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618 UN DEBAT : LES MENTALITES COLLEiCTIVES 2

póle8, ou placer 1’histoire des idóologies — comprises coinine syst&ne des imaginaires d’une sociśtś1 2 3 4?

La distinction est, & mon avis, plutót d’objet et de moyens que de naturę: si les attitudes mentales comprennent l’ensemble des « contenus impersonnels de la pensće », l’idćologie — ou, mieux, 1’ensemble des idśo-logies est le systeme de reprćsentations qu’une socićtó met en jeu par rapport & elle-m6me. Le caractdre impersonnel et «statistique * est le meme, peu ou prou, pour les idćologies et pour les mentalites — mais leur degrć d’implicite ne l’est pas toujours, car l’idćologie peut parfois trans-gresser le seuil du conceptuel : des comportements et attitudes aux struc-tures recurrentes du mythe, des catśgories mentales aux notions et aux theories, un meme noyau de cohćrences se laisse dćcouvrir dans l’image qu’une socićtć se donnę d’elle-meme et qui est son ideologie.

Si le champ des mentalitśs est plu s va?te que celni de 1’idćologie le registre d’expression de celle-ci est plus ample et plus divers — aussi, leurs rythmes d’śvolution sont-ils parfois diffćrents.

Une telle distinction me semble s’ihiposer, tout au moins & partir de 1’etude de la civilisation grecque ancienne, od 1’idśologie informe sou-vent les mentalitćs, et ceci jusque dans des domaines qu’on pourrait croire inyiolables : la naissance, la mort. Car & Ath^nes, il y a d’un cótć l’ćvśne-ment, privó par excellence, de l’enfantement, avec son cortege de cćrć-monies domestiques et lustrales qui sont d’abord affaire de femmes *.

II y a, d’autre part, la publicity rćitćrće de la naissance, qui est le fait du p6re : c’est lui qui doit annoncer non seulement la venue au monde d’un enfant, mais aussi son sexe, en clouant aux portcs un rameau d’oli-vier si c’est un garęon, des bandelettes de laine si c’est une filie5 6; c’est lui, enfin, qui prćsente son fils ou sa filie & sa phratrie 7, en attendant, si c’e8t un fils, de le prćsenter aussi, plus tard, aux dćmotes qui feront de lui un citoyen 8. Toutes ces cćrćmonies sont rythmćes, comme on le voit aise-ment, par une opposition constitutiye, non pas tant pour les mentalitśs

1

8 Cf. surtout G. Duby. Histoire sociale et idćologie des socUtis, ibid., I, p. 147—168, en

2

citant (p. 149) la dćfinition de Louis Althusser, d'aprćs laąuelle 1’idćologie est «un systóme (possćdant sa logique ct sa rigucur propres) de reprćsentations (łmages, mythes, idćes ou con-

3

cepts selon le cas) douć d’une existcnce et d'un róle historląue au sein d'une soetótó donnće •. En acceptant, dans son ensemble, cette dćfinition, je propose de la prćciser dans le sens d'une reprćsentation de l’univers humaln et de ses rapports avec Ja naturę.

4

Pour les cerćmonies lustrales lićes k la naissance Schoi. od Piat, Theait., 122 b.;

5

Harpocr., Etyra. M., Suda s.v. 'Ap.91Sp6p.ta. Un deuxićme volet de ces cćrćmonies domesti-ąues est le rite de circumambulation du foyer. La plupart des textes (Piat, Theait., 160 E et schol.; Schol. ad Aristoph., Lysistraia, 757; est.) rattachent ce rite aux femmes, sauf Hesych., s.v. Apopt£p9tov $jpap, qui croit savoir que la prćsentation au foyer domestiąue ólait auparavant faite par le p£re, et qu'ensuite elle soit devenue une cćrćmonte k dominantę fćmlnlne; faudrait-il y dćcćler 1'historicisation d'une structure ou bien la tracę d'une histoire rćelle ofi le foyer commun de la citć se serait imposć, au-dessus des foyers domes-tiques, en tant que symbole du politique dominant? Cf. aussi Louis Geraet, Sur le symbolisme politięue: le Foyer Commun, Anthropologie de la Grdce antique, Paris, 1968, p. 382—402.

6

   Hesych., s.v. Exe9avov łx9Ćpetv.

• a. Plut., Per., 37.

7

pr6valence du polltique, les oppositions masculin-publiclfiminin-prioł: par rapport k la phratrie, k laquelle le pćre presentait tous ses enfants lćgitimes, garęons ou fllles, le dćme ne ga-rantit que la lćgitimitć des futurs citoyens.

8

   Arist., Const. Ath., 42, 1; cette lnovat!on clisthenienne dćveloppe, dans le sens de la



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