JDF HEBDO | 27.10.2006 |
> C'est bien connu, l'indice CAC 40 profite du dollar fort (voir graphe). L'incidence du billet vert sur la performance des entreprises françaises intervient à trois niveaux. Elle influence la compétitivité des sociétés qui vendent en dollars leurs produits fabriqués sur le Vieux Continent avec des coûts libellés en euros comme EADS, STMicroelectronics, LVMH ou Thomson. Un euro faible favorise les exportations, rendant ces sociétés plus compétitives par rapport à leurs concurrents notamment nord-américains et inversement. Jean-Luc Buchalet, directeur de la stratégie du bureau d'analyses Factset JCF Estimates, considère que les entreprises du CAC 40 réalisent en moyenne un tiers de leurs ventes dans le monde (hors Europe), dont 20 % aux Etats-Unis. Pour autant, toutes les entreprises françaises ne supportent pas un risque de change, car une bonne partie de leur production est également délocalisée dans les pays où les produits sont vendus. C'est le cas par exemple de Saint-Gobain ou de Lafarge.
Il n'en demeure pas moins que l'évolution du dollar se traduit par un effet de conversion positif ou négatif dans leurs comptes au moment du rapatriement des résultats des filiales. Enfin, la forte composante de l'actionnariat étranger au capital des sociétés du CAC 40 (près de la moitié selon Factset JCF Estimates) accroît la dépendance de la Bourse de Paris aux variations du billet vert. Ce qui ne signifie pas que l'indice de référence baissera systématiquement à la suite d'une dépréciation du dollar. Simplement, la volatilité de la devise américaine joue un effet de levier en minorant ou en amplifiant la performance de l'indice de référence. Ainsi, le repli de 19 % du dollar par rapport à l'euro entre le mois de mars 2003 et aujourd'hui n'a pas empêché le CAC 40 de passer de 2.400 à 5.400 points, soit une performance de près de 125 %. Jean-Luc Buchalet estime qu'une
« évolution de 10 % de la parité de change euro/dollar provoque un différentiel de performance de 60 % entre Wall Street et les Bourses européennes à taux de croissance des bénéfices et niveaux des taux d'intérêt comparables ».
Si l'indice S&P 500 grimpe de 10 % et que le dollar s'apprécie de 10 % par rapport à l'euro, le CAC 40 progressera de 16 %. A l'inverse, pour une hausse de 10 % de l'indice S&P 500 et une dépréciation de 10 % du dollar face à l'euro, l'indice parisien ne progressera que de 4 %.