628 UN DEBAT : LES MENTALITES- COLLECTIYES 12
bue en mOme temps de nouvelles valeurs qui vont s’amplifier a la mesure de la complexite des problrmes Iies & 1’ascension, it la stagaation, ou a la deoadence de I'Empire ottoman.
Si dans les preiniers siecles de l'existenee de I’Empire ottoman, les references aux cenvres des « Classiąues » ćtaient frćquentes, et les exemples tires de la socićlć contemporaine tangentiels, dós la deuxieme moitie du XYIC siecle, ąuand les symptómes de crise de la soeićtć ottomane se mani-festent toujours plus clairement, les lettres a leur tour commencent a preter attention & leurs observations personnelles sur les diffćrents aspects <le la socićtć, en s’appliquant a penćtrer les eauses reelles de certains desor-dres ćconomiques, sociaux, poIitiques, militaires, etc., ayant des conse-quences aussi sur les masses direetement productives.
Des ćcrivains tels que Liitfi pacha, Mustafa Ali, Hasan Kiafi, ainsi que ceux qui leur ont suivi (qu’ils soient connus ou anonymes) ont redig^ des ceuvres> a caractere didactiqi?e, politique ou bien ćthique, visant une analyse des causes qui ont dćtermine le desordre des diffćrentes insti-tutions (economiques, politiques, militaires, culturelles) de la socićtć ottomane.
II est interessant de souligner qu’ils ne se contentent pas seulement de saisir les symptómes d’un certain etat de desordies et que, dans leurs exploits a la recherclie des eauses qui se trouvent & la base de ces faits, beaucoup d’entre eux ne se Iimitent plus aux facteurs surnaturels, insis-tant plutót sur les aspects ćconomiqucs, socio-liumains, etc. De surcroit, nombreux lettres offrent des « Solutions » et des «conseils >> et font des lecommandations a meme de faire surmonter ces difficultśs et conduire ainsi au redressement de la sociśte ottomane, en son ensemble.
Quelques-uns (Ali et d’autres aussi) cherchent a mieux coinprendre la spiritualitć turco-islamique de leurs temps mettant en discussion la conduite des individus et des collectivitśs dans la vie quotidienne pour se faire une image du degrć d’ćcartement des normes de la morale islamique de la legislation en vigueur, etc., faisant en meme temps des recommanda-tions quant aux modalitśs de redressement. Peu & peu, les aspects sociaux et ćeonomiques de la crise ottomane commencent & prćoccuper de pres certains lettrćs (Ayni Ali, Koęi Bey, etc.) tandis que d’autres essayent meme des rćflexions philosophiques sur 1’histoire en gćnćral, sur l’avenir de la socićtć ottomane en partieulier (Kiatip Celebi, etc.), aboutissant & la conclusion d’un impossible retour, dans des formes identiques, &l’ćtab appartenant aux temps jadis, depassćs par l'liistoire. Certains lettres de I'Empire ottoman, comme Huseyin Hezarfen et d’autres se trouveront devant un vrai dilemme, incapables de dćcider & l’ćgard de la voie sur laquelle devait s’engager la socićtć ottomane fnotamment le retour aux formes anciennes ou bien la voie des r/formes). Pourtant, aprćs de longues hćsitations, devant les nćcessitćs historiques concrćtes allait prevaloire Vidóe de Vadaptation de la sociótó ottomane au.r conditions imposóes par le dfoeloppement historique gśnćral. De cette maniere s’ouvraient de larges perspectives pour la misę en oeuvre dans 1'Empire ottoman d’une politique de « rćformes » venant de haut en bas, avee 1’appui de 1’Etat et de certains groupes de technocrates spćcialement formćs k cette fin. Cette politique