Occultisme Histoire Du Necronomicon


L'Anti-FAQ du Necronomicon

Chaque chose �voque son contraire

La N�mesis de Kendrick

Les raisons sont des rousp�tances arides

Index

Q�: Qu'est-ce que le Necronomicon�?

Q�: Quand et o� fut �crit le Necronomicon�?

Q�: Qui �tait Abdul Alhazred�?

Q�: Quelle est l'histoire des �ditions du Necronomicon�?

Q�: Quel est le contenu du Necronomicon�?

Q�: Qui sont les Grands Anciens�?

Q�: Comment invoque-t-on les Grands Anciens�?

Q�: Pourquoi le Necronomicon a-t-il des liens avec la mythologie nordique�?

Q�: Pourquoi l'�crivain HP Lovecraft a-t-il pr�tendu avoir invent� le Necronomicon�?

Q�: Qui �tait Nathan De Gaza�?

Q�: O� peut-on trouver le Necronomicon�?

Qu'est-ce que le Necronomicon�?

Le Necronomicon d'Alhazred (litt�ralement ��Livre des Noms Morts��) n'est pas, comme la croyance populaire le pr�tend, un grimoire ou un livre de sorts. Il fut con�u comme un livre d'histoire, et signifie donc ��livre des choses qui sont d�sormais mortes et termin�es��. Une autre d�rivation du mot Necronomicon donne comme sens ��le livre des coutumes des morts��, mais une fois de plus on doit donner � ce titre son sens de fa�on coh�rente avec la conception originelle du livre en tant que trait� d'histoire, et non pas de n�cromancie.

L'auteur du livre partageait avec Mme Blavatsky une tendance � r�unir et assembler des faits, des rumeurs, des sp�culations, et des inepties totales, comparable � la manie des pies voleuses, et le r�sultat en est un vaste compendium presque illisible de quasi-non sens qui ressemble de fa�on notable � La Doctrine Secr�te de Blavatsky.

Dans les temps anciens on trouve des r�f�rences � ce livre sous le titre Al Azif, mais aussi Le Livre de l'Arabe. Azif est un nom que les arabes emploient pour d�signer les insectes nocturnes, mais c'est aussi une r�f�rence au hurlement des d�mons (djinns). Le Necronomicon a �t� r�dig� en sept volumes, et comporte plus de 900 pages dans l'�dition latine.

O� et quand fut r�dig� le Necronomicon�?

Le Necronomicon fut r�dig� � Damas en 730 par Abdul Alhazred.

Qui �tait Abdul Alhazred�?

On en sait peu sur lui. Ce que l'on sait est largement repris du peu de sa biographie que donne le Necronomicon lui-m�me. Il �tait natif de Sanaa au Y�men. On sait qu'il a beaucoup voyag�, d'Alexandrie au Punjab, et qu'il �tait tr�s cultiv�. Il a pass� de nombreuses ann�es seul dans les contr�es inhabit�es du sud de l'Arabie. Il avait un don pour les langues, et se vante en de nombreuses occasions de savoir lire et traduire des manuscrits qui avaient donn� du fil � retordre � d'autres �rudits. Sa m�thodologie de la recherche se rapproche n�anmoins plus de celle de Nostradamus que d'H�rodote.

Comme Nostradamus le dit lui-m�me dans les Quatrains 1 & 2�:

��Assis seul dans la nuit dans la loge secr�te�;

c'est pos� sur un tr�pied de bronze.

Une petite flamme sort du n�ant

Et rend possible ce qui ne devrait

Jamais �tre cru en vain.

Le b�ton dans la main est plac�

Au milieu du tr�pied.

Avec de l'eau il arrose et l'ourlet

De son v�tement et son pied.

Une voix, la peur�; il tremble dans sa robe.

Divine splendeur�; le dieu est assis tout pr�s.��

De m�me que Nostradamus utilisait la magie c�r�monielle pour pr�dire le futur, Alhazred se servait de techniques similaires (et d'un encens compos� d'olibanum, de storax, de dictamnus, d'opium et de haschisch) pour clarifier le pass�, et c'est cela, combin� avec un manque �vident de r�f�rences, qui a d� au Necronomicon d'�tre consid�r� comme un ouvrage sans valeur aucune par les historiens.

On l'appelle souvent ��l'Arabe Fou�� ou ��le Po�te Fou��, et bien qu'il fut certainement excentrique en comparaison � nos normes modernes, il n'y aucune preuve pour l'accabler de folie (si ce n'est son inhabilite chronique � maintenir une ligne de pens�e plus longtemps que quelques paragraphes avant de prendre la tangente). Il est int�ressant de constater que le mot signifiant folie (��majnun��) ait un sens plus ancien signifiant ��poss�d� par les djinns��, dont le sens deviendra plus clair plus loin (voir Qui sont les Grands Anciens�? ). On pourrait plut�t comparer Alhazred avec des personnalit�s telles que le philosophe n�oplatonicien grec Proclus (410 - 485). Proclus �tait compl�tement dans son domaine en astronomie, en math�matiques , en philosophie et en m�taphysique, mais �tait suffisamment vers� dans les techniques de th�urgie pour invoquer H�cate et provoquer son apparition. Proclus �tait aussi initi� aux Myst�res Egyptiens et Chald�ens. Ce n'est pas un hasard si Alhazred �tait intimement familier aux œuvres de Proclus.

Quelle est l'histoire des �ditions du Necronomicon�?

On n'a pas connaissance d'un quelconque manuscrit en arabe. L'�crivain Idries Shah a men� une recherche dans les biblioth�ques de Deobund en Inde, Al-Azhar en Egypte, et dans la Biblioth�que de la Cit� Sacr�e � La Mecque, sans aucun succ�s. Une traduction latine a �t� faite en 1487 (et non au XVII� si�cle, comme le proclamait � tort Lovecraft) par un moine dominicain, Olaus Wormius. Wormius, germain de naissance, �tait secr�taire du premier Grand Inquisiteur de l'Inquisition Espagnole, Tomas de Torquemada, et il est plus que certain que le manuscrit du Necronomicon est arriv� en sa possession pendant la pers�cution des Maures espagnols (��Moriscos��) qui furent convertis au catholicisme sous la contrainte, et ne firent pas preuve du niveau requis d'enthousiasme pour les doctrines de l'Eglise.

C'�tait un acte de pure folie de la part de Wormius de traduire et imprimer le Necronomicon en ce lieu et temps. Le livre doit avoir nourri une fascination obsessionnelle pour l'homme, parce qu'il fut finalement accus� d'h�r�sie et br�l� apr�s avoir envoy� un exemplaire du livre � Johann Tritheim, P�re Sup�rieur de Spanheim (et plus connu sous le nom de ��Trithemius��). La lettre accompagnant le livre contenait une interpr�tation d�taill�e et blasph�matoire de certains passages de la Gen�se. En th�orie, toutes les copies de la traduction de Wormius furent saisies et br�l�es avec lui, bien qu'il existe un soup�on in�vitable concernant au moins un exemplaire ayant trouv� sa place dans les rangs de la Biblioth�que du Vatican.

Presque cent ans plus tard, en 1586, un exemplaire de la traduction latine de Wormius a refait surface � Prague. Le Dr. John Dee, le fameux magicien anglais, et son assistant Edward Kelly �taient � la cour de l'Empereur Rudolph II pour discuter de fabrication d'or alchimique, et Kelly a achet� le livre chez le soi-disant ��Rabbi Noir��, le kabbaliste et alchimiste Jacob Eliezer, qui s'�tait r�fugi� � Prague apr�s avoir �t� accus� de n�cromancie en Italie. A cette �poque Prague �tait devenue un point de rencontre pour les magiciens, les alchimistes et les charlatans de tout type sous le patronage de Rudolph, et il est difficile d'imaginer un endroit plus propice en Europe pour la r�apparition d'un exemplaire…

On dirait que le Necronomicon eut une influence notable sur Kelly, car le caract�re m�me de ses incantations changea, et il produisit une masse �norme d'invocations qui remplit d'horreur l'entourage de Dee. Crowley interpr�ta cela comme la premi�re tentative de communication du Livre des Lois th�l�mique de la part d'une entit� extra-humaine. Kelly quitta Dee peu de temps apr�s. Dee traduisit le Necronomicon en anglais alors qu'il �tait directeur du Christ's College, � Manchester, mais, contrairement aux affirmations de Lovecraft, cette �dition ne fut jamais imprim�e - le manuscrit passa dans la collection du grand collectionneur Elias Ashmole, et par l� m�me � la Biblioth�que Bodl�ienne d'Oxford.

Des extraits du Necronomicon furent traduits en h�breu (probablement en 1664) et circul�rent sous une forme manuscrite, accompagn�s d'un commentaire extensif de Nathan de Gaza, apologiste mystique du pseudo-messie Sabbatai Tzevi. Cette version avait pour titre le Sepher ha-Sha'are ha-Daath, (le Livre des Portes de la Connaissance). Les r�cits relatifs � cette version sont si inhabituels qu'ils sont trait�s en int�gralit� plus loin (voir Qui �tait Nathan de Gaza).

Il y a beaucoup de faux se faisant passer pour le Necronomicon. On peut les reconna�tre par un manque total d'imagination et d'intelligence, des qualit�s qu'Alhazred poss�dait en abondance.

Quel est le contenu du Necronomicon�?

On conna�t bien le livre pour ses sp�culations ant�diluviennes. Il se trouve qu'Alhazred a d� avoir acc�s � de nombreuses sources perdues aujourd'hui, et des �v�nements dont on ne retrouve la trace que dans la Gen�se et l'apocryphe Livre d'Enoch, ou bien transform�s en mythologie dans s'autres sources, sont explor�s dans les moindres d�tails. Alhazred a peut-�tre utilis� des techniques magiques douteuses pour clarifier le pass�, mais il partageait aussi avec les auteurs grecs du V� si�cle avant J�sus-Christ tels que Thucylide un esprit critique, et une volont� d'explorer les significations des histoires sacr�es et mythologiques. Ses sp�culations sont remarquablement modernes, et pourraient expliquer sa popularit� actuelle. Il croyait que de nombreuses esp�ces autres que les humains avaient habit� la Terre, et qu'un grand savoir avait �t� pass� aux humains gr�ce � des rencontres avec des �tres d'���au-del� des sph�res�� ou ��d'autres sph�res��. Il partageait avec certains n�oplatoniciens la croyance selon laquelle les �toiles sont similaires � notre soleil, et poss�dent leurs propres plan�tes invisibles � nos yeux avec leurs propres formes de vie, mais �laborait cette croyance avec une bonne part de sp�culations m�taphysiques dans lesquelles ces formes de vie faisaient partie d'une hi�rarchie cosmique d'�volution spirituelle. Il �tait �galement convaincu d'avoir �t� contact� par des �tres qu'il appelait ��les Grands Anciens�� gr�ce � des invocations magiques, et mettait en garde contre les terribles pouvoirs qui attendaient leur retour pour r�clamer la Terre � nouveau. Il interpr�tait cette croyance (de fa�on fort surprenante�!) � la lumi�re de l'Apocalypse selon Saint Jean, mais inversait la fin de telle fa�on que la B�te triomphe apr�s une grande guerre dans laquelle la Terre est d�vast�e.

Qui sont les Grands Anciens�?

Il est relativement clair qu'Alhazred s'est inspir� de traditions existantes sur les ��Grands Anciens��, et qu'il n'a pas invent� ces traditions. Selon lui, les Grands Anciens �taient des �tres venant ��d'au-del� des sph�res��, certainement les sph�res des plan�tes, et dans la cosmographie de cette �poque ceci signifiait la r�gion des �toiles fixes ou au-del�. Ils �taient surhumains et extrahumains. Ils se sont accoupl�s avec des humains et engendr�rent une descendance monstrueuse. Ils transmirent le savoir interdit � l'humanit�. Ils cherchaient ind�finiment un passage vers notre plan d'existence.

Cette tradition est quasiment identique � la tradition juive des Nephilim (les g�ants de la Gen�se 6.2 -6.5). Le mot veut dire litt�ralement ��Ceux qui ont chu�� et d�rive de la racine verbale h�bra�que naphal, tomber. L'histoire cont�e dans la Gen�se n'est qu'un fragment d'une plus vaste tradition, dont on peut trouver un autre passage dans l'apocryphe Livre d'Enoch. Selon cette source, un groupe d'anges envoy�s pour surveiller la Terre vit les filles des hommes et en con�urent le d�sir. Ne voulant pas agir de fa�on individuelle, ils firent un pacte et jur�rent le silence mutuel, et deux cent de ces ��surveillants�� descendirent sur Terre et prirent femmes. Leurs femmes donn�rent le jour � des g�ants. Les g�ants se retourn�rent alors contre la nature et commenc�rent � ��p�cher avec les oiseaux et les b�tes et les reptiles et les poissons, et � s'entred�vorer, et � boire du sang��. Les anges d�chus leur apprirent � fabriquer des armes, des bijoux, des cosm�tiques, des sorts, l'astrologie et bien d'autres secrets.

Ces l�gendes s�par�es sont �labor�es dans des sources h�bra�ques plus tardives telles le Talmud, ce qui rend clair le fait que le Livre d'Enoch et la Gen�se se r�f�rent � la m�me tradition. Le D�luge cont� dans la Gen�se �tait la r�ponse directe au mal caus� par le commerce des humains avec les anges d�chus. Les anges d�chus furent bannis et maudits�:

��Et je proc�dai jusqu'au point o� les choses �taient chaotiques. Et je vis quelque chose d'horrible. Je ne vis nul ciel au dessus de ma t�te ni terre bien form�e, mais un endroit chaotique et horrible. Et l� je vis sept �toiles des cieux li�es entre elles dans ceux-ci, comme de grandes montagnes, et br�lantes de feu. Puis je dis�: ��Pour quel p�ch� ont-elles �t� bannies, pour quelle raison ont-elles �t� invoqu�es ainsi�?�� Puis Uriel, un des anges sacr�s qui �tait avec moi, et qui �tait leur chef, dit�: ��Enoch, pourquoi demandes-tu, et pourquoi es-tu aussi avide de v�rit�? Ce sont les �toiles des cieux qui ont transgress� le commandement du Seigneur, et qui sont li�es ici jusqu'� ce que dix mille ans, qui est le temps de punition qu'elles m�rit�rent par leurs p�ch�s, soit consomm�.��

Les traditions arabes pr�tendent que les Jinns ou Djinns �taient une race d'�tre surhumains qui pr�existaient � la cr�ation de l'esp�ce humaine. Les Djinns avaient �t� engendr�s du feu. Quelques traditions en font une race inf�rieure aux humains, mais les l�gendes les repr�sentent invariablement dot�s de pouvoirs magiques illimit�s, et les Djinns ont surv�cu jusqu'� nos jours sous les traits des g�nies dans les Contes des Mille et Une Nuits et l'Aladin de Walt Disney. L'Islam a int�gr� les Djinns au Coran, et de m�me que les elfes et les f�es ils ont perdu leur c�t� sombre et extr�mement mauvais avec le temps. Du temps d'Alhazred les traditions plus anciennes et plus sombres concernant les Djinns �taient toujours en vogue, et les magiciens arabes (��muqarribun��) essayaient encore d'obtenir connaissances interdites et puissance gr�ce au commerce avec les Djinns.

Comment invoque-t-on les ��Grands Anciens���?

Les �rudits occultes admettent g�n�ralement que le syst�me �nochien de Dee et Kelly a �t� directement inspir� par les passages du Necronomicon qui parle des techniques d'Alhazred pour invoquer les Grands Anciens. Il faut garder en t�te le fait que le Necronomicon �tait destin�, � l'origine, � n'�tre qu'un livre d'histoire, et que, bien qu'il nous fournisse quelques d�tails et autres formules, il est loin d'�tre un guide d'apprentissage pas � pas pour d�butants de l'invocation d'entit�s intelligentes protohumaines. Dee et Kelly durent compl�ter eux-m�mes de nombreux d�tails, ainsi leur syst�me est un hybride entre les id�es extraites du Necronomicon et des techniques de leur propre invention. Il semble ne faire aucun doute que leur Sigellum Del Aemeth, le langage �nochien, et que les Appels ou Cl�s �nochiennes soient d'authentiques emprunts, et nous devons douter de l'affirmation de Dee pr�tendant que Kelly les re�ut directement de l'archange Uriel. Bulwer Lytton, qui �tudia le manuscrit de Dee du�Necronomicon au si�cle pass�, pr�tend de fa�on affirmative qu'elles furent retranscrites directement depuis le livre, et que si elles furent communiqu�es directement par Uriel, c'est � Alhazred�!

Le nom m�me du syst�me, ���nochien��, est un indice, s'il n'en est pas d'autres, qu'il fut inspir� par les traditions ancestrales consign�es dans le Livre d'Enoch, et c'�tait l'intention de Dee et Kelly de rentrer en contact avec les Nephilim, ou les Grands Anciens. Le manuscrit du Livre d'Enoch avait �t� perdu jusqu'� la fin du XVII� si�cle, et Dee n'aurait eu acc�s qu'aux rares fragments cit�s dans d'autres manuscrits, ainsi le nom de leur syst�me aurait �t� quelque peu �nigmatique si on ne savait pas qu'ils avaient acc�s � la compilation de l�gendes d'Alhazred concernant la Chute et la fin du monde. Il ne fait aucun doute qu'Alhazred a eu acc�s au Livre d'Enoch, puisque il �tait ais� � consulter au Moyen Orient au IX� Si�cle.

On peut trouver un autre indice dans l'Appel des Trente Aethyrs, le dix-neuvi�me appel �nochien. Aleister Crowley appelait cet appel ��la mal�diction originelle de la Cr�ation.�� Il est exprim� comme par la voix de Dieu, et est une mal�diction touchante (et extr�mement �rudite [1] ) sur le monde, l'humanit�, et toutes ses cr�atures, se terminant par ��Et pourquoi�? J'ai regrett� d'avoir cr�� l'Homme.��

Elle est identique au sentiment exprim� par la Gen�se 6.6 dans laquelle on peut lire ��Et Dieu se repentit d'avoir cr�� l'homme sur terre, et ceci causait grande douleur en son cœur.�� Ce vers suit imm�diatement une s�rie de vers qui d�crivent le mal fait par les Nephilim et le p�ch� du monde qui en r�sulte, et il est suivi par la d�cision prise par Dieu de supprimer toute vie � la surface de la Terre par un D�luge Universel. Aleister Crowley, faisant ici l'usage de son immense connaissance de la Bible, reconnut l'Appel des Trente Aethyrs pour ce qu'il �tait�: la mal�diction de Dieu sur les Nephilim et le mal qu'ils avaient fait. C'est cette mal�diction qui les chassa de la surface de la Terre et les consigna � leur s�jour dans l'Abysse.

Il est difficile de sous-estimer cet indice. Pour r�sumer�: la cl�, ou porte, permettant d'explorer les trente Aethyrs est un Appel en langage �nochien, dont Dee pr�tendait qu'il �tait le langage des Anges, et cet Appel est une mal�diction par laquelle les Nephilim furent consign�s � l'Abysse en premier lieu. Ceci est typique d'une pratique ancestrale de contr�le des forces d�moniaques�: tous les moyens anciens pour subordonner une entit� peuvent �tre utilis�s par le magicien comme m�thode de contr�le. Cette formule est utilis�e dans presque tous les grimoires m�di�vaux. Dans certains cas le magicien est assez explicite et nomme pr�cis�ment ces occasions pendant lesquelles l'entit� a �t� contr�l�e par le biais d'une formule. L'entr�e concernant les Trente Aethyrs commence avec une mal�diction divine parce qu'elle est cens�e donner le contr�le sur les entit�s qu'elle invoque�: les Nephilim, Ceux Qui Ont Chu. Les Grands Anciens. Elle �tablit sans aucun doute le fait que le syst�me �nochien de Dee et Kelly �tait identique dans l'esprit, et tr�s certainement dans la pratique, au syst�me d'Alhazred d�crit dans le Necronomicon.

Crowley le savait. Un de ses plus importants travaux magiques (consign� dans La Vision et la Voix) fut sa tentative de p�n�trer les Aethyrs en utilisant les Appels �nochiens. Il le fit en traversant le d�sert nord-africain en compagnie du po�te Victor Neuberg. Pourquoi le d�sert�? Crowley dit qu'il n'avait ��aucun but magique en particulier�� en se rendant l�-bas, et qu'il ��s'est trouv頻 qu'il avait les Appels �nochiens dans son sac � dos. Il nous cache quelque chose. Il choisit le d�sert pour son travail parce qu'il avait eu des difficult�s � p�n�trer le 28�me Aethyr durant ses recherches initiales au Mexique, et parce qu'il voulait reproduire la pratique d'Alhazred aussi fid�lement que possible. Alhazred fit ses d�couvertes les plus importantes alors qu'il voyageait dans le Rub al Khali, un d�sert vaste et inhabit� au sud de l'Arabie — le fait d'�tre coup� du monde l'aida � passer sa conscience dans les perspectives totalement �trang�res des Aethyrs. Crowley avait lu les rapports d'Alhazred (voir ci-dessous) et il �tait dans sa nature d'essayer d'imiter les gens qu'il respectait et admirait particuli�rement — il passa une bonne partie de sa vie � essayer de reproduire les exploits de Richard Burton, l'explorateur, aventurier, �crivain, linguiste et exp�rimentateur d'obscures pratiques sexuelles.

Pourquoi le Necronomicon a-t-il des liens avec la mythologie nordique�?

La nature apocalyptique des mythes nordiques, et des comparaisons d�taill�es entre Ragnorok et les �v�nements proph�tis�s par Alhazred, ont pouss� de nombreux commentateurs � se demander si il pourrait y avoir un lien entre eux, m�me si cette hypoth�se pourrait para�tre hasardeuse � premi�re vue. Des recherches r�centes ont d�montr� qu'un lien �trange et compl�tement inattendu existe bien.

Dans la mythologie nordique les dieux de la Terre et de l'Humanit�, Aesir et Vanas, existent en cohabitation avec une horde de puissances anciennes et hostiles repr�sent�es par les g�ants de glace et de feu qui r�dent au nord et au sud du Grand Foss� Abyssal Ginnunga, et aussi par Loki (le Feu) et sa prog�niture abominable. � Ragnarok, le cr�puscule des dieux, ces anciennes puissances reviennent une fois de plus et un combat mortel s'en suit. Les plus redoutables de ces adversaires sont Surtur et les g�ants de feu de Muspelheim, qui ach�vent la destruction du monde.

On a l� l'essentiel de la proph�tie d'Alhazred concernant le retour des Grands Anciens. C'est �galement la proph�tie de Crowley concernant l'�on d'Horus, dieu du feu conqu�rant. Les g�ants de feu de Muspelheim ne sont autres que les Djinns, et il est m�me probable que Surtur ne soit qu'une corruption du mot Surturiel — Uriel, l'ange d�sign� pour surveiller les Nephilim, est nomm� ainsi d'apr�s le mot d'ancien h�breu signifiant ��feu��. De m�me que Surtur, il porte une �p�e ardente.

Uriel revient encore et toujours lorsqu'on parle du Necronomicon. Bien qu'�tant ostensiblement un des archanges les plus puissants de la Pr�sence de Dieu, il poss�de un c�t� sombre qui ressurgit de temps � autres et on est en droit de se demander si il garde les Nephilim, ou si il les commande. Ceci pourrait refl�ter notre propre ambivalence en ce qui concerne le feu, mais il se pourrait �galement que les anges et les Grands Anciens ne soient que les deux incarnations de la m�me puissance.

Ces liens entre le Necronomicon d'Alhazred et le mythe de Ragnorok, aussi fragile qu'il paraisse, n'est plus consid�r� actuellement comme �tant une co�ncidence, et l'histoire de la fa�on dont le Necronomicon est entr� en Islande est assez remarquable. Elle commence dans la ville de Harran au nord de la M�sopotamie.

La ville de Harran �tait notable par le fait que le reste de la r�gion avait �t� conquise par les arabes vers 633-643, et converti � l'Islam, tandis que les Harraniens ne le furent pas. Ils continu�rent � pratiquer le paganisme et adoraient la lune et les sept plan�tes. Fait encore plus remarquable, ils poss�daient un grand nombre de documents herm�tiques et n�oplatoniciens, et quand ils furent finalement press�s (en 830) de nommer un proph�te ��approuv頻 par le Coran, ils nomm�rent Herm�s Trism�giste et son professeur Agathos Daemon. De nombreux harraniens s'en furent � Bagdad o� ils maintinrent une communaut� distincte et o� ils �taient connus sous le nom de Sabiens. Leur familiarit� avec la langue grecque leur donna acc�s � une grande connaissance en litt�rature, et nombre d'entre eux devinrent c�l�bres en tant que philosophes, logistes, astronomes, math�maticiens ou m�decins. Alhazred parle des Sabiens et les d�crit comme �tant ��fameux pour leur connaissance et leur sagesse en des choses depuis longtemps oubli�es��. Il est hautement probable qu'il ait �tudi� avec eux. Ils formaient une communaut� �rudite qui avait r�ussi � conserver des liens avec le paganisme, la philosophie et les traditions secr�tes des mondes arabe et grec bien apr�s qu'elles aient �t� bannies partout ailleurs.

Les Sabiens surv�curent en tant que communaut� distincte jusqu'au XI �me si�cle, mais la puissance de l'orthodoxie islamique s'intensifia jusqu'au moment o� on n'entendit plus parler d'eux pass� l'an 1050 environ. C'est � peu pr�s � cette date (les sources nordiques indiquent 1041 ou 1042) qu'un grand nombre de documents arriv�rent � Byzance et tomb�rent entre les mains de Michael Psellus, le fameux historien n�oplatonicien et d�monologue. La masse des documents formait ce que l'on conna�t d�sormais sous le nom de Corpus Hermeticum, mais il existait d'autres documents, dont une copie en syriaque du Al Azif, que Psellus traduisit imm�diatement en grec. Il semble faire peu de doutes qu'un Sabien influent et important avait d� d�m�nager de Bagdad � Byzance en qu�te d'un climat plus tol�rant. Si oui ou non il l'a trouv� est loin d'�tre s�r�!

Le XI �me si�cle �tait ce que les chinois appelleraient ��une �poque int�ressante��. Le duc Guillaume de Normandie envahit l'Angleterre et tua le roi Harold Godwinson. La fille du roi Harold Godwinson �pousa le prince Vladimir Monomaque de Kiev (dont la m�re �tait la fille de Constantin IX Monomaque de Byzance). Les russes, assist�s par un grand nombre de scandinaves, avaient envahi Byzance en 1043, cet �v�nement fut observ� par Michael Psellus lui-m�me, qui se trouvait aux c�t�s de l'empereur. Harald Hadrada (��l'impitoyable��) qui devint plus tard Roi de Norv�ge, rejoignit l'arm�e byzantine avec un grand nombre de Vikings (les ��Varanger��), fit une campagne sanglante et imposante, et arracha les yeux de l'empereur Michel Caliphates en 1042. Le roi Harald Hadrada de Norv�ge envahit l'Angleterre en 1066 et fut tu� par le roi Harold Godwinson… qui fut tu� par le duc Guillaume � la bataille de Hastings. Il y a peu de soap op�ras comparables � ces m�lis-m�los paneurop�ens. Ce sera tout pour les �ges Sombres.

L'imagerie populaire qui repr�sente les Vikings en habits de fourrure avec des casques � cornes est largement erron�e. Ils �taient, parmi les troupes d'infanterie lourde de l'�poque, les mieux �quip�s et les plus exp�riment�s. Leurs voies de commerce parcouraient des milliers de kilom�tres, de l'Am�rique du Nord au Groenland, � la Grande-Bretagne et l'Irlande, comprenaient toute la c�te atlantique de l'Europe, et allaient de la Russie � Byzance. Ils �taient largement employ�s en tant que gardes du corps (Varanger) pour les empereurs byzantins. La plupart des Varan Gers parlaient grec couramment. L'ann�e exacte durant laquelle Harald s'en vint � Byzance n'est pas connue � cause de divergences l�g�res entre les sources nordiques et byzantines, mais le rapport qu'on en trouve dans le Heimskringla nous informe qu'il fut au service de l'imp�ratrice Zo� la Grande entre 1030 et 1040. La description de leur arriv�e en drakkars est saisissante�:

��Les vaisseaux aux boucliers de fer

Portaient des gr�ements color�s.

Le grand prince voyait au devant

Les toits de cuivre de Byzance�;

Ses bateaux � la proie de cygne gliss�rent

Vers la ville-aux-grandes-tours.��

La coutume de cette �poque voulait que quand l'Empereur mourait, les Varangers avaient permission de piller le palais et pouvaient garder tout ce qu'ils trouvaient. C'�tait une �poque turbulente et violente (l'imp�ratrice Zo� �tranglait ses maris dans leur bain) et Harald prit part � trois de ces pillages. Selon les chroniqueurs il acquit ainsi une grande fortune.

Harald avait deux proches compagnons d'armes, Halldor Snorrason et Ulf Ospaksson. Halldor �tait brutal, imperturbable et aust�re au point d'en devenir rustre, et �tait le fils de Snorri le Pr�tre, un grand chef islandais. Ulf �tait extr�mement perspicace et �loquent et finit par se marier � la belle-sœur de Harald, devenant Marshall de Norv�ge. Il �tait un incorrigible intrigant, un bon po�te, parlait grec couramment, et il aimait passait du temps avec Psellus, en partie pour discuter de po�sie grecque, mais surtout pour garder un doigt sur le pouls de la politique de palais byzantine. Il vit Psellus traduire Al Azif, en discuta le contenu avec lui, et dans la confusion d'un pillage de palais en profita pour arranger la ��disparition�� d'un des manuscrits de Psellus. Heureusement que Psellus poss�dait toujours la version originale en Syriaque, sinon le Necronomicon aurait disparu de l'histoire.

Arriv�s � ce point on ne peut qu'�mettre des hypoth�ses. On ne sait pas comment Halldor obtint le Al Azif. On sait que Ulf et Halldor rentr�rent en Norv�ge avec Harald, et que Halldor rentra en Islande, emportant avec lui l'histoire des aventures de Harald et bien d'autres choses. On le sait parce qu'un des descendants de Halldor �tait Snorri Sturluson (1179 - 1241), la figure la plus illustre de la litt�rature islandaise, auteur non seulement du Heimskringla mais aussi d'autres œuvres tr�s importantes au nombre desquelles figure le Prose Edda qui reste la source primordiale de tout ce qu'il nous reste de mythes nordiques. On sait que Sturluson avait de grandes quantit�s de documents disponibles pour ses recherches, et on peut maintenant affirmer que certains �l�ments du Necronomicon se trouv�rent m�lang�s aux mythes nordiques originels dans la description de Sturluson du Ragnarok.

Qu'est-il arriv� au manuscrit vol� � Michael Psellus�? Bonne question…

Pourquoi le romancier H.P.Lovecraft a-t-il pr�tendu avoir invent� le Necronomicon�?

La r�ponse � cette question int�ressante r�side en deux personnes�: le po�te et magicien Aleister Crowley, et une modiste de Brooklyn nomm�e Sonia Greene. Il est �vident que Crowley a lu la traduction de Dee du Necronomicon � la Biblioth�que Bodl�ienne, probablement alors qu'il faisait des recherches dans les papiers de Dee�; il y a trop de passages dans le Livre des Lois de Crowley qui ressemblent trait pour trait � des extraits de cette traduction. Soit il a recopi�, soit Crowley, qui pr�tendait se rappeler de sa vie ant�rieure en tant qu'Edward Kelly, s'est souvenu de ces passages�!

Pourquoi Crowley ne cite-t-il pas le Necronomicon dans ses œuvres�? Il �tait �tonnamment r�ticent � propos de ses v�ritables sources. Il y a un grand soup�on pesant sur 777, que Crowley a pr�tendu avoir �crit, et qui ne serait qu'un plagiat des notes d'Allan Bennet. Sa dette spirituelle � Nietzsche, de qui Crowley a dit un jour d'inattention qu'il �tait ��presque un avatar de Thot, le dieu du savoir��, il la d�nia avec soin. De m�me pour l'influence du Kasidah de Richard Burton sur sa doctrine de la Volont� Pure.

On peut soup�onner le Necronomicon d'avoir �t� embarrassant pour Crowley au moment o� il a r�alis� la somme �norme de plagiats qu'il en avait fait et de passages entiers de ce livre qu'il avait recopi�s dans Le Livre des Lois.

En 1918 Crowley �tait � New York. Comme toujours, il essayait d'y �tablir sa r�putation litt�raire, et contribuait � l'International et � Vanity Fair. Sonia Greene �tait une �migr�e juive �nergique et ambitieuse qui r�vait de gloire litt�raire, et elle s'�tait inscrite � un club de d�ners mondains et de lectures qui s'appelait ��Walker's Sunrise Club�� (�?!)�; c'est l� qu'elle rencontra Crowley pour la premi�re fois, au cours d'une soir�e o� il avait �t� invit� pour faire un discours sur la po�sie moderne.

Ils allaient bien ensemble�: dans une lettre � Norman Mudd, Crowley d�crit sa femme id�ale ainsi�:

�…plut�t grande, bien b�tie et pulpeuse, vive, ambitieuse, �nergique, passionn�e, de trente � trente cinq ans, probablement juive, peut-�tre m�me une chanteuse ou une actrice habitu�e � de telles futilit�s. Il faut qu'elle soit `� la mode', peut-�tre m�me un brin bruyante et vulgaire. Tr�s riche, bien �videmment.��

Sonia n'�tait ni actrice ni chanteuse, mais �tait qualifi�e dans d'autres domaines. Elle gagnait ce qui, � cette �poque, pouvait �tre qualifi� d'�norme somme d'argent en tant que conceptrice et vendeuse de chapeaux pour dames. Elle �tait d�crite sous des qualificatifs tels que ��digne de Junon��, ��une femme d'un grand charme et au magn�tisme personnel��, ��terriblement attractive avec une allure extr�mement f�minine��, ��une des plus belles femmes que j'aie jamais rencontr�es�� ou ��un phonographe humain �rudit mais excentrique��. En 1918 elle avait trente cinq ans, �tait divorc�e et avait une fille adolescente. Crowley ne perdait pas de temps avec les femmes, et ils se fr�quent�rent de fa�on irr�guli�re pendant quelques mois.

En 1921 Sonia Greene rencontra le romancier H.P.Lovecraft et la m�me ann�e Lovecraft publia la premi�re nouvelle dans laquelle il mentionne Abdul Alhazred (La Cit� Sans Nom). En 1922 il �crivit pour la premi�re fois le nom de Necronomicon (Le Molosse). Le 3 Mars 1924 H.P.Lovecraft et Sonia Greene se mari�rent.

On ne sait pas ce que Crowley a dit � Sonia Greene, et on ne sait pas ce que Sonia a racont� � Lovecraft. N�anmoins, on peut toujours m�diter sur l'extrait suivant de L'Appel de Cthulhu (1926)�:

��Ce culte ne dispara�trait qu'au moment o� les �toiles seraient � nouveau comme il le fallait [pr�cession des �quinoxes�?] et que les pr�tres secrets pourraient aller chercher le grand Cthulhu dans sa tombe pour qu'il redonne vie � Ses sujets et Se remette � gouverner la terre. Il ne serait pas difficile de savoir quand ce temps serait venu car, alors, l'humanit� serait tout � fait semblable aux Grands Anciens�; libre et fougueuse, au-del� du bien et du mal, les lois et les morales rejet�es, tous ses membres criant, tuant, se divertissant joyeusement. C'est alors que les Anciens, lib�r�s, leur enseigneraient de nouvelles mani�res de crier et de tuer, de se divertir et de jouir de leur existence�; puis toute la terre s'enflammerait dans un holocauste d'extase et de libert�.��

(Trad. Claude Gilbert, � Ed. Deno�l)

Ce passage est peut-�tre bref et confus mais il contient ind�niablement l'�cho du Livre des Lois de Crowley. Il est ais� d'imaginer une situation dans laquelle Sonia et Lovecraft rient et discutent dans un salon �clair� par une chemin�e d'une nouvelle histoire, et pendant laquelle Sonia introduit subrepticement quelques id�es emprunt�es � ce que Crowley lui a racont�; elle ne mentionne m�me pas Crowley, parle juste assez pour exciter l'imagination de Lovecraft. Il n'y a aucune preuve que Lovecraft ait jamais vu le Necronomicon, ni m�me su que le livre existait vraiment. Son Necronomicon est remarquablement proche de l'esprit de l'original, mais tous les d�tails ne sont que pure invention, comme on pourrait s'y attendre. Il n'y a jamais eu de Yog-Sototh, Azatoth ou Nyarlathotep dans l'original, mais il y avait un Aiwaz…

Qui �tait Nathan de Gaza�?

Nathan de Gaza a provoqu� un des �v�nements les plus importants de l'histoire du juda�sme. En 1665, alors qu'il n'avait que 21 ou 22 ans, il proclama que Sabbatai Tzevi �tait le Messie. En soi ce n'�tait pas extraordinaire, et il y avait eu d'autres voix qui avaient clam� la m�me chose par le pass�, mais due aux personnalit�s extraordinaires de Nathan et de Sabbatai Tzevi, l'annonce de l'arriv�e du Messie se r�pandit comme un feu de paille dans toute l'Europe. Les r�percussions de cet �v�nement dur�rent des si�cles. Le juda�sme s'en trouva chang� pour toujours.

Nathan �tait n� � J�rusalem en 1643 ou 1644. Il prit pour �pouse la fille d'un marchand fortun� de Gaza et s'installa dans cette ville. Il �tait un brillant �tudiant de la Torah et du Talmud, et entreprit l'�tude de la Kabbale en 1664. � cette �poque l'atmosph�re �tait charg�e de l'esp�rance en l'arriv�e du Messie. Le kabbaliste brillant et charismatique, Isaac Luria, avait proph�tis� que le processus de restauration �tait presque achev�, et que le temps de la r�demption du Messie �tait proche. Un des attributs cl�s dans la Kabbale de Luria �tait la croyance que, due � une catastrophe primordiale durant la cr�ation de l'univers, les �mes humaines avaient �t� immerg�es dans un monde grossier et mat�riel qui �tait proche du domaine des Klippoth. Les Klippoth �taient la source du mal. Le mot signifie coquille ou cosse, et l'implication en est que les Klippoth �taient les cosses ou coquilles de mat�rialit� qui enferment l'esprit.

La Kabbale de Luria �tait bas�e sur des traditions tr�s anciennes. Une de ces traditions est que Dieu a cr�� plusieurs autres mondes avant le n�tre, mais ils �taient instables, d�s�quilibr�s et se sont d�sint�gr�s. Au III�me Si�cle, le Rabbi Abbahu �crivit ��Dieu fit de nombreux mondes et les d�truisit jusqu'� ce qu'il cr�e l'univers pr�sent.�� Combin�es avec la l�gende biblique des Rois d'Edom qui furent mais ne sont plus, ce conte produisit un mythe �labor� concernant la cr�ation de l'univers. La qualit� que le Kabbalistes nomment Din, ou jugement, est cette qualit� qui s�pare une chose d'une autre. Les Klippoth repr�sentent une incarnation extr�me de cette qualit�. La cr�ation de l'univers fut essentiellement un processus de d�finition et de s�paration, et donc une expression du Din, mais les pouvoirs du Din �taient trop concentr�s pour cr�er un univers viable et durent �tre s�par�s afin qu'une seconde cr�ation, viable cette fois, pr�t place. Ces r�sidus concentr�s de la cr�ation originelle, le pur Din, churent dans l'abysse. Malheureusement quelques �tincelles de lumi�re tomb�rent avec eux, ainsi les Klippoth devinrent plus que de simples coquilles vides. Ils poss�daient de la vie. Pas beaucoup de vie, mais assez. Le p�ch� humain renforce les Klippoth car il transf�re un peu de notre vie en eux. Si un humain est �go�ste, par exemple, il cr�e une s�paration entre lui et un autre, et ainsi les Klippoth s'en trouvent renforc�s par son �go�sme.

Le besoin de lib�rer des parcelles de lumi�re de l'emprise des Klippoth �tait un des th�mes dominants de la Kabbale. On croyait que vivre selon les commandements de la Torah et combiner ce mode de vie � la concentration, la m�ditation et l'intention magique pouvait aider � lib�rer la lumi�re pi�g�e, mais que vivre dans le p�ch� �tait un moyen s�r de renforcer l'emprise des Klippoth. Dans des d�veloppements ult�rieurs les Klippoth �taient vus comme des puissances d�moniaques et primordiales avec sept rois, refl�tant les sept mots d�truits de la cr�ation originelle.

Les Klippoth fascinaient fortement Nathan de Gaza. Sabbatai Tzevi semble avoir �t� un maniaco-d�pressif. Dans ses phases maniaques il avait la plus extraordinaire force de personnalit�, et il y a de nombreux t�moignages d�crivant son visage brillant litt�ralement comme le soleil lui-m�me. Dans ses extases il faisait des choses qu'aucun juif pieux n'aurait faites. Nathan r�digea un document intitul� Trait� des Dragons (les dragons �tant les Klippoth) qui �tait une tentative de mystifier le comportement de Tzevi, en l'expliquant en termes de descente du Messie dans le monde des Klippoth afin de racheter les �tincelles restants (tout comme le Christ est d�crit parcourant l'Enfer, et Orph�e descendant aux Enfers pour secourir sa bien-aim�e). Les cr�dits mythiques du Trait� des Dragons sont impeccables.

Avant la publication du Trait�, Nathan fit circuler un document curieux, le Sepher ha-Sha'are ha-Daath. Il le d�crivit comme �tant un commentaire de deux chapitres du livre d'Alhazred, un ancien trait� d'histoire du monde. Le titre signifie ��le Livre des Portes de la Connaissance��. Le mot signifiant connaissance, da'ath, a un sens technique. Quand la Bible fut traduite en grec, le mot da'ath fut traduit par gnose. Da'ath a un statut tr�s particulier dans la Kabbale, en ce sens qu'il signifie une sorte de non-existence, le n�ant. Dans la Kabbale Herm�tique moderne, on le repr�sente parfois sous la forme d'un trou ou d'un portail dans un ab�me de conscience. Les exp�riences de Crowley avec l'Appel des Trente Aethyrs l'ont men� dans cet ab�me.

Da'ath a un double aspect�: d'un c�t� il est notre connaissance du monde des apparences, le corpus de faits qui constitue nos croyances et g�n�re l'illusion d'identit�, d'ego et de s�paration. De l'autre c�t� c'est la r�v�lation, la connaissance objective, qu'on d�signe souvent par gnose. La transition entre la connaissance du monde de l'apparence et la r�v�lation provoque l'exp�rience de l'ab�me, l'abolition du sens de l'ego, la n�gation de l'identit�. Depuis l'ab�me toute identit� est possible. C'est le chaos, non form�. Il contient, comme elles �taient primordialement, les graines de l'identit�. C'est depuis ce point qu'une infinit� de portes s'ouvrent, chacune �tant un passage vers un mode d'existence. Ce sont ces passages que Nathan appelle les ��Portes de la Connaissance��.

Les propositions de Nathan semblent avoir �t� de d�velopper une mythologie pour l'exploration syst�matique des Klippoth, en tant que composante de la mission de r�demption des �tincelles de lumi�re, en utilisant quelques unes des techniques d'Alhazred. C'est un d�veloppement extraordinaire du travail de l'arabe, reconnaissant les Klippoth comme �tant les Grands Anciens primordiaux. On trouve son pendant moderne dans le C�t� Sombre d'Eden de Kenneth Grant (Nightside Of Eden).

Nathan fut largement suivi et pendant de nombreuses ann�es le juda�sme se trouva sous le coup d'une accusation d'h�r�sie. De nombreux Rabbis importants et des chefs de communaut� s'alli�rent � Nathan, et cela prit plus d'un si�cle pour que ce drame se d�noue. Finalement, le mouvement sabbat�en se fit souterrain, et bien qu'il soit certain qu'un exemplaire du Sepher ha-Sha'are ha-Daath existe dans une biblioth�que priv�e quelque part, personne ne voudra admettre le poss�der.

O� peut-on trouver le Necronomicon�?

� peu pr�s certainement nulle part, en r�sum�, et une fois de plus on peut soup�onner Crowley d'y �tre pour quelque chose. En 1912 Crowley rencontra Theodor Reuss, Grand Ma�tre de l'Ordre du Temple Oriental (Ordo Templi Orientis) allemand, et a travaill� pour l'O.T.O. pendant sept ans, jusqu'� ce qu'en 1922 Reuss d�missionne en sa faveur. Donc Crowley a travaill� en contact �troit avec le dirigeant d'un groupe ma�onnique allemand pendant 10 ans en tout. Entre 1933 et 1938 les quelques exemplaires connus du Necronomicon ont purement et simplement disparu�; quelqu'un dans le gouvernement allemand d'Adolf Hitler s'int�ressa � la litt�rature occulte obscure et commen�a � obtenir tous les exemplaires par tous les moyens possibles et (in)imaginables.

La traduction de Dee disparut de la Biblioth�que Bodl�ienne suite � un cambriolage au printemps 1934. Le British Museum souffrit de plusieurs vols avort�s, et l'�dition de Wormius fut effac�e du catalogue et d�pos�e dans un lieu souterrain dans une mine convertie du Pays de Galles (l� o� les Joyaux de la Couronne furent entrepos�s entre 1939 et 1945). D'autres biblioth�ques �gar�rent leurs exemplaires, et aujourd'hui il n'existe pas de biblioth�que avec une entr�e au catalogue concernant un exemplaire r�el (et historique) du Necronomicon. On ne sait pas avec pr�cision o� se prom�nent ces livres actuellement, mais on entend souvent parler d'une grande cache de mat�riaux occultes et de documents magiques dans la r�gion d'Osterhorn � c�t� de Salzbourg — histoires qu'on peut relier � celle de cet exemplaire reli� en peau d'une des victimes des camps de concentration.

En conclusion

Une des choses qui frappent lorsqu'on fait des recherches sur ce livre est que le Necronomicon n'est pas un livre intemporel et ne sort pas de nulle part. Alhazred ne l'a pas �crit dans un vide spatio-temporel absolu. Aussi extraordinaire que puisse �tre son contenu, il n'est gu�re plus qu'une extrapolation sur un savoir pr�existant. Beaucoup d'�crivains ont suivi un cheminement identique, mais pas toujours d'une fa�on aussi extr�me. Si on devait marier La Doctrine Secr�te de Blavatsky avec le Nightside of Eden de Grant, et demander � Nathan de Gaza d'�diter le r�sultat, on aurait quelque chose de comparable � l'œuvre, au magnus opus d'Alhazred.

Peut-�tre qu'on en attend trop de ce livre. Ce n'est, apr�s tout, qu'un livre. Aucun livre, quel que soit son contenu �sot�rique, ne peut r�pondre � l'attente que l'on lie � son myst�re intrins�que, et c'est ce myst�re que veulent les gens. Le myst�re de la cr�ation. Le myst�re du bien et du mal. Le myst�re de la vie et de la mort. Le myst�re des choses depuis longtemps d�funtes. On sait que l'univers est d'une immensit� qui d�passe l'entendement de l'imagination. Qu'y a-t-il l�-bas�? Que s'est-il pass�? Quelles puissances �trang�res influent sur notre monde�?

Les anciens se posaient ces questions. Ils n'avaient pas peur de tisser des mythes ni d'imaginer. Nous le faisons aussi, mais nos Star Trek et nos Babylon Five nous rassurent quant � la s�curit� et le confort de l'univers, vu comme un endroit o� tout le monde parle notre langue et assiste � des cours intitul�s par exemple ��accepter la diversit� et les diff�rences culturelles.��

Le Necronomicon a du succ�s non pas � cause de son contenu, largement inconnu, mais � cause de la terreur existentielle induite par son existence m�me. Il ne rassure pas. Il ne nous dit pas que l'univers est un endroit s�r et confortable. Il nous dit que nous ne sommes qu'un grain de poussi�re d'un cosmos vaste et �tranger, et que d'�tranges choses s'y passent en quantit�. Regardez n'importe quel trait� d'astronomie ou d'astrophysique�:

Il ne vous dira pas le contraire.

(Texte � Colin Low 1991-1995, version �dit�e en Septembre 1995, contact cal@digital-brilliance.com)

(Trad. � 2001/2002 Fr�d�ric Chauvet, contact lloyd_cf@yahoo.com)

[1] Crowley �crit�; ��[les Cl�s] contiennent des passages de sublime soutenu que Shakespeare, Milton et la Bible ne surpassent pas.�� En effet, il y a de nombreuses r�p�titions, mais certains passages sont simplement magnifiques. Pour r�pondre � Crowley, si Dee �tait un charlatan, il �tait un g�nie litt�raire du calibre d'Isa�e.

Cet article a �t� �crit en compilant des informations obtenues dans The Book Of The Arab par Justin Geoffry, Starry Wisdom Press, 1979.

Colin Low tient � remercier Parker Ryan pour ses recherches sur les pratiques magiques en Arabie.

Colin Low n'a jamais lu le Necronomicon, n'a jamais vu le Necronomicon, et n'a aucune information sur un lieu o� on pourrait le trouver.

De m�me pour Fr�d�ric Chauvet, qui n'a lu de ce titre que l'ouvrage que George Hay a consacr� au mythe, largement parodique, sous la tutelle de Colin Wilson, et le recueil d'illustrations magnifiques que HR Giger a consacr� � l'Al-Azif.



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