Montmartre,  la   Société   de  Jésus  et   bientôt,   les   collèges  des  

Pères 

Jésuites

, commencèrent d'exercer une influence profonde sur la formation des jeunes, des 

familles aisées. À la fin des guerres de religion, 

l'Édit de Nantes 

(

1598

), laissa les choses 

dans   l'indécision.   Le   catholicisme   était   la   religion   d'État,   mais   les   protestants 
bénéficièrent de la liberté du culte et à la fois des garanties judiciaires et militaires. La 
France fut alors le seul pays où 

2 religions coexistaient

 officiellement. Le résultat évident 

des luttes religieuses fut l'augmentation du nombre des indifférents et des athées.

La vie intellectuelle

L'Humanisme

16

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 La Renaissance est essentiellement une poussée de vitalité créatrice, comparable 

à celle manifestée au XII

ème

 s. La différence est que cette fois-ci, les novateurs ont eu la 

conscience   et   la   volonté   d'innover   selon   les   modèles   de   l'antiquité   gréco-latine.   Le 
manifeste de l'humanisme en France est la lettre de Gargantua à son fils Pantagruel, écrite 
par  Rabelais  en 1532, qui oppose son époque "au temps encore ténébreux et sentant 
l'infélicité et calamité des Goths": "Maintenant toutes disciplines sont restituées". Les 
critiques de l'humanisme restent à faire donc le sens de l'illusion concernant le mépris de 
Moyen Age et dont la réduction de quelques ans au modèle antique.

On sait que l'Italie du Quattrocento fut le foyer de l'Humanisme, la résurrection de 

l'Antiquité gréco-latine. En France, l'érudition fut l'activité de Lefèvre d'Etaples qui après 
avoir édité  Aristote  se consacra aux  Écritures  et publia  la première Bible en français 
(

1530

).

Autre   grand   humaniste   a   été  Guillaume   Budé  juriste,   historien   et   helléniste.   Si   l'une   des 

orientations de cet humanisme menait à l'évangélisme, l'autre conduisait à la recherche scientifique et à la 
philosophie naturaliste inspirée de la confiance dans la nature humaine. 

Si la France n'a pas participé au progrès de mathématique, elle enregistra des  progrès dans la 

médecine et dans les sciences naturelles. Ambroise Paré chirurgien, Bernard Palissy dans la géologie. 

Mais l'humanisme signifie la recherche d'un idéal de l'homme; le retour aux sources (auteurs grecs 

et latins) était le mot d'ordre. C'est alors que l'enseignement secondaire prit un essor sans précédent; c'est 
alors qu'on a mis en place des facultés de Droit, Médecine, Théologie, auxquelles François I

er

  ajouta en 

1530 le Collège de France, école où enseignaient de grands humanistes en latin, en grec et en hébreu. Il 
s'agissait de former l'homme véritable dans son autonomie et son universalité. On exalte les valeurs da la 
vie et de la connaissance, la beauté et la gloire.

Dans la pensée il y a 2 grands moments:

1.   Le   moment  

 

 

Rabelais

 

   qui   marque   la   I

ère

  génération   d'humanistes:Marguerite   de 

Navarre (

1492-1549);

 Clément Marot (

1494-1544

); François Rabelais (

1494?-1553

). 

Rabelais  a été une des grandes figures de la  Renaissance française, écrivain, 

érudit,   humaniste   et   médecin   qui   a   contribué   à   lancer   son   époque   vers   l'aventure 
intellectuelle. Sous le forme de la littérature plaisante il a utilisé 2 armes redoutables: la 
parodie
 contre le passé et l'utopie pour l'avenir. 
- il s'appuie à son but sur l'étude des Anciens et surtout sur l'étude de la nature et de la 
vie; 
-   il   attaque   avec   véhémence   l'ascétisme  religieux   qui   mutile   l'homme,   la   justice   qui 
opprime et l'avidité de conquête des princes qui détruit; 
-   il   dresse   en   face   de   tout   ça,   ses   personnages   ses   géants   rieurs   et   sages   et   leurs 
compagnons   de   leurs   corps   comme   de   leur   esprit,   prophètes   de   la   liberté   et   de   la 
connaissance, car les "gens  libres, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies 
honnêtes,   ont   par   nature   un   instinct   et   aiguillon   qui   toujours   les   pousse   à   des   faits 
vertueux et qui les retire de vice."

Mais après la mort de Rabelais, le nationalisme intellectuel réagissant contre les 

excès d'une culture trop vaste, trop antique et trop italienne, s'affiche avec la "Défense et 
illustration de la langue française" de Joachim du BellayPierre de Ronsard restreint ses 
ambitions à la glorification de sa patrie, de son roi et de sa religion, mais il se sauve par 
son idée de la beauté. 
2. Vient alors 

 

 M. Montaigne

 

  homme du bilan de la méditation sur la condition humaine, 

esprit comme Rabelais, toujours ouvert. Dans l'histoire des idées, Montaigne représente 

17

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un moment de la pensée d'une extrême fluidité où le doute est instinct intellectuel et non-
méthode, où la prudence reste voisine avec la hardiesse. 

Formé à l'école des Antiques (Sénèque, Plutarque) dans ses "Essais" il exprime les 

expériences   de   l'homme,   qu'il   a   observe   lui-même,   voyager   et   évoluer   parmi   les 
contradictions de son époque et de ses propres contradictions. Il a reconnu les limites des 
ambitions humaines et tout en les acceptant, il est resté un sceptique. Son scepticisme est 
d'abord la résignation à ces limites et, en deçà d'elles, le ferme exercice du bon sens, du 
jugement qui cherche avec une curiosité inlassable la vérité partout où elle se trouve en 
sachant bien qu'elle est relative.

La  vie  artistique

 

 

  

  

(L'époque  des châteaux)

Le début du VI

ème

s. ne marqua aucune rupture avec le Moyen Âge dans la création 

artistique. Le gothique  flamboyant  va  donner pendant  tout  le siècle de remarquables 
oeuvres. La Renaissance, c'est-à-dire l'imitation du style italien, ne s'introduit en France 
que dans le décor et non dans la structure. 

L'architecture civile se laissa plus vite influencer par la Renaissance italienne et 

on peut observer en France   2   périodes nettes:

 

 

1. La première qui harmonise la tradition médiévale aux motifs italiens ;
2.  Dans   la   II

nde

  moitié   du   siècle,   une   Renaissance   purement   classique,   inspirée   de 

l'Antiquité.

À   la   première   appartiennent  les   Châteaux   de   la   Loire  (Amboise,   Blois, 

Chambord,   Chenonceaux,   Azay-le-Rideau);   ils   ont   gardé   de   la   solide   architecture 
médiévale, les tours puissantes et les toits inclinés. Mais la décoration est italienne, avec 
la   multiplication  des ouvertures, les  galeries  en  arcades   et  surtout  l'importance  toute 
nouvelle des jardins.

François   I

 

 

er

    qui   compléta   Blois   et   construit   Chambord,   installa   aussi   la 

Renaissance près de Paris: aux Châteaux de Fontainebleau et de Saint-Germain-en-Laye. 
Il   commence  le   Louvre  (architecte  Pierre   Lescot,   sculpteur,  Jean   Goujon).   Mais   à 
proprement parler, avec le Louvre et Pierre Lescot, commence la II

ème

 Renaissance, qui ne 

gardant du passé que les toits inclinés, adopte la symétrie des bâtiments et l'équilibre 
strict des lignes horizontales et verticales. Philippe Delorme est l'architecte des Tuileries 
et de l'admirable galerie en forme de pont de château de Chenonceaux. 

La sculpture

 

    française du XVI

eme

s. reste longtemps elle aussi un art de fusion. Sa 

thématique reprend pour l'essentiel celle du siècle précédent: tombeaux et Vierges.  
chefs-d’œuvre
 dominent la sculpture française funéraire: - le tombeau de François II duc 
de Bretagne  et de sa femme, par Michel Colombe; - celui de Louis II et d'Anne  de 
Bretagne; - celui de Louis de Poncher, conseiller de roi et de sa femme, par l'atelier de 
Colombe.

L'italianisme   s'impose   dans   le   II

ème

  tiers   du   siècle.   Des   artistes   italiens   sont 

appelés en France pour qu'on retrouve à travers de l'Italie le classicisme de l'Antiquité 
grecque. Cependant,  la sève gothique  se manifestait en Lorraine avec  Ligier Richier
Cette belle floraison de la sculpture culmine avec Germain Pilon le maître de la "Contre-
Reforme" française, auteur de 6 admirables statues funéraires. Germain Pilon sculpteur 
profondément religieux frappe par sa profondeur psychologique et annonce le baroque.

18

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L'italianisme a influencé surtout  la peinture. Dans la France de François I

er

  et 

Henri II. Les 2 peintres italiens: le Rosso et le Primatice ont fait triompher le maniérisme 
qui fut prolongé par  les peintres français:  Jean Cousin  et  Antoine Caron. A la même 
époque apparaît une école de portraitistes: Jean et François Clouet et Corneille de Lyon 
utilisent le crayon pour donner des personnages de la Cour des Valois, une galerie pleine 
de grâce.

En musique, la Renaissance n'a pas connu de rupture avec le Moyen Âge. La 

polyphonie vocale continue à s'épanouir et on ajoute des thèmes profanes nouveaux. Vers 
la fin du siècle l'art polyphonique commence à s'épuiser pour faire place à la musique de 
salon de style précieux.

Vie quotidienne et sensibilité  

La vie matérielle continue à se modifier par  l'emploi croissant des  

 

 métaux

 

   non 

seulement dans l'outillage industriel, mais dans la vie domestique et guerrière.  L'usage 
généralisé   du  

 

 verre   à   vitre

 

   qui   remplace   le   vitrail   ou   le   simple  papier   translucide. 

L'imprimerie rend le livre moins cher et rend possible une révolution de la culture. Le 
renouveau démographique et économique de la période de stabilité, plongent dans le 
marasme pendant les guerres de religion. Le monde rural reste ignorant, parce qu'en 
réalité la Renaissance est surtout une période des développements des villes: 
- Paris a doublé sa population en un siècle; - les villes de Rouen et de Lyon de même. 
- Ces villes se sont agrandies d'un grand nombre de paysans chassés par la guerre et par la 
misère. 

IV. LE XVII

ème

 SIÈCLE

Le classicisme

Événements

Le grand siècle;  le siècle  classique;  le siècle de Louis XIV.

La pacification religieuse obtenue par Henri IV, grâce à L'Edit de Nantes, fut suivie par un grand 

travail de réparation rendu nécessaire par les immenses destructions de la guerre civile. Henri IV renforça 
l'autorité royale et restaura l'économie. Après son assassinat qui survenu en 1610, commença la séries des 
minorités et régences qui se soldèrent à chaque fois par une crise. Au nom de Louis XIII, qui avait 8 ans, en 
1610, la régence fut exercée par sa mère  Marie du Médicis  qui laissa gouverner sa nourrice. Les États 
généraux imposèrent  Richelieu qui devint secrétaire d'état en 1616. La France était redevenue une proie 
pour les ambitions de la grande famille noble, elle-même déchirée entre catholiques et protestants. 

Richelieu modèle la France 

C'est alors que Richelieu, nommé cardinal, devient en 1624, Premier ministre. Il a 

promis de renforcer l'autorité royale, de lutter contre le parti huguenot qui en base de 

19

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L'Edit de Nantes pouvait s'armer et se fortifier. Les protestants s'allièrent avec les Anglais 
et Richelieu passa à l'action contre eux. Leur place principale, La Rochelle, fut prise 
après un an de siège. Les autres places tombèrent-elles aussi et L'Edit de Grâce d'Alès 
(1629), annula les privilèges politiques et maintint les libertés des protestants. 

La   lutte   contre   le   danger   féodale   fut   longue   et   marquée   par   une   série   de 

conspirations auxquelles Richelieu riposta par: 
-

l'interdiction du duel et des exécutions; 

-

l'armée passa de 10.000 à 150.000 hommes; 

-

la marine de guerre se fortifia; 

-

Richelieu fonda "La Nouvelle France" du Canada; 

-

colonisa une partie des Antilles et la Guyane; 

-

il   institutionnalisa   les   missions   des   officiers   de   justice,   police   et   finances   par 
lesquelles la centralisation administrative se mit en place. 

Richelieu mourut en 1642 et Louis XIII, l'année suivante, laissant un fils de 5 ans. 

Louis XIII appela aux affaires le cardinal Mazarin, qui sera Premier ministre jusqu'à sa 
mort   (1661),   sous   la   régence   de   la   reine   mère  Anne   d'Autriche.  Après   la   mort   de 
Richelieu,   la   turbulence   féodale   prit   sa   revanche   animée   par  Gaston   d'Orléans,   le 
cardinal de Rets et les frères Condé 

Le Parlement de Paris rêvait lui aussi de jouer un rôle. Il y eut une tentative de 

secouer la tutelle de l'État par  la Fronde  (

1648-1653

). La Fronde avec ses  2    phases:

 

   - la 

Fronde parlementaire; - la Fronde des princes. À de nouvelles mesures financières, le 
Parlement de Paris répondit par une tentative d'élaborer une réforme de l'État. Le peuple 
de Paris qui vivait mal, se souleva et il obligea la Cour à quitter Paris. Le Parlement 
inquiet se soumit en 1643, mais les princes menés par le Grand Condé, déclenchèrent une 
rébellion qui s'entendit aux provinces. Les forces royales remportèrent sur les Frondeurs. 
Louis XIV proclamé majeur en 1650 rentra à Paris en 1652, Mazarin en 1653. Après la 
Fronde, la féodalité était morte politiquement et la monarchie absolue fut installée pour 
plus d'un siècle. À la mort de Mazarin (1661), Louis XIV, âge de 22 ans, commença son 
long règne personnel.

Louis XIV - Roi Soleil

Le roi appuya son goût de l'ordre et du pouvoir, sur l'assurance qu'il tenait de Dieu 

même. Au service de cet absolutisme de droit divin, il mit une grande clairvoyance dans 
le   choix   de   ses   collaborateurs.  Il   nomma:   -  Colbert  responsable   de   finances,   de 
l'économie, de la marine et des beaux-arts; 

   - Michel le Tellier secrétaire d'État à la guerre; 
   - Hugues de Lionne, secrétaire d'État aux Affaires Etrangères. 

20

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Outre ces trois chefs des départements, auxquels s’ajoutait le chancelier qui était 

Ministre de la Justice, le roi travaillait avec ses Conseils: - le Conseil des Ministres; 

           - le Conseil des Finances; 
           - le Conseil du Commerce. 

Une   autre   institution   incarna   en   réalité   la   politique   de   Louis   XIV:  

la   Cour 

Royale

, ainsi que le lieu où elle gravitait autour du Roi-Soleil:  Versailles. Centre du 

Gouvernement   et   cadre   de   la   majesté   royale,   le   château   de   Versailles,   fut   aussi   un 
puissant moyen de domestiquer la noblesse car tout honneur, toute charge, toute richesse 
même   s'obtenait   à   la   Cour.   Formée   avec   les   domestiques   de   plusieurs   milliers   de 
personnes,  La   Cour   comprenait:  

-

  la   famille   royale,  

-

  la   haute   noblesse;  

-

  les   petits 

seigneurs. 

Toutes ces personnes vivaient à Versailles selon une  étiquette  très compliquée, 

formant: 
- la maison militaire et civile du roi; 
- les services de chambre, d'écurie, de chasse, de menus plaisirs. 
- Il faut y ajouter les illustrations du règne: Molière, Racine, Boileau; les architectes, les 
sculpteurs, les peintres et le musicien Lully, ordonnateur des ballets royaux. 

Le pouvoir du roi était indiscuté dans tout le royaume. Celui-ci était: chef effectif 

de l'armée. La justice portait-elle aussi la marque de l’absolutisme royal, dont le symbole 
était "la lettre de cachet", permettant sur simple ordre du roi d'emprisonner quiconque 
sans jugement. Le Parlement de Paris n'a gardé que le droit d'enregistrement des  édits 
royaux. 

Les droits étaient d'une grande diversité. La France reste départagée en: - pays de 

droit écrit, au Sud; - de droit coutumier en Nord. La justice gardait un côté formaliste et 
barbare   par   l'emploi   de   la   torture   pendant   l'instruction   et   avant   les   exécutions. 
L'absolutisme   royal   se   marquait   enfin   dans   l'administration   financière.  Les   finances 
constituaient cependant, un point faible du régime. Les dépenses ne connaissent guère de 
limites. Celles de la Cour, des constructions et surtout des guerres.

La politique extérieure

 fut inspirée par 2   tendances

 

  qui entraînèrent des guerres: 

1. Empêcher toute union entre les 2 branches des Habsbourgs et donc assurer à la France vers le Nord et 
l'Est des frontières moins vulnérables;

2. Assurer le développem commercial et maritime de la France, menacé par l'Angleterre 
et par la Hollande.

Cette double volonté, dont le résultat était la prépondérance française en Europe 

et sur les mers, finit par coaliser toutes les puissances contre la France. En 1668, Louis 
XIV
  conquit la Flandre  méridionale. En 1672,  il envahit la Hollande, qui répliqua par 
l'ouverture des digues et qui obligea Condé à reculer. Après la victoire finale des Français 
contre   la   Hollande,   alliée   à   l'Espagne   et   l'Angleterre,   L’Espagne   donna   à   la   France 
quelques villes au Nord. Trois ans plus tard,  Louis XIV  annexa Strasbourg  1681. En 
1689, l'avènement au trône d'Angleterre, de Guillaume d'Orange fit éclater une nouvelle 
guerre de 9 ans mais, les victoires remportées sur la mer et sur la terre, ne firent que 
permettre au royaume de garder ses conquêtes antérieures.

Politique intérieure Pendant le règne de Louis XIV, on favorisa l'apport privé de 

capitaux, on encouragea l'agriculture, mais les guerres firent que la monnaie subisse des 
imputations. La production diminua. 

21

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Une   certaine   partie   de   la   bourgeoisie,   les   officiers   de   finances   et   de   justice 

notamment, devinrent très nombreux et formèrent une nouvelle classe. De l'autre côté, il 
y avait les financiers, les fabricants et les marchands. Tous les 2 accédèrent à la noblesse. 

En   revanche,  la   condition   d'ouvriers  s'aggrava   sensiblement.   Les   patrons 

imposèrent des bas salaires et agrandirent la journée de travail. Les paysans, les petits 
propriétaires et fermiers, ils furent  écrasés par: - les impôts royaux; - les redevances 
féodales; - la dîme ecclésiastique; - la baisse des prix agricoles. 

Le siècle vit s'accroître l'inégalité  entre les classes sociales et fut marqué de façon 

presque   constante   par   des   révoltes   et   des  émeutes   de   la   misère:   -  insurrections   de 
compagnons
 à Lyon, Paris, Rouen, - révoltes paysannes, contre lesquelles il fallut parfois 
employer l'armée.

La vie religieuse

Le  renouveau   catholique:   l'antagonisme   et   la   violence   qui   marquèrent   la   vie 

politique ont alimenté les antagonismes religieux. Les 2 premiers tiers du siècle furent 
caractérisés par une remarquable vitalité de la vie religieuse. Devant la menace de  

la 

Réforme,

  le   catholicisme   s'était   replis   en   s'orientant   vers   une   conquête   des   âmes. 

Matériellement, ce renouveau se traduisit par une quantité considérable de fondations 
pieuses; des créations des couvents; des constructions d'Eglises. 

Spirituellement, la pensée et la sensibilité catholiques manifestèrent une grande 

vigueur grâce à certaines personnalités.  2 styles opposés se manifestent:  l'humanisme 
dévot
  et  le jansénisme. Le I

er

, opposa au pessimisme calviniste, un mysticisme faisant 

confiance à l'homme qui n'a pas d'autre vérité que celle d'aimer Dieu, le monde créé par 
Dieu et l'homme lui-même, image de Dieu. Cette orientation faisait voir une confiance un 
peu complaisante dans l'indulgence divine.

Le Jansénisme

C'est  alors  qu'un   augustinisme   beaucoup  plus  rigoureux   réagit:  le  jansénisme. 

Jansen, l'évêque d'Ypres,  avait   laissé  un traité de  théologie ("L'Augustinus")  qui   fut 
publié après sa mort en 1640. Mais sa doctrine avait été reprise et diffusée par l'abbé de 
Saint-Cyran, directeur spirituel du Couvent de Port-Royal. La grande réputation de cette 
doctrine avait attiré près du couvent de Port-Royal, des philosophes qui se sont nommés 
"les solitaires de Port-Royal". Parmi ceux-ci: Antoine Arnauld, qui publia en 1643, un 
ouvrage intitulé "La fréquente Communion". Le succès de ce livre irrita les jésuites.

Le jansénisme prenait le contre-pied de l'enseignement jésuite sur 2   terrains

 

 : 

celui théologique de la grâce, à laquelle les jésuites n'accordaient qu'une place mesurée, 
alors que les jansénistes la jugeaient suffisante; 
celui de la morale qui, pour les derniers, n'admet aucun compromis avec le monde.

Les jésuites

 contre-attaquèrent et tirèrent de "L'Augustinus" 5 propositions (qui en 

résumaient l'esprit), qu'ils jugeaient hérétiques et qu'ils firent condamner par la Sorbonne 
et ensuite par le pape en 1653. 

Une  I

 

 

ère

     phase

 

   de la guerre fit que Pascal  écrit les "Provinciales", qui furent 

condamnés en 1660. Les religieuses de Port-Royal, furent dispersée et obligées à entrer 
dans les couvents conformistes. 

22

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Une II

 

 

ème

     phase

 

 , fit raser le couvent de Port-Royal et détruire le cimetière où 

reposaient 

Pascal

 et Racine. Tous les écrits jansénistes furent condamnés en 1713, mais 

les jansénistes n’étaient pas vaincus et ils eurent loisir au XVII

ème

 siècle de préparer leur 

revanche sur les Jésuites.

Le Quiètisme

Le succès du jansénisme dans une partie importante du clergé et de la bourgeoisie 

est celui d'un christianisme dur, humiliant l'homme pour le contraindre en la politique 
rigoureuse des vertus qui marqua profondément la sensibilité religieuse française; mais ce 
pessimisme fondamental ne pouvait séduire certains âmes tendres, qui provoquèrent un 
réveil du mysticisme: le quiétisme. Cette doctrine recherchait l'union avec Dieu dans un 
parfait repos et rejetait toute forme de piété s'interposant dans la communication directe 
avec Dieu.

Violences contre les protestantes:

Le protestantisme français minoritaire ne participa que peu aux mouvements de 

pensée   et   aux   controverses   du   protestantisme   européen;   son   histoire   est   celle   d'une 
agression qui dura plus de 20 ans et qui culmina avec la révocation de l'Édit de Nantes  en 
1685;   le   résultat   fut   une   émigration   massive   qui   priva   les   villes   de   marchands   et 
d'artisans.

La vie intellectuelle 

 

 

au XVII è siècle

 

 

  Le XVII

ème

  s, longtemps considéré dans l'unité du roi, de son ordre et de sa 

volonté, se révèle à l'étude, plein de tensions et de contradictions. Cependant, dans ces 
diversités, une tendance fondamentale demeure: 

un humanisme

 qui consacra à l'analyse, 

l'individu pensant sentant et agissant.

L'Enseignement 

On élargit tout: 

- d'abord, l'emploi du Français en philosophie, sciences, théologie. Le Français devient 
plus soigné et plus claire. Descartes qui donna avec son "Discours de la Méthode" (

1637

), 

le Ier ouvrage philosophique en Français et surtout B. Pascal; ils sont les artisans de cet 
élargissement du Français. On voit donc pour des raisons culturelles et politiques, le 
Français devenir non seulement  la langue de la diplomatie, mais en partie  la langue 
internationale de la pensée
.
-  l'élargissement   de   la   culture  aux   non-spécialistes,   nobles   ou   bourgeois,   l'idéal   de 
l'honnête homme noble devient un trait caractéristique du siècle. L'éducation des princes 
et des enfants, de la bonne société, des filles aussi, préoccupe les esprits. L'Antiquité, 
reste le modèle de cette culture surtout latine. Les rapports avec d'autres pays européens 
sont cultivés et l'exotisme amuse la société cultivée.

Le classicisme français

 

23

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Manifesté isolément, dans une Europe baroque, tourmentée, est essentiellement 

un effort de raison et de volonté d'une élite qui entend se faire une représentation de 
l'homme   et   du   monde,   majestueuse   et   définitive,   à   laquelle   correspond   une   morale 
universelle, indifférente à l'histoire. L'action personnelle de Richelieu et de Louis XIV 
contribua notablement à la mise en lumière du classicisme. L'ordre et la hiérarchie des 
idées convenaient à l'absolutisme. On les aidera par un contrôle rigoureux de l'expression 
écrite: limitation du nombre des imprimeurs et censure, destruction des livres menaçants, 
amendes et prison pour leurs auteurs, surveillance des spectacles.

La   presse

 

    fit   son   apparition   en   1631,   avec  "La   Gazette   de   France",     de 

Théophraste Renaudot  et non seulement contrôlée, mais inspirée par le gouvernement 
royal. Le roi fit entrer lui-même dans le système des écrivains et des penseurs. En 1634 
fut crée  l'Académie française  qui devait servir la gloire du roi et donner à la langue 
française une prééminence qui devait servir la politique royale. Colbert créa l'Académie 
de   Peinture   et   de   Sculpture   (

1664

),   l'Académie   de  Architecture   (

1671

),   l'Académie   de 

Musique (

1672

) et l'Académie (

1676

)

René Descartes:  le fondement philosophique du classicisme est  le rationalisme 

cartésien. Humaniste  et  optimisme,  moraliste  et  pédagogue,   R  Descartes  universalise 
l'esprit humain par l'observation que le bon sens est possible pour tous et il universalise 
les connaissances par une méthode qui s'applique à toutes les sciences; ainsi s'affirment 
orgueilleusement, une liberté de l'homme, maître de sa raison qui lui permet d'accéder à 
la certitude. Le point de départ de sa démarche est le doute méthodique qui implique la 
primauté de l'esprit et de l'évidence. Les 4 principes de sa Méthode, restent à la base de 
toute activité intellectuelle: ”

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la 

connusse évidentement être telle...  

Le second  de diviser chacune des difficultés que j'examinais en autant de 

parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requit pour les mieux résoudre... 

Le troisième de conduire par ordre mes 

pensées en commerçant par les objets les plus simples et plus aisés à connaître jusqu'à la connaissance des plus 
composes... Et 

le dernier de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse 

assuré   de   ne   rien   omettre

." En 1649, Descartes publique un  "Traité des Passions",  qui le 

consacre une fois de plus comme un maître de la pensée.

Le courant libertin, mais un autre courant d'idées, contemporain de Descartes, 

tout   en   se   fondant   aussi   sur   la   raison,   repousse   le   dogmatisme   pour   s'en   tenir   au 
scepticisme critique de Montaigne: c'est celui de Gassendi et des libertins tels: plus tard, 
Chapelle et Saint-ÉvremondThéophile de ViauLa Mothe-Le Vayer. Ils manifestèrent 
une grande curiosité intellectuelle, esprit d'érudition et une liberté de pensée opposée à 
tout absolu scolastique ou cartésien et ne reconnaissant que l'effet, les faits d'observation.

La morale: plus que philosophique, le XVII

eme  

s. a été moraliste, surtout à partir 

de   1660,   quand   parurent   "Les   Pensées"   de  Pascal,   qui   éveille   le   siècle   à  l'angoisse 
existentielle, humilie l'homme dans sa raison, et considère que la foi religieuse est le seul 
salut. Au service de cette démonstration de la "

misère de l'homme sans Dieu

" et de la "

Grandeur de 

l'homme avec Dieu

", il met un instrument extrêmement efficace, jouant à la fois sur la logique 

la plus rigoureuse,  l'esprit de géométrie, et  sur la sensibilité  la plus libre:  l'esprit de 
finesse.

La vie artistique 

Artistiquement, le siècle reste disputé entre le grand courant  baroque européen, 

issu de la Contre-Réforme et le classicisme de la cour de Louis XIV.

24

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L'architecture classique: Seule, l'architecture a résisté au jaillissement baroque, 

pour se consacrer dans la sévérité classique. Dans l'art religieux, elle adopte 

la formule de la 

Contre   Réforme

:   nef  unique,   façade  à   2  ou   3   étages,   à   colonnes  et   frontons.   Classique 

également, mais avec moins de froideur et plus de majesté, 

la formule des églises à coupoles

 qui 

embellirent Paris. 

Les réussites les plus parfaites de l'architecture classique se trouvent dans  les 

palais,  les châteaux  et  les hôtels. La construction du  Palais du Louvre, fut poursuivie 
sous Louis XIII et XIV. L'architecte Lemercier, acheva le Pavillon de l'Horloge et l'aile 
Ouest; puis  Le Vau compléta la Cour Carrée du Louvre. Les équipes de l'architecte Le 
Vau,   du   peintre   et   décorateur  Le   Brun  et   du   dessinateur   des   jardins   de  Le   Nôtre, 
travaillèrent à Versailles, mélangeant la somptuosité baroque à la rigueur et à la logique 
classique. 

La sculpture a laissé la place à différentes tentatives baroques; sous Louis XIII le 

sculpteur  Jacques Sarazin, formé à Rome, introduit le baroquisme en France avec sa 
décoration pleine de mouvement et de vie. Le plus grand sculpteur baroque est  Pierre 
Puget
, auteur des Atlantes de l'hôtel de ville de Toulon.

La peinture  connut au XVII

ème

s., une grande période, à l'issue de laquelle la 

France devint, après l'Italie, le grand centre d'activité de l'Europe. Le siècle se divise en 
périodes distinctes, dont le point de rencontre est le peintre  Nicolas Poussin. La I

ère

jusqu'au règne personnel de Louis XIV, est marquée par une grande diversité. L'influence 
italienne s'exerça dans le sens baroque, c'est-à-dire dans le sens de la virtuosité, d'une 
composition mouvementée, exprimant la violence des sentiments et aussi des effets de 
lumière et d'ombre contrastées. Les grands peintres:
-   Valentin,   Claude   Vignon,   Simon   Vouet,   Georges   de   La   Tour,   qui   cultivent   un 
mysticisme personnel; 
- Le jansénisme, inspira Philippe de Champaigne, dont l'austérité s'allie à la pénétration 
psychologique; 
Claude Gelée, dit le Lorrain, fut le I

er

 peintre français qui se consacra exclusivement au 

paysage et aux effets de la lumière; - Nicolas Poussin, élabora la plus haute expression 
du classicisme pictural ou les sensations les plus vives sont méditées et ordonnées par la 
raison la pus maîtrisée. 

Après 1660, le classicisme tourna vers l'académisme, sous l'influence de Colbert 

et de la nouvelle Académie et sous  la direction du peintre  Le Brun. Celui-ci, grand 
décorateur, I

er

  peintre du roi et directeur de la manufacture royale, exerça une sorte de 

dictature artistique  pendant 30 ans, dont le goût de la clarté et lumière fit merveilles à 
Versailles.

La musique  La polyphonie vocale, religieuse et profane, fit place à une nouvelle 

musique de cour. Cette musique aristocratique et amoureuse prit 2   formes

 

 : 

l'air de cour

 et 

le 

ballet de cour

, chanté et dansé. S'ils n'avaient pas donné de grands noms à l'histoire de la 

musique française, ils préparèrent l'avènement de l'opéra et de la comédie-ballet, qui fut 
le propre de l'époque de Louis XIV. Jean-Baptiste Lully est le plus grand nom, qui créa 
avec Molière, le genre de 

la comédie-ballet

.

Vie quotidienne et sensibilité 

L'historien des mœurs ne peut manquer d'être frappé par  l'extrême stabilité du 

XVII

 

 

eme

   s  : 

25

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- La vie matérielle ne change pas. 
- La population française, la plus nombreuse de l'Europe, est restée stable: environ 18 
millions d'habitants. 
- La natalité est forte mais la mortalité infantile et juvénile est grande. 
- Les épidémies restent meurtrières. Quoique la lèpre disparaisse et la peste recule. À 
cela, il faut ajouter la mortalité par les famines, résultant de mauvaises récoltes, de la 
hausse du prix du pain et du chômage. 
- La vie â la campagne reste la même. 
- La ville a un aspect campagnard

En 1662, à Paris, ou voit apparaître les premiers transports publics. Au niveau de 

la   noblesse   et   même   chez   les   bourgeois   il   y   a  la   profusion   d'étoffe,   de   rubans,   de 
dentelles; la perruque devient monumentale. L'extrême raffinement se joint, cependant, à 

une négligence totale pour la propreté et l'hygiène

.

Quant à la sensibilité, on découvre sous l'apparence d'une victoire de la contrainte, 

un terrible tension intérieure. L'époque reste brutale et suscite des réactions, où l'individu 
se   manifeste   avec   violences   soit   dans   sa   "générosité",   soit   dans   son   angoisse.   Il   se 
manifeste, d'une part, un libertinage d'esprit et des mœurs et de l'autre, la sombre rigueur 
religieuse et morale.

V. LE VIII

ème

 SIÈCLE 

(1715-1789)

Les Événements

La Régence

Le roi Louis XV, à la mort de Louis XIV, n'avait que 5 ans. La régence fut exercée 

par  Philippe   d'Orléans,   libertin   intelligent,   dont   le   règne   emporta   des   contraintes 
politiques   et   morales.   Philippe   d'Orléans   créa   une  Banque   Générale  par   actions,   qui 
diminua considérablement la dette publique. En 1723, à la mort du Philippe d'Orléans, le 
nouveau Premier Ministre, le  duc de Bourbon, maria Louis XV à Marie, la fille de 
l'ancien roi de Pologne -Stanislas Leszczynski.

Le ministère Fleury  

Le cardinal Fleury, précepteur de Louis XV, gouverna avec habileté la France, au 

nom du roi: 
- il stabilisa la monnaie et détermina un essor économique; 
- extérieurement, il s'entendit avec l'Autriche, l'Espagne et l'Angleterre. 

En 1740, quand il se posa le problème de la Succession d'Autriche, qui dressa 

contre l'impératrice Marie-Thérèse les ambitions de nombreux États, Louis XV, s'allia à la 
Prusse, contre l'Autriche. Une désastreuse période de guerre commençait.

La fin du règne de Louis XV  amena le déclin de la monarchie. Les ministres 

étaient   changés   par   les   caprices   du   roi   et   surtout   de   sa   favorite:   la  Marquise   de 
Pompadour
 qui régna pratiquement sur lui et sur la France, de 

1745-1764

, dans un constant 

mouvement d'intrigues. Une  nouvelle crise financière, provoquée par les guerres et les 
dépenses de la cour, s'imposa. Dans la querelle austro-prussienne, la France se trouva 
alliée à l'Autriche. La guerre de Sept Ans (

1756-1763

), marqua le désastre pour la France, qui 

perdit le Canada et les Antilles, cédés à l'Angleterre et qui abandonna la Louisiane à 

26

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l'Espagne. Un certain redressement se mit en place sous Choiseul, ministre qui réorganisa 
l'armée et la marine, qui acheta des régions aux Indes et la Corse (

1761-1770

).

Louis XVI (1774-1789)

Pendant 15 années, la société se réforma considérablement. L'évolution rapide de 

l'économie   et   des   structures   sociales,   rétablirent   les   parlements.  Turgot,   nommé 
contrôleur général des Finances, abolit les douanes intérieures, réduisit la dette publique 
et supprima la corvée royale, qu'il remplaça par un impôt payable par tous. La politique 
royale fut plus heureuse, grâce à Vergennes, ministre des Affaires étrangères, qui conclut 
en 1778, une alliance avec les nouveaux États-Unis.

Économie et société

-  La prospérité économique, fait augmenter d'abord,  la courbe démographique  dans les 
villes et dans les campagnes.     - La natalité augmenta et  la mortalité, surtout infantile, 
diminua. 
-   Une  révolution   économique  se   mit   en   place,   grâce   aux   défrichements   et   à 
l’augmentation de la production agricole, ce qui entraîna la croissance du niveau de vie. 
- Les grandes exploitations furent encouragées, par la demande accrue des villes. Il en 
résulta également, un  développement du commerce intérieur  par la multiplication des 
foires et des marchés.
- Les voies de communication se multiplièrent; il y eut un intérêt pour l'amélioration des 
techniques  et   des   activités   artisanales,   surtout   dans   les   métiers   des   bâtiments   et   des 
textiles. 
- Le grand commerce fut lui aussi favorisé, surtout le trafic maritime avec les colonies. 

Cependant, ces progrès économiques furent freinés, par  une grave crise, qui se 

produisit   entre  

1775-1790

.  Le   secteur   agricole  fut   affecté   par   une   série   des   mauvaises 

récoltes pendant 15 ans; la production diminua; il y eut une hausse des prix et une baisse 
des salaires, qui créèrent des violences et une situation tragique.

Socialement   parlant,   le   XVIII

ème

s.,   est   l'époque   où,   la   pression   des   facteurs 

économiques   font   apparaître   l'archaïsme   des   structures   traditionnelles  par   "ordres" 
(clergé,   noblesse,   tiers-état),   qui   ont   force   légale   depuis   le   XIV

ème

s.;   Chaque   ordre 

possédant sa hiérarchie intérieure: 

1.

 - 

haut clergé

 (cardinaux, évêques); -

bas clergé

;            

2.

 - 

haute noblesse

 (princes de sang);  - 

petite noblesse

 (simples gentils-hommes); - 

noblesse de 

robe

3.

  -  

la   bourgeoisie

  (avocats,  financiers);   -  

les   paysans

  propriétaires ou "laboureurs";  -  

les 

artisans

;     

     - 

les gens des métiers

.  Bien qu'il existe des passages d'un ordre à l'autre, ce système reste 

strict, ce qui va produire bientôt une situation explosive.

La vie religieuse  

Le   XVIII

ème

  s.   est   la   période   où   le   Catholicisme   français   se   voit   souffrant. 

Compromise dans les violences contre les protestants, discréditée par la longue querelle 
entre jésuites et jansénistes, l'Église, dans son ensemble, perdit beaucoup de sa vigueur 
spirituelle. Et surtout, l'Église subit l'offensive violente des philosophes. Elle tourna à 
l'offensive générale avec  le Dictionnaire de Bayle,  les  oeuvres de Voltaire  et surtout 

l'Encyclopédie

. À la veille de la révolution, la crédulité était presque générale.

La vie intellectuelle 

27

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Est en expansion. L'humanisme classique, fondé sur le concept fixe de l'homme 

universel, déclencha le réveil du libertinage mondain, à la fois de mœurs et d’esprit. Le 
premier à utiliser le rationalisme cartésien, pour éliminer le surnaturel, est  Fontenelle
dont la pensée mène à l'esprit scientifique de l'Encyclopédie. Il fonde son scepticisme sur 
la critique historique. Généralement, les esprits philosophiques du siècle conviennent de 
préférer le progrès à la tradition, c'est la position des Modernes contre les Anciens. Ainsi, 
tout est prêt pour un nouvel humanisme, qui veut être plus proche du réel. L'aristocratie, 
mais surtout, toutes les catégories de la bourgeoisie laïque et ecclésiastique, participent à 
la vie intellectuelle. Les femmes y jouent un rôle de plus en plus important, surtout dans 
la société de salon.

L'enseignement devient plus populaire et plus moderne. La culture classique en 

demeure la base: - On introduit l'étude de la littérature française récente. 
- On accorde un intérêt spécial à l'histoire, aux langues vivantes et surtout, aux sciences. 
- Les échanges intellectuels sont facilités par plus de contactes. 
- Les livres sont moins chers et les bibliothèques se multiplièrent. 
- Les journaux devinrent un instrument de culture de plus en plus répandu. 

Cette   vie   intellectuelle   foisonnante,   devint  cosmopolite  grâce   au   voyage 

d'étrangers en France et de Français à l'étranger: en Italie (Montesquieu), en Allemagne 
(Voltaire), en Angleterre (Rousseau), mais aussi en Orient, aux Indes et en Amérique. Si 
l'Europe   culturelle   se   fit   volontiers   française,   les   intellectuels   français   s'ouvrirent   à 
l’Angleterre   et   à   l'exotisme   de   la   Grèce,   de   l'Orient,   de   l'Amérique   et   des   Îles.   La 
géographie et la cartographie se perfectionnèrent. La curiosité pour, l'homme augmente 
dans  2 sens:  - celui  d'un  intellectualisme  sec et   lucide;  - celui  d'un  sentimentalisme 
réhabilitant les instincts et les affects. 

Les lumières.

  L'esprit critique appliqué aux mœurs et aux idées, se développe 

dans des oeuvres telles: - Lettres Persanes (Montesquieu); - Lettres PhilosophiquesLes 
Contes
Le Neveu de Rameau (Diderot);  - Le dictionnaire Philosophique (Voltaire); - Le 
Mariage de Figaro
 (Beaumarchais). 

Il repousse toute contrainte intellectuelle ou morale et son principal souci est de 

dégager l'homme de la religion en reprenant la leçon des libertins.  On attaque avec de 
courage: les institutions politiques montrant les dangers de l'absolutisme, de l'esclavage 
de la torture. L'humanisme des 

philosophes,

 déclare: la liberté de l'homme, sa dignité, son 

droit au bonheur.  De là, viennent: la revendication, la tolérance et l'effort de   l'homme 
pour aménager ses relations avec l'État de manière à protéger l'homme contre les abus du 
pouvoir. Voltaire est le champion de la liberté. Celui qui affirme sa croyance en raison et 
le travail humain. 

3 livres parus au milieu du siècle fondent l'orientation politique qui 

mène à la Révolution: 
-

L'Esprit des Lois (

1748

) de Montesquieu qui pose le problème de la séparation des 3 

pouvoirs:   législatif,   exécutif   et   judiciaire,   fondement   nécessaire   de   toute   liberté 
individuelle.

-

Le Discours sur l'Origine de L'inégalité (

1755

) de J.J. Rousseau qui lie l'inégalité à 

l'appropriation par certains de la terre et des instruments de travail. 

-

Contrat Social (

1762

) de J.J. Rousseau qui fait dépendre toute contrainte politique de 

la volonté collective. 

L'optimisme caractérise aussi l'aventure intellectuelle de Diderot, passionné de 

science et amoureux de la nature humaine. C'est son enthousiasme qu'on retrouve dans 

28

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l'Encyclopédie

, qu'il l'a dirigea avec le philosophe d'Alembert, puis seul. Elle constitue 

un remarquable état des connaissances de l'époque, en matière des sciences, arts libéraux 
et   représente   une   puissante   arme   de   combat   contre   l'Église   et   contre   l'absolutisme 
politique. 

La confiance en l'homme et la croyance au progrès du XVIII

ème

s se traduit aussi 

dans la réflexion sur l'éducation. L'ouvrage essentiel est Emile (

1762

), de J.J. Rousseau. Ce 

traité se fonde sur le postulat de la bonté naturelle de l'homme. L'éducation d'Emile par 
l'absence de toute contrainte, par l'observation directe du monde, par l'harmonie entre la 
vie du corps et de l'esprit, est la source essentielle de la pédagogie moderne. L'histoire se 
crée dans un effort nouveau vers, l'objectivité, la critique des sources et l'analyse des lois 
générales  grâce   à:  Montesquieu:  Considération   sur   les   causes   de   la   grandeur   des 
Romains et de leur décadence
 (

1734

);    VoltaireHistoire de Charles XII (

1731

), Le siècle 

de Louis XIV (

1751

).

La vie artistique      Lumières - le siècle de l'art, est très éclatant.

L'architecture religieuse reste classique et très importante, le baroque s'appelle 

dans cette période  rococo. Mais ce fut surtout l'architecture civile, qui fut triomphante. 
Peu de châteaux, en revanche, d'admirables hôtels ou salons, où la société mondaine 
recherche le confort et l'intimité. Il faut noter également le renouvellement de l'art des 
jardins dans le sens de l'effet que produit la liberté naturelle.

La sculpture  vit naître une remarquable floraison de talents divers soit dans le 

sens baroque, soit dans le sens classique. La peinture, connaît-elle aussi, des modèles et 
excelle   surtout   dans   le   portrait   et   dans   le   paysage.  En   musique,  l'école   française 
classique connut, jusque vers 1760, un superbe prolongement avec Jean-Philippe Rameau 
et Jean Marie Leclair, puis elle s'affaiblit pour longtemps dans les genres mineurs.

Vie quotidienne et sensibilité: 

Le XVIII

ème

 s apparaît dès la Régence et jusqu'aux années de crise, comme une 

des époques les plus heureuses: 
- L'expansion économique, le recule des épidémies et de la famine, furent les causes de ce 
bonheur. 
- Le niveau de vie s'améliore surtout en villes. 
- Chez les nobles, le plaisir de vivre atteint un raffinement unique en Europe. 
- Si le vêtement féminin reste compliqué et éclatant, le costume masculin se simplifie. 
- La gastronomie se raffine et le café devient une passion du siècle
- La haute société, les écrivains et les artistes, vivent de conversations spirituelles, de luxe 
et d'amours légères. 
- À la campagne le travail reste dur.

La sensibilité connaît au XVIII

ème

 s. 2 phases

 

  contrastées

 

 :

-  La Régence et la plus grande partie du règne du Louis XV combinèrent le goût de l'intelligence avec la 
sécheresse de cœur, et l'amour effréné des plaisirs sensuels. 
- Vers la fin du siècle, le sentiment prit sa revanche et s'exprima de 2 manières: sous l'influence des oeuvres 
anglaises, traduites en Français (Shakespeare, Richardson), le goût de la passion irraisonnée envahit les 
cœurs, la passion fatale ravage le cœur des personnages du roman Manon Lescaut (par l'abbé Prévost). 
- Il se forme une ferveur déjà préromantique, mais c'est avec J.J. Rousseau, sa nouvelle  Héloïse  et ses 
Rêveries d'un promeneur solitaire, que la passion produisit la révolution de la sensibilité qui annonçait un 
âge nouveau. 

29

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VI. LE XIX

ème

 SIÈCLE

A: 1789-1848

Les événements - 

La Révolution

Les élections des députés aux États  Généraux fournirent  l'occasion à tous  les 

mécontentements et à tous les désirs de réforme. Le tiers-état, quelques nobles libéraux et 
le bas clergé, arrivèrent à Versailles au mois de mai 1789, décidés à créer une monarchie 
moderne et une société libérée de privilèges et de contraintes féodales. Il y eut une I

ère 

victoire juridique des "patriotes" et les députés du tiers-état, obtinrent le vote par tête et 
non plus par ordre et la transformation des États Généraux en une Assemblée Nationale 
Constituante, dont le rôle était de voter une Constitution.

Cette révolution se transporta sur un autre plan que celui juridique, lorsque Louis 

XVI  appela  secrètement des régiments étrangers à son  service autour de Paris et  de 
Versailles.   La   population   parisienne,   affamée   par   la   misère,   riposta   le  14   juillet  en 
prenant les armes et s'emparant de la Bastille -prison royale et symbole de l'absolutisme. 
Louis XVI, fut obligé de céder et de reconnaître la municipalité parisienne, installée par 
la révolte. Cette révolution parisienne fut suivie des émeutes paysannes qui détruisirent 
des   châteaux   et   qui   déclenchèrent   une   "Grande   Peur"   que   la   bourgeoisie   des   villes 
amplifia, en constituant des gardes nationales à son tour. La haute noblesse commença à 
émigrer.

Une   nouvelle   intervention   de   la   population   parisienne,   ramena   de   force   la   famille   royale   de 

Versailles à Paris. Ce temps-ci, l'Assemblée Nationale s'était mise au travail. Le 4 Août, les députés du 
clergé et de la noblesse, renoncèrent aux privilèges de leurs ordres: droits féodaux et dîme et la féodalité fut 
abolie. Le 26 Août, on vota 

La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen,

 qui proclama la liberté et 

l'égalité en droits des hommes. Ceci brisa définitivement les cadres féodaux et affirma les droits naturels de 
l'homme, en anéantissant théoriquement, les barrières sociales.

En 1790,  la vie parlementaire  s'organisa avec ses partis, sa droite et sa gauche. 

Les libertés individuelles furent consacrées  par les garanties données à l'accusé, dans 

30

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une reforme profonde de l'instruction criminelle,  par la liberté de la presse  et  par la 
liberté religieuse
: protestants et juifs, devinrent citoyens comme les autres.

La Constitution de 1791, marqua cependant,  un recul sur les principes de la 

Déclaration: 
- Elle séparait le pouvoir exécutif du pouvoir législatif, mais accordait au roi un droit de 
vote   suspensif   sur   les   lois;   -   Elle  portait  bien   la   marque   de   la   bourgeoisie;   -   Elle 
supprimait  les   corporations   de   métiers   et  interdisait  les   associations   ouvrières   et   les 
grèves.

Administrativement, la France fut divisée en 83 départements dont chacun était 

divisé en districts, ceux-ci en cantons et les derniers en communes. Les conseillers et les 
juges étaient élus. On créa  des tribunaux nationaux: le tribunal de Cassation (La Cour 
Suprême) et La Haute Cour Politique.

On   introduisit   un  impôt   foncier  et   un  impôt   sur   les   revenus  industriels   et 

commerciaux. La Constituante ordonna aussi, pour résoudre la crise financière, la mise 
en vente des biens du clergé. Cette saisie des propriétés de l'Église entraîna une réforme 
intitulée  Constitution   Civile   du   Clergé,   qui   fit   du   clergé   séculier,   un   corps   de 
fonctionnaires élus. La question religieuse aggrava la crise politique. 

La fuite du roi, le 20 Juin 1791, vers l'Est du pays, son arrestation à Varennes et 

son retour à Paris, montrèrent la fragilité de cette monarchie constitutionnelle. L'idée 
républicaine se développait. 

La chute de la monarchie

 La protection ouverte, accordée par L'Autriche et la Prusse aux émigrés français 

et à leurs plans de reconquête de la France, entraîna la guerre déclarée par le roi le  20 
Avril 1792 sur la proposition de l'Assemblée Nationale. Mais l'armée française ne subit 
que   des   échecs   et   on   s'aperçut   vite   que   Louis   XVI   souhaitait   la 
victo

 

     

 

l   y   a  la   profusion   d'étoffe,   de   rubans,   de 

dentelles; la perruque devient monumentale. L'extrême raffinement se joint, cependantt 
emprisonnée. 

Une   nouvelle   Constituante  fut   élue   pour   donner   une   nouvelle   Constitution, 

appelée  "La   Convention".  Dans   ce   moment   de   crise   intérieure   et   extérieure   d'une 
extrême gravité, le rôle de la Convention était très grand, car elle devait faire face à tout, 
étant déchirée en même temps par ses propres divisions.  Le 20 septembre 1791, elle 
proclama la République et arrêta l'invasion prussienne. En 1793, la condamnation à la 
mort   de   Louis   XVI   et   la   volonté   exprimée   par   la   Convention   de   libérer   le   peuple, 
provoquèrent   la   formation   d'un  première   coalition  (Autriche,   Prusse,   Angleterre, 
Hollande,   Espagne,   Portugal,   Naples).   Une   insurrection   royaliste   éclata   à   Lyon   et   à 
Toulon; la lutte entre les 2 partis de la Convention: Girondins modérés et Montagnards 
partisans d'un gouvernement fort et appuyé sur le peuple, se termina par l'élimination des 
premiers, mais entraîna une nouvelle insurrection fédéraliste. Dans cette extrême péril, 
les Montagnards, maîtres du Comité de Salut public, (dont les têtes furent Robespierre, 
Saint-Just,   Carnot),   réagirent   avec   une   farouche   énergie,   organisant   la   victoire   à 
l'extérieur   et   matant   l'ennemi   intérieur   par  la   Terreur  (procès   sommaires   devant   le 
Tribunal révolutionnaire). 

31

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La République triompha de ses adversaires. L'armée, issue de la levée en masse, 

dirigée   par   Carnot,   commandée   par   de   jeunes   généraux,   reprirent   la   Belgique,   la 
Rhénanie, occupèrent la Hollande, envahirent l'Espagne.  La Convention  pratiqua, sans 
aller jusqu'au socialisme une politique sociale avancée. Les Montagnards se déchirèrent, 
Robespierre rendit la terreur plus meurtrière. Accusé de dictature, il fut arrêté le 27 Juillet 
1794 et guillotiné à son tour avec ses amis. La Convention partageait le pouvoir législatif 
entre 2 Conseils: les Anciens et les Cinq-Cents, confiait le pouvoir exécutif à 5Directeurs, 
désignés par les Anciens et qui en fait, rétablissait le pouvoir de la bourgeoisie.

Le Directoire

Le   régime   parlementaire   du   Directoire   dura   4   ans   (

1795-1799

),   réalisant   un 

compromis entre la contre-révolution et la fidélité républicaine. Ce temps-la, l'Autriche 
fut contrainte à la paix par la campagne d'Italie du général Bonaparte et elle reconnut à la 
France la possession de la Belgique. Ce succès entraîna le Directoire dans une politique 
de conquête, mais aussi à la formation d'une II

   

ème

    coalition 

 

 (Angleterre, Autriche, Russie). 

L'expédition de Bonaparte en Egypte, soldée par une défaite, déclencha la crise financière 
et économique et amena le Directoire au bord de l'anarchie.

Le  Consulat  et  l'Empire

Savamment   préparé,   le   coup   d'Etat   du  9   novembre   1799,   porta   au   pouvoir 

Bonaparte   avec   le   titre   de   Premier   Consul.  La   nouvelle   Constitution  donna   une 
prédominance absolue au pouvoir exécutif, concentré dans les mains de Bonaparte et 
affaiblit le pouvoir législatif en le partageant en  4 Assemblées. En 1804, par un seul 
article,   on   transforma   le   Consulat   en  Empire.   On   consacra   ainsi   le   pouvoir   de   la 
bourgeoisie et d'une partie, de la noblesse ralliée avec l'armée sous l'autorité d'un "homme 
providentiel" -  Napoléon Bonaparte. Ceci fit de la France un pays plus centralisé que 
jamais.   La   France   impériale   renouait   avec   la   France   royale.   Les   départements, 
arrondissements et communes furent administrés par des fonctionnaires, nommés par le 
pouvoir central: préfets, sous-préfets et maires. La justice fut strictement hiérarchisée. 
D'autres   créations:   Le   Code   Civil,   Lycées   et   Universités,   Légion   d'Honneur,   le 
Concordat.

Les guerres napoléoniennes eurent 3   causes principales

 

 : 

a) l'esprit d'aventure et l'ambition de Napoléon de construire une Europe sur le modèle 
français; 
b) l'hostilité de l'Angleterre qui ne tolérait pas la domination française en Belgique; 
c) la haine de l'aristocratie européenne contre la France, révolutionnaire dont Napoléon 
était considéré comme héritier.

L'entreprise Napoléonienne peut de résumer en 3 phases: La conquête (

1805-1807

); 

Le système continental (

1808-1814

); 3. Le reflux (

1811-1814

)

1.phase: La conquête     La  III

   

ème

     coalition

 

   (d'Angleterre, Autriche et Russie) 

-1805,   fit   renoncer   Napoléon   à   débarquer   en  Angleterre   et   se   solda   par   la   victoire 
d'Austerlitz sur la Russie, Angleterre et Russie. La  IV

   

ème

     coalition

 

   (Angleterre, Russie, 

Prusse) -1806, amène l'écrasement de la  Prusse  et  la  victoire sur les Russes (1807). 
Napoléon et le tzar Alexandre I

er

, conclurent une alliance. Ensuite, Napoléon décrète le 

blocus continental (II è phase) contre l'Angleterre.

32

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2.phase: L'Europe est pliée au système auquel est associée la famille impériale. 

Napoléon est lui-même Empereur des Français, roi d'Italie, duc de Varsovie, protecteur de 
la Confédération de Rhin. La  V

   

ème

     coalition  

 

 (Angleterre, Espagne, Portugal, Autriche), 

échoue -1809.

3.phase: la guerre contre la Russie (1812) aboutit à un désastre. La VI

   

ème

    coalition

 

  

qui groupe presque toute l'Europe, la campagne d'Allemagne et sa défaite de Leipzig 
(1813), puis la campagne de France (1814) obligèrent Napoléon Bonaparte à abdiquer le 
6 Avril 1814.

La Restauration  

La monarchie des Bourbons fut restaurée avec Louis XVIII, frère de Louis XVI; 

Mais ses erreurs permirent à Napoléon de revenir de l'Île de l'Elbe où il avait été exilé et 
d'être accueilli triomphalement. Malgré un essai d'Empire libéral, où Napoléon tenta de 
réveiller l'esprit jacobin, la coalition de toute l'Europe limita ce retour à 100 jours, en y 
mettant fin par la défaite de Waterloo. La Restauration fondée par Louis XVIII en 1814, 
fut   un   compromis   entre   la   monarchie   traditionnelle   et   les   institutions   crées   par   la 
révolution et l'Empire. Trois périodes se partagent la vie politique de la Restauration: 

En 1815-1816 les royalistes imposèrent un régime de Terreur Blanche contre les 

bonapartistes et les républicains. Louis XVIII, qui souhaitait une politique plus modérée, 
appelle au gouvernement des libéraux de 1816 à 1820. Après l'assassinat du duc de Berry, 
Charles X succéda au trône en 1824. Sa politique mécontente la bourgeoisie et entra en 
confit   avec le Parlement. L'opposition  libérale   fit  substituer  le  duc   d'Orléans,  Louis-
Philippe à Charles X. Aux élections de Juillet 1830, l'opposition remporta la victoire.  La 
révolution   de   Juillet   1830,  résulta   de   l'alliance   temporaire   des   républicains   ouvriers, 
étudiants de Paris et de la bourgeoisie. Louis-Philippe, duc d'Orléans, devint le 7 Août, 
roi des Français.

La monarchie de Juillet  

Cette monarchie reposa sur un malentendu initial: la victoire populaire fut utilisée 

au seul bénéfice de la bourgeoisie. La déception populaire se manifeste par des grèves et 
des révoltes populaires très durement réprimées. 

En politique extérieure, la France prit peu d'initiatives. Louis-Philippe, occupe 

l'Algérie. En 1847, la France apparaît comme un pays déchiré à l'intérieur. Le 24 Février, 
suite à une manifestation populaire, le roi du fut obligé de s'enfuir et Lamartine forma un 
gouvernement provisoire républicain.

Économie et société

La France entre dans l'ère industrielle. Les transformations sont cependant, moins 

importantes dans l'agriculture. C'est seulement en 1793, que  les droits féodaux furent 
abolis sans indemnité et que le partage des biens communaux et la vente à bas prix des 
biens de l'Église et des émigrés, produisit un ample transfert de propriété, dont profitèrent 
autant les bourgeois et les spéculateurs que les paysans. À partir de cette date, l'économie 
française devint pour plus de 20 ans, une économie de guerre et la production agricole 
s'en trouva modifiée. Mais après 1815, l'agriculture qui restait, cependant  de loin, la 
principale source de richesse, demeura routinière et ne connut d'améliorations que dans 

33

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les   grandes   propriétés   du   Nord.   Mais   au   cours   de   la   même   période,   la   France 
accomplissait après l'Angleterre, sa révolution industrielle par 

 

 le machinisme

 

 . 

- L'industrie textile, protégée contre sa rivale anglaise, fit de grands progrès. 
- L'industrie du charbon permit de passer d'une production de 250.000 tones (en 1793), à 
800.000 tones (en 1813). Le mouvement s'accéléra sous la Monarchie de juillet. - Le 
nombre des machines à vapeur augmenta et la métallurgie lourde se développa.  - Une 
autre révolution a été celle des transports.

La noblesse a connu de 1815 à 1830, une période brillante; Elle a tenu alors les 

frênes du pouvoir. Mais ses fautes politiques et son inaptitude aux affaires la conduisirent, 
après 1830, à une retraite dont elle ne sortira plus de longtemps.

Le début de concentration industrielle amena rapidement une partie des paysans, 

les plus pauvres, à rejoindre dans les villes, les artisans. Si l'artisanat en petits ateliers 
subsista   longtemps,   naquit   alors   un  prolétariat   ouvrier  soumis   à   la   condition   la   plus 
misérable. Traité en suspect, l'ouvrier était abandonné par l'État à l'arbitraire patronal. Le 
résultat fut la naissance d'une classe sociale, plongée dans les conditions matérielles et 
morales de vie les plus abjectes. En réaction contre cette exploitation,  le mouvement 
ouvrier commença à s'organiser, d'abord sous forme de doctrines nouvelles, socialisme et 
communisme, puis sporadiquement, par l'action clandestine ou violente.

La vie religieuse

L'Église catholique a connu durant cette période, une vie extrêmement agitée et 

directement liée aux événements politiques. C'est Bonaparte, dès le début du Consulat, 
qui rapprocha la France de l'Église. Il considérait que la religion était un principe d'ordre. 
Le Concordat de 1801, redonnait au pape l'autorité spirituelle sur le clergé français, mais 
celui-ci, était étroitement soumis à l'État. La religion catholique fut déclarée religion, non 
de l'État, mais de la majorité des Français.

Parallèlement, le protestantisme avait récupéré sa liberté d'expression et de culte, 

sous la Constituante. Ainsi, put renaître officiellement la vie religieuse, répondant au vœu 
du Génie du Christianisme de Chateaubriand, publié en 1802. Pendant la Restauration, la 
loi de 1816 abolit le divorce, que la Convention avait reconnu et l'Église se réintroduisit 
en force dans l'enseignement.

La vie intellectuelle

 

 

 dans la I

 

 

ère

   

 moitié du XIX

 

 

ème

   

 siècle

 

 

La philosophie

La pensée reste rattachée au problème politique et religieux. La croyance en la 

perfectibilité   de   l'homme   demeure   extrêmement   vivace.   Les   développements   de   la 
science ramenèrent, à partir de 1830, la pensée vers une nouvelle confiance en la raison 
qui mènera au scientisme. C'est entre 1830-1842 qu'Auguste Comte publia son Cours de 
philosophie positive
.
La science

À   cette   époque,   la   recherche   scientifique   est   extrêmement   féconde   et   active. 

L'astronome  Laplace  formula l'hypothèse sur l'origine des planètes.  Lavoisier  écrit son 
Traité de chimie en affirmant le principe de la conservation de la matière. En physique, 
Arago, étudie la lumière et des propriétés des gaz. Ampère fonde l'électronique. Cuvier 
fonda les sciences naturelles, l'anatomie comparée des animaux et Lamarck fit des études 
sur la variabilité et la formation progressive des êtres vivants. Également, la médecine et 
la chirurgie connurent des progrès considérables.

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Dans les sciences humaines, l'essor de l'égyptologie après le déchiffrement des 

hiéroglyphes par  Champollion  donna à la France une place notable, dans l'érudition. 
L'intérêt  pour  l'histoire  grandit,  alimenté   par  le  romantisme,  surtout  dans   l’œuvre de 
Jules Michelet.

La vie artistique  

À cette époque, on voit apparaître et s'opposer les uns aux autres, en succession 

rapide: le néo-classicisme, le réalisme et le romantisme.
Architecture et sculpture

En   architecture,   le   néo-classicisme,   inauguré   sous   Louis   XVI,   triomphe   sous 

l'Empire. Napoléon, qui avait le goût classique, modifia profondément l'aspect de Paris, 
d'abord en rasant plusieurs vieux quartiers et en construisant des monuments tels: l'église 
de la Madeleine de Vignon, la colonne Vendôme et 2 arcs de triomphe: celui du Carrousel 
de Percier et Fontaine et celui de l'Étoile.
La peinture

Le chef d'école de la période révolutionnaire et impériale est Louis David qui s'est 

inspiré surtout des événements de son époque. Son élève, Ingres, s'inspire de l'histoire et 
cultive le portrait. Le romantisme commence par  Géricault  et connaît son apogée dans 
l’œuvre de Delacroix. L'école réaliste concentre son attention sur le paysage conçu non 
plus   comme  décor,   mais   pour   lui-même.   Les  maîtres  en   sont:  Rousseau,  Daubigny
Corot.
La musique: La vie musicale continue d'être dominé par l'italianisme. Le maître le plus 
important est Berlioz.

Vie quotidienne et sensibilité

3 faits  essentiels ont modifié, pendant cette période, les façons de vivre des 

Français: 
- la mutation de la société, opérée par la Révolution et l'avènement de la bourgeoisie; 
- les nouvelles techniques de fabrication et de transport, dues au machinisme; 
- l'aggravation du paupérisme urbain.

La France est encore, au milieu du XIX

ème

 siècle, le pays le plus peuplé d'Europe 

après   la   Russie.   La   mortalité   infantile   reste   très   forte,   surtout   dans   les   villes 
manufacturières.

B: 1848-1914

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LA  SECONDE  RÉPUBLIQUE

Proclamée par l'enthousiasme de 24 Février 1848, connu 3   périodes distinctes

 

 :

I.  Février-Juin 1848  le gouvernement provisoire, appuyé uniquement sur le peuple de 
Paris, chercha dans une atmosphère d'idéalisme humanitaire et romantique, à édifier une 
république sociale, introduisant: 
- le suffrage universel; 
- la liberté de presse; 
- le droit de réunion; 
- l'abolition de la prison pour dettes, de l'esclavage colonial, de la peine de mort en 
manière politique.
II. Juin 1848-Mai 1849 

La Constitution de novembre 1848 donna le pouvoir:  

- législatif à une 

ASSEMBLÉE  UNIQUE

  

- exécutif à un président de la République, les deux élus par le suffrage universel.
III.  Mai 1849-2 décembre 1852   se défini par  la loi Falloux  (1850) une  loi électorale 
réservant le suffrage aux contribuables, inscrits depuis 3 ans, dans leur commune et une 
loi supprimant la liberté de la presse.

Le Prince-Président proclama le 2 décembre 1851: 

- la dissolution de l’Assemblée; 
- provoqua le peuple pour un plébiscite; 
- modifia la Constitution. 

Celle-ci, établit un régime dictatorial, copié surr celui du Consulat (janvier 1852). 

Un II

ème

 plébiscite approuva le rétablissement de l'Empire (2 décembre 1852)

LE  SECONDE  EMPIRE

Peut se diviser en 2 périodes:

1. 1852-1863  -  L'Empire autoritaire  Napoléon III nomme les ministres et gouverne 
dictatorialement.
2. 1863-1870 - L'Empire libéral l'opposition libérale détermine Napoléon III à prendre 
certaines mesures libérales: 
- liberté d'association, de grève; 
- liberté des sociétés anonymes sous contrôle de l'État; 
- liberté de la presse; 
- liberté de réunion publique.

La IIème République  fut donc reprise en main par les forces conservatrices. A 

l'extérieur, Napoléon III s'engagea aux côtés de l'Angleterre, dans une guerre contre la 
Russie, qui cherchait à dominer l'Empire turc; ce fut  la guerre de Crimée 1854-1855.  

Hors d'Europe: 

- il acheva la conquête de l'Algérie (1857);
- assura le Protectorat français au Liban (1860); 
- acheta des territoires en Somalie; 
- envoya des expéditions en Chine;
- créa le protectorat sur le Cambodge (1863), Sénégal. 

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Venant à Sedan dans la guerre prussien, Napoléon III doit capituler. Dans ces 

conditions graves, les républicains soulevèrent Paris et formèrent un gouvernement de la 
défense nationale; Mais le siège amena l'Armistice de 28 Février 1871 et le traité de 
Frankfurt amputait la France, de l'Alsace et du Nord de la Lorraine.

LA  III

 

 

ème

     RÉPUBLIQUE

 

 

L'Assemblée   nationale,   élue  en   février   1871,   nomma  Thiers  chef   du   pouvoir 

exécutif en attendant le vote d'une Constitution. Mais la population exaspérée, se souleva 
le 18 Mais 1871 et élut un Conseil de la Commune; proclama la lutte des classes et 
déclara la suppression de l'exploitation de l'homme par l'homme. Les combats de rue 
firent 20.000 victimes. 

Après   cette   guerre   civile,   et   sociale   qui   laissa   des   traces   profondes,   les 

monarchistes   tentèrent   vainement   une   restauration;   on   instaura   une   république 
conservatrice et la Constitution de 1875 fonda la Troisième République. Elle établissait 
un régime présidentiel et parlementaire. 

Mais 4 crises

 

  suivirent

 

 : 

1.  la crise du boulangisme  (1887-1889) essai avorté de complot nationaliste au profit 
d'un général; 
2. la crise de Panama (1892-1893), provoquée par une affaire de corruption financière; 
3. la crise anarchiste (1892-1894) provoquée par des attentats (assassinat du président 
Sadi Carnot); 
4.  la   crise   de   l'affaire   Dreyfus  (1894-1899);   à   la   suite   d'une   erreur   judiciaire,   les 
Français furent passionnément et profondément divisés:

D'un   côté,   les  nationalistes   et   catholiques  qui   pour   sauver,   au   nom   de   la   patrie, 
l'honneur   de   l'armée   se   refusaient   d'admettre   l'erreur   de   la   condamnation   pour 
l'espionnage de capitaine juif Dreyfus et d'accepter la révision de son procès. 

De l'autre, les "dreyfusards" radicaux, socialistes, francs-maçons, écrivains de gauche 
(E Zola) qui opposaient à la raison d'État l'intangibilité de la vérité et de la justice; la 
France fut coupée en 2 et à deux doigts de la guerre civile. 

Au   sortir   de   cette   affaire,   elle   resta   partagée   pour   longtemps  en  

   2   blocs

 

  

antagonistes: 

à droite -les Conservateurs nationalistes 
à gauche -les républicains et les socialistes. 

Il   y   eut   une   grande   poussée   ouvrière;   les   syndicats   se   groupèrent   dans   la 

Confédération   Générale   de   Travail.   Après   le   Congrès   d'Amsterdam   de   la   II

ème 

Internationale,  fut   créé   en  1905,  Le  Parti  Socialiste  Unifié  -SFIO  (Section  française 
d'Internationale Ouvrière), dont l'organe était "L'Humanité" dirigée par Jaurès (historien, 
orateur, réformiste et humaniste). Après 1909, il y eut une remontée des nationalistes 
animés par La Ligue des Patriotes de l'écrivain Maurice Barrès et en suite, des modérés 
conduits par Raymond Poincaré, élu président de la République (1913).

La politique extérieure  de la III

ème

  République, fut dominée par l'impérialisme 

colonial   et   par   la   tension     avec   l'Angleterre   (protectorat   sur   l'Indochine,  Tunisie,   au 

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Madagascar   et   en   Afrique   Occidentale   et   Equatoriale   Française).   Les   ambitions 
coloniales divisèrent l'Europe en 2 blocs hostiles qui s'abandonnèrent au vertige de la 
course aux armements; la crise des Balkans éclata en Juin 1914, lorsque l'assassinat du 
prince héritier d'Autriche, par un étudiant bosniaque, déclencha la guerre générale par le 
jeu des alliances (août 1914).

Économie et société

Le capitalisme

 

 

 triomphant

 

 

. Il devient difficile au XIX

ème

s et surtout après 1848, 

d'isoler l'économie française de l'économie européenne et même mondiale. L'entrée de 
l'histoire   dans   l'ère   industrielle   et   les   nouvelles   formes   du   capitalisme,   tendent   à 
généraliser les phénomènes grâce aux énormes progrès des transports et des échanges, 
donc des interférences entre économies nationales. Cependant, la France garda quelques 
caractères propres.

Le phénomène urbain a amené en France, comme dans les autres pays industriels, 

une diminution relative de la population rurale. L'agriculture resta l'activité de la majorité 
de  la  population   active.  Le  fait   caractéristique   de  la   2

nde

  moitié  du   XIX

ème

  s.,   fut  la 

progression rapide de la civilisation industrielle: 
- C'est 

l'âge du charbon

 dont les usages se multiplièrent: chauffage dans les villes, chemin de 

fer, sidérurgie, les colorants, etc.
- C'est aussi 

l'âge du fer

 et de l'acier. 

- Un progrès décisif fut accompli en 1869, par 

l'invention du four

 des frères Martin

- L'un des hommes prestigieux du fer fut l'ingénieur Eiffel, auteur du viaduc de Garabit et 
de la Tour Eiffel de l'Exposition de 1889.

Les communications à distance

 connurent leurs progrès décisifs: télégraphe électrique et câbles 

sous-marins. Le premier bureau de téléphone fut ouvert à Paris en 1879, un an après celui 
de Newhaven.

Cependant, cette prospérité masquait, à la veille de la I

ère

  Guerre Mondiale, un 

certain   ralentissement   relatif   de   l'économie   française   trop   bien   gardée   par   le 
protectionnisme.   L'agriculture   n'obtenait   que   des   rendements   modestes.   L'industrie 
renouvelait peu son outillage. Les capitaux recherchaient des placements sans risques ou 
s'exportaient à l'étranger. Le commerce extérieur, bien qu'en augmentation continue, était 
passé du II

ème

 ou IV

ème

 rang mondial. La France est devenue un pays de faible natalité, 

malgré   la   diminution   de   la   mortalité.   La   bourgeoisie   détenait   l'essentiel   du   pouvoir 
politique et jouait le rôle économique déterminant.

La vie intellectuelle

 

 

 pendant la 

 

 

II

   

ème

   

 moitié du 

 

 

 

  

XIXème siècle

 

 

Le positivisme

  le vaste débat  entre la religion et le positivisme domine cette 

période. Cette étape fut vraiment l’apothéose de la science qui s’empara de la pensée et 
qui   influença   la   philosophie.   Les   noms   les   plus   importants:  Henri   Poincaré  en 
mathématique; Pasteur en médecine; Marie et Pierre Curie en physique. Le positivisme 
d’Auguste Compte  s’installe en maître dans la pensée française, rejetant la perspective 
théologique et métaphysique. Aux 4 sciences de la nature : astronomie, physique, chimie 
et physiologie, Comte ajoute la « physique sociale » ou sociologie, la plus complexe, qui 
devait réaliser l’unité du savoir.

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La vie artistique

Fut très florissante:  L’architecture  n’apporta rien de nouveau.  En sculpture, la 

figure dominante est celle d’Auguste Rodin, romantique; il allia à une extraordinaire 
vitalité   l’amour   du   modèle   voluptueux,   la   puissance   expressive   et   une   technique 
admirable. Apres lui, son disciple, Bourdelle, prolonge encore le romantisme. 

En peinture, le réalisme se manifeste par Millet, peintre des paysans et excellent 

dessinateur et surtout par Courbet qui est le maître du réalisme. Daumier est un grand 
caricaturiste et dessinateur. 
L’impressionnisme Les impressionnistes se proposent de pousser à l’extrême, la volonté 
de rendre par des moyens picturaux, la réalité la plus subtile : l’air et la lumière.  Les 
représentants:  Manet,  Monet,  Pissarro,  Renoir,  Degas;  Toulouse-Lautrec  ouvre   des 
voies nouvelles dans la peinture. C’est par  Paul Gauguin  que la peinture rejette avec 
force  l’objectivité  descriptive  pour  mettre  la   pensée  et   l’âme du   peintre  au  cœur   du 
tableau. Il revendique pleinement les droits de l’imagination  et du rêve, supprime  la 
perspective,   donne   toute   l’importance   a   la   ligne   et   surtout   pose   la   couleur   sans 
préoccupation de réalisme. Van Gogh exalte. Le cubisme s’éteint a la fin du 20

ème

 siècle. 

Vie quotidienne et sensibilité

La 2nde moitie du XIX

ème

s, introduisit  de nombreuses nouveautés dans la vie 

quotidienne des Français. Cette époque qui vit naître un monde nouveau, fut pleine de 
contradictions et de tensions. Elle vit  l’apogée du capitalisme  et de la libre entreprise, 
mais aussi la naissance de leur contestation organisée. L’écart était encore énorme entre la 
haute   société   parisienne   brillante,   fastueuse,   les   grands   bourgeois   thésauriseurs   et 
traditionalistes, les petits paysans, le prolétariat urbain surexploité. 

La   civilisation,   a   la   rencontre   des  2   siècles,   est   dynamique,   optimiste   même, 

curieuse, ouverte a toutes les influences et délibérément moderniste. Mais cette façade 
brillante, dissimule mal, de  sombres réalités: insuffisance tragique des petits salaires, 
l’augmentation du coût de la vie, l’inhumanité des conditions de travail, grèves dures et 
durement réprimées, des scandales policiers qui se répètent : affaire Steinheil, assassinat 
du Directeur du Figaro par Mme Caillaux, etc.
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