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"Thus God caused men of the tribe of Bulala and1 of the people of Fitri and Madama to enter Kanem". N’ayant pas les connaissances en arabe necessaires pour trancher si Ibn FfJRTU dit que les Bulala etaient des tribus du Hadama (ou du Madama ?) et du Fitri ou s'il donnę une listę d'envahisseurs dont faisaient partie, entre autres, les Bulala, on se contentera de signaler que le Diwan ne parle que des Bulala2 a partii de Mai Dawud fils d'Ibrahim, ce qui donnę raison ii J.C. ZELTNER. Cependant, dans un autre passage des "Guerres du Kanem", Ibn FURTU marque bien la difference qu'il fait entre les Bulala et les gens du Fitri si l'on en croit la traduction de H.R. PAL MER qui dit :"Captains and emirs and chiefs among the Bulala however came to our Sułtan and also the Arab tribes and the people of Fitri and other people"3. Selon cette traduction, il ne fait aucun doute que Ibn FURTU ne confond pas les Bulala et les gens du Fitri en 1578... ce qui ne veut pas dire qu'il les distinguait pour la periode de la fin du XIVeme siecle4.
Cette origine obscure nous interdit de savoir ce qu'a pu etre la langue des Bulala au XrVeme siecle. L'ampleur du phenomene bulala h. cette epoque oblige a penser que si, comme certains le suggerent, ii s'appuie sur des querelles dynastiques au sein du elan royal des Seyfwa, il ne saurait etre limite a des rivalites de princes et a du toucher des couches importantes de la population. Ceci revient a poser la question de savoir quelle(s) etai(en)t la ou les langue(s) parlee(s) au Kanem au XTVeme siecle dans le petit peuple. Qu'ils viennent du nord ou de Test, ou qu'ils soient autochtones, les Bulala peuvent avoir parle une langue est-saharienne ou une langue tchadique : en effet, les Dazagada devaient dejA nomadiser dans la region h l'epoque et les ancetres des Kanuri actuels parlaient une langue du groupe est-saharien ; d'autre part, la presence de locuteurs de langues tchadiques est attestee dans la region par la presence des Yedina sur les rives et les ileś du lac Tchad et par les traditions actuelles des Bulala qui mentionnent des descendants de populations "Sao" sur le lac Fitri5, ce que confirment certaines institutions locales. Si les Bulala sont originaires du Fitri, ils peuvent aussi avoir parle une langue sara-baguirmienne si le
C’est moi qui souligne.
Diwan Salatin Bornu, paragraphe 27 et suiv.
H.R. PALMER, op. cit. p. 28 (ms. Ibn Furtu p. 30).
Ce que confirmerait un autre passage de Ibn Furtu moins net que le premier (cf. H.R. PALMER, op. cit. p. 59 (ms. Ibn Furtu, p.97).
F. HAGENBUCHER, "Notę sur les Bilala du Fitri", Cahiers ORSTOM (Sc. Humaines), vol. V, n°4, 1968, pp.39-76.