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624 UN DEBAT : LES MENTALlTfiS COLLECTIV£S 8

ćvoquant un passć nettement prć-politique. II n’y a pas de doute, la limb des rois spartiates est antćrieure a la polis; il n’est pas moins <vrai que la cite s’en accomniode, mćme avec des ajustements partiels43, tandis qu’& Athenes, le politique innove de maniere souvent dćliberće et rćduit ainsi la portće des enclaves archaiques — jusqu’a s’inventer, au sens plein du niot, des cćrśmonies funćraires qui expriment 1 image que la cite veut donner d’elle-nu*me u.

L’idćologie de la cite des liomoioi exalte les rćsidus arclia'iques, 1 ideologie democratique s’efforce de les annuler en substituant 5, la mort sin-gulaire et hćroisante une hćroisation « seconde civique et coIIective. Aux lamentations rituelles des femmes spartiates rćpond le discours politique — mascnlin donc par definition — des Athćniens. Mourir a Sparte n’est pas mourir a Athenes et dans cette opposition, les inentalites se plient sourent a 1’ideologie.

Au demeurant, ce mouvenient n’est jamais a sens unique, et la re-sistanee des mentalitśs a 1’idćologie est souvent pereeptible. Des fró-quentes entorses au\ lois somptuaires & Vagraphos vóvios d’Antigone, le temoignage de cette viscositć des inentalites et du refus d’une image entiere-ment politisee de la mort ne font pas defaut a Athenes.

Comme il se doit dans une logique des oppositions comphinentaires que nous venons de retrouver a elmque pas de cet e\posć, ee refus devient destinee d’une feinme ou, plus precisćment, d’une paiihenos, d’une femine qui na jamais enfantć45, et entraine fataleiuent une interruptiqn brutale du eyele des gćnśrations : Antigone n’enfantera jamais, Crćon n’aura jamais plus d’heritier40.

Construit & 1’interference tragique des inentalites tradit iomielles et de 1’ideologie du politique triomphant47, l’univers sophocleen met en eridence les tensions, snblimees, des attitudes mentales atheniennes l’age classique.

Un inventaire detaille des faits qui, au niveau des representations que je viens d’evoquer, reprend des donnees de 1’histoire sociale grecque serait, je crois, superflu. A commencer par la polaritć Sparte-Athenes, qui traduit par des comportements et des altitudes, des rites et des images une opposition reelle de deux modeles divergents de structuration socio-economique des deux póleis; si, dans les usages funćraires, Sparte reunit ce qu’Athenes separe — le prive et le public, les hommes et les femmes, les eitoyens et les «out-siders -> — c’est, en derniere instance, parce qu’a

43    L‘cmpreintc du poliliquc sur les prćrogativcs royales pcut ćtre dćcelec. c. g.. dans 1’usagc dc leur rescrvcr dcux portions (ćgales aux autres) au repas commun — cf. Hdt.. loc. cii.

44    Cf. lc litre mOmc du Hvrc de Nicole Lora u x. I/inocnlion d'Athłnes cit.. qui marquc a jusie lilrc. je crois. In part dc construcłion dćliberćc de cc patrlos nomos.

J5 Cf. //.. II. 514: Pind.. Pytli. 3. 34: Sopli.. Trach.. 1219: Aristoph.. Autes. 530. Cf. aussi Stula. s.v.

46    V. Sopli.. Antlg.. 568 — 576: 891— 928: etc. — pour lc thćme des noces de mort: l*alter-nativc picie familialclgenćralion ressort clairemcut des v. 905 — 912. Cf. aussi J.-P. Vcrnant. Tensions ct amblgttUes dans la tragedie grecąue. In id. et P. Yidal-Naquct. Mythc et tragćdie en Grłce anciennc. Paris. 1972. p. 34—36.

47    Cf. en demicr licu P. Vidal-Xaquet. Ocdipe u Athbncs. in Sophoclc. Tragódics. coli. Folio. Paris 1973. pp. 9 — 37.



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