15 UN DEBAT' LES MENTALITES COLLECTIVES 587
hensifs k 1’fegard dek Turcs, sans pour cela 8’empócher de fustiger leurs Łares ety condamner sfeyferement l;£Lpre rfegime de domination instaurfe dans les Balkans ou les populations bulgares, serbes ou appartenant k d’autres nationalitfes, subissaient le joug implaccable de 1’autoritó otto-mane; Leurs tfemoignages rfeyfelent ógalement la puissante influence exercfee par le folklore national sur la culture de ces peuples, leur attachement aux traditions de leur glorieux passfe moyen-&geux ainsi que leur apparte-nance, dans le domaine des lettres et des arts, M’aire spirituelle de cróation orthodoxe-byzantine> enveloppfee d’un incontestable slavisme.
Le XVIII* siecle — que l’on a dfesignfe sous le nom de « siacie des lumiereś » ayait felargi 1’horizon et la capacitfe d’analyse de ces voya-geurs europćens sillonant les territoires de 1’Empire ottoman fet en avait accentuó l’esprit critique. Le retard manifestfe par les Turcs sur le plan technique — et particulierement sur le £lan scientifique — ainsi que leur attachement k un islamisme enkystfe et traditionaliste, opposfe a tohte initiative innovatrice, furent parfaitement saisis par la plume de ces homrnes vepus d’ailleurs et qui assistaien^y k la lenta mais irrfeyersible dśsagrfegation de 1’Etat xlu « Grand Turo» ayant jadis fait trembler le monde. Le baron de Tott, le comte de Ferrieres de Sauveboeuf, Sir Sidney Smith ou bieu William Eton condamnent severement—tout particulifere-ment — cette attitude qui prścipite les Turcs vers un infeluctable dfeclin. Une des plus marquantes consćquences de la lethargie qui paralysait progressivement l’Empire ottoman a fetfe de declenclier le processus d’une reprise de conscience de la part des populations opprimfes des Balkans -devant mener a une affirmation de leur entitfe natiouale, a la propagation de leurs aspirations d’ómancipation et de progrfes social et a la lutte pour la conqufete de leur libertfe. Les Lumiereś auront don© connu, en cette ifegion de l’Europe, un caractfere militant, rfeunissant, a l’attrait yers un relfeyement intellectuel des masses, une incitation au combat au service des leurs idfeaux patriotiqueS.
II ne nous reste, en derniery qu’a examiner la maniere suivant ]aquelle se sont reflfetóes les particularitfes de l’univers róumain ainsi que ses rapports aveo l’espace sud-est europćen, dans la yision de ces Yoya-geurs au cours des XV®—XVIII* sifecles.
Deux caractćristiques essentielles, que la majoritó des observateurs n’a pas manqufe d’enregistrer, frappent en premier les ótrangers, et spfe-cialement ceux venus de 1’Occident: il s’agit d’abord de 1’origine latine -du peuple roumain, branche isolśe d’une romanitfe orientale, parmi des populations slaves et finno-ougriennes —»ainsi que la permanence de sa prśsence sur sa terre natale — , et ensuite, la situation avantageuse dont bśnfeficiaient les Principautfes par tapport aux autres pays balkaniques ©t qui dścoulait de ses liens empreints de plus de « souplesse » avec la Porte ottomane, en tant que puissance suzeraine. Ce dernier trait fetait devenu perceptible, particulierement aux XVI*—XVIII* sifecles, & ceux de ces yoyageurs qui, au long de leurs perfegrinations avaient sillonó ógalement des rfegions habitśes par des populations serbes ou bulgares et pouvaientr de la Bortę, se rendre mieux compte de la difference.
Le premier k souligner le caractfere latin de la langue et les origines romaines du peuple roumain a fetfe l’acheveque Jean de Sultanieh qtii ■dóclarait en 1404 dótenir de la bouche nieme des habitants du pays la
3-e. 2593 34