5 UN DEBAT : LES MENTAUTES COLLECTIVES 635
avec le Prince de 1’Occident ou de 1’Orient; il n’est meme pas toujours flis de roi ou d’empereur; mais ses ąualitćs physiques et morales restent toujours les memes. Quel est le mythe qui l’a crćć? T-aurait-il une filiation qu’on pourrait ćtablir entre le hóros qui s’envole avec sont cheval, doud de force surnaturelle, le manteau au vent, et le yieux mythe du «cavalier thrace »? Les trois ćlements qui pretent une force miraculeuse & lTiomme: le cheval, les armes, les yśtements, nous font penser au prototype du che-valier mythique reprósentć conformśment & un canon, portant chytonr ćhlamyde et lance et volant au galop de son cheval. Donner, toutefois, une rćponse tranchante, cela comporte śvidemment un grand risque.
Pinalement, l’ćtude des mentalitćs peut jeter une lumiere nouvelle sur l’idće d’śvolution et de progres.
La dispute entre les historiens concernant le passage de 1’Anti-quitś au Moyen-Age est bien connue. Le probl&me du soi-disant « Dark Ages » n’est pas encore ćlucidć. Pour 1’historien John Bowlela pśriode entre le V' et le IX' si&cles est sans aucun doute une ćtape de rćvolution gr&ce justement aux transformations mentales trfcs marqućes. Plus encore, selon Bo wie, 1’ćcroulement de l’Empire Eomain suggfcre la limitation spirituelle d’une ciyilisation qui n’a pas pu dćpasser le niyeau d’une manierę de penser l2. La nouvelle mentalitć avec ses yaleurs morales par lesquelle& l’individu receyait de nouvelles possibilitćs de s’affirmer a crćś ce « good news » qui a permis non seulement la sortie de la crise mais a marquć les fondements de la socićtś qui allait se construire. Si la culture a connu une pćriode de dćclin, le climat spirituel a permis aux masses de gagner du ter-rain. Le progres a ótś possible seulement gr&ce k 1’assimilation des tradi-tions et leur heureuse combinaison. Aprfcs la chute de 1’Empire Eomain,. 1’Occident europśen a bćnśficić d’un dśveloppement librę et original comme rćsultat de lTiórćditó gróco-romaine et judaique k laquelle se sont ajoutćs aussi les traditions germaniques nordiques13. Leur combinaison a. donnś naissance & une mentalitć nouvelle, le contact entre les cultures reprśsentant le saut gśnćrateur de tous les autres phśnom&nes.14 Un nou-veau syst^me de penser a pris contour et a mis en valeur les expś-riences prćcćdentes.
Nous pouvons donc en conclure que chaque socićtś possfcde ses propres yaleurs culturelles et ses syst&mes mentaux, en tant qu’expression d’une certaine attitude vis-&-vis des diffśrentes rćalitćs socio-ćconomi-que8. Transmises le long des si&cles elles constituent le trśsor culturel de l^umanitś. En m&me temps, elles reprśsentent, pour 1’historien, une source dMnyestigations non encore ćpuisśe.
11 J. Bowle, The Unity of European Uisłory, a political and cultural suruey, Oxford,
1970.
19 Ibidem, p. 77.
14 Catherine Clćment, Les Grands Ścarts ou la musięue comme passage, v. Claude Leoi-Strauss, Textes de et sur Claude Leoi-Strauss, rćunis par R. Bellour et C. Clćment, Parts, 1979, p. 412.
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