AYANT PROPOS
Je souscris a une position sur la recherche scientifiąue qui considere que les faits sociaux pertinents sont dependants de la theorie utilisee. II devient alors impossible de separer totalement les faits historiques d’un jugement de valeur. Ainsi, il m’apparait impossible de detacher la connaissance d’un sujet du contexte social dont celle-ci est issue. Cette attitude reflexiviste exige donc de renoncer a Pobjectivitć pure et d’enoncer clairement les biais subjectifs prealables a la recherche. Je suis un rćserviste des Forces canadiennes depuis fevrier 2001 et j’ai participe a la mission du Canada a Kandahar en 2007 ou j’y ai observe un conflit arme sans resolution possible. J’ai aussi effectuć un stage de huit mois au bureau de 1 ’Afrique du Ministere des Affaires ćtrangeres et du Commerce intemational, ou j’ai constatć un decouragement devant les politiques du gouvemement. Toutefois, le contenu de ce memoire ne represente ni le point de vue du Ministere de la Defense nationale, ni celui des Affaires etrangćres ou meme le gouvemement du Canada. Ses conclusions n’engagent que moi.
Dans un contexte de nćoliberalisme ćconomique triomphant, la fonction publique subit des assauts repetes. Selon moi, 1’etude du role des bureaucraties sur la politique etrangere ne peut etre sćparee d’une volonte de rćhabiliter le role essentiel que ces bureaucraties jouent dans la societć; role souvent dćnigre par des stereotypes faciles et bien ancrćs dans les perceptions collectives. De plus, le choix de 1’Afghanistan comme etude de cas s’appuie sur deux raisons inter-reliees : d’une part, j'amorce cette recherche avec un bagage de connaissances prćalables sur le contexte afghan et d’autre part, je constate une lacune majeure dans la majoritć des analyses canadiennes concemant notre presence en Afghanistan. Cette lacune consiste en une connaissance superficielle du contexte historique, culturel, politique, socio-economique et gćographique de ce pays. En ce sens, le dćbat scientifique traite de ce que devrait etre le Canada, plutót que ce qu’est VAfghanistan. Pourtant, a sa conclusion, il s’agira de la principale decision de politique etrangere du Canada de la demiere decennie.