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domaines floristiąues ; ou bien les plantes cultivees sont le resultat d'une action de selection importante qui a transforme la plante initiale en une plante si nouvelle qu'on lui a donnć un nom d’espece. Darwin prćfera cette derniere hypo-these, et son idee nous parait raisonnable.
Alphonse de Candolle a travaille en floristicien, en recensant, le premier, toutes les plantes utiles a 1'homme, et en definissant lcur zonę geographique (dans Gćogra-phie bołaniąuc raisonnee, vol. 2, p. 810 a 911, 1856). Cette ćtude essenliellement descriptive eut comme merite de servir de point de depart a la longue exploration de Vavilov.
Cet auteur allie les connaissances de floristicien et de gćneticien. La prospec-tion sur le terrain, au cours de longs itinćraires en Asie du Sud-Ouest, lui montra que la diversite des especes n'est pas repartie au hasard sur le globe, mais qu'elle est concentree dans certaines zones, appelees centres d’origine. Cette diversite revet les formes suivantes :
— la diversite morphologique qui aboutit a l'existence d'un grand nombre d'espćces proches entrc clles, et proches des plantes cultivćes avec des types inter-mediaires probablement hybrides;
— 1’hćtćrogćneite des populations des plantes cultivees, que Ton qualifierait aujourd’hui de polymorphisme, et qui traduirail une diversification infraspecifique ;
— la diversite dans les especes parasites des plantes cultivees ;
— la diversitć dans les modes d'utilisation de la plante par 1’hommc. L’exploi-tation du cocotier en constitue une bonne illustration. En Polynćsie, le cocotier est d’usage commun. Le lait de la noix de coco fournit Hunie, le yaourt et les fromages ; les fibres des feuillcs fournissent la matiere premierę textile. Cc palmier prend donc une existencc vivante entre les mains des Polynćsicns. II en est allć tout autrement sur la cóte ouesl-africaine. La, le lait de coco est utilisć comme breuvage de maniere intermittente, mais le cocotier n'est jamais integre dans Teconomie de la population.
Vavilov conclut que ces differentes diversites ont conduit a ravenement de la plante cultivee. En particulier la richesse biologique, jointe & 1'aptitude de 1’homme a l'exploiter, a contribuć a creer la plante cultivee et a faire de la rćgion un centre d'origine.
Dans 1'esprit dc Vavilov, cette interpretation n’est cependant pas valablc pour PAfriąue. Mais ceci constitue une ignorance dc sa part, fautc d'avoir parcouru cette region. Car la ceinture sahelienne, si dćsertiquo de nos jours, ćtail au 8C millć-naire avant notre ere Pćquivalent du croissant fertile dc la Mćsopotamie. Par contrę, Vavilov avait bien vu quc la florę europćcnne conlient peu dc plantes cultivees a culture extensive, & l’exception de la betterave. Les grands centres d’origine sont situćs en dchors de PEurope : le mais et lc haricot viennent du Mexique, la tomate et la pommc de terre du Pórou et du Nord du Chili, lc ble ct Porgc dc Piran, PAfghanistan et la Turquic, les fruitiers dc la Chinc ct du haut-plateau du Pamir. Toutes ces plantes źchappent h notre richesse polenlielle d’Europeens, comme c#est aussi lc cas pour les gisemcnls pćtroliers.
Les prospections archeologiques ont conlirme la repartition des centres d'origine. A priori on pouvait s attendre a ce qu’el!es nous montrent si la domestication etait un processus lent ou rapide. En rćalitć, les fouilles des sites humains du Nćolithiquc indiqucnt qu'unc planie cultivee existail i» une periode donnće. Par exemple, en Chine, les poteries de la civilisation de Yanshao, a — 7.000, conticnnent des caryopses calcines du millet; les strates datant de — 10.000 des sites de Mćsopotamie et de Turquie contiennent des caryopses de Pcngrain. Mais ces documents ne nous revelent pas comment le processus de domestication s'est efTectue. Pourtant des