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anticoloniaux. La troisićme, qui s’ćtend jusqu’a aujourd’hui, se caracterise par le passage d’un nćgativisme absolu k une tentative pour trouver une dćfinition positive, eu ćgard aux perspectives de dćveloppement de PAfrique tropicale28.
Certes, 1’auteur admet que cette division est relative. Mais, dans 1’ensemble, elle rend bien compte de l’ćvolution de la nćgritude.
Les mouvements sociaux et la pensće sociale en Afrique de 1’Ouest ont aussi etć ćtudićs en dćtaił par des mandstes d’autres pays que 1’urss. L’etude des problćmes africains fut entreprise, avant beaucoup d’autres, par Endre Sik, ćminent chercheur et diplomate hongrois, laureat du Prix Lenine International de la pak. Vivant en Union sovićtique, ou il avait ćtć prisonnier de guerre de 1’armće austro-hongroise, puis participant k la guerre civile et ćmigrć politique communiste, Sik fit une ćtude approfondie de 1’histoire africaine. Ses ouvrages, publićs dans les annćes trente par des maisons d’ćdition sovie-tiques, suivent une mćthode qui est importante pour 1’ensemble des ćtudes africaines. Ce fut l’un des premiers chercheurs progressistes k se rendre compte de la necessitć d’ćtudier systćmatiquement 1’idćologie des mouvements africains de libćration nationale en corrćlation etroite avec les processus rćvolu-tionnaires mondiaux. En 1930, il publia dans un magazine sovietique une ćbauche d’etude des problćmes de l’Afrique tropicale d’un point de vue marxiste-leniniste. Dans la partie consacree a la recherche historique, il proposait d’etudier « 1’influence de la guerre mondiale, de l’economie d’aprćs-guerre, des rćvolutions russe et chinoise notamment sur l’evolution politique et ideologique des Noirs africains ainsi que sur le dćveloppement des mouve-ments de liberation anti-impćrialistes aprćs la guerre24 ».
II ne faisait alors que formuler le problóme, mais de faęon dej i plus generale que Krikkel ne l’avait fait huit ans auparavant. La solution du probldme vint plus tard, grace aux eflforts conjoints des historiens progressistes de nombreux pays. Sik apporta k 1’historiograhie une contribution prćcieuse. Dans les annćes sokante et sokante-dk, il publia dans son pays (en hongrois, en franęais et en anglais) une histoire de l’Afrique tropicale et de PAfrique mćridionale en quatre volumes qu’il avait commencee en urss et qui etait le fruit de nombreuses annćes de recherches scientifiques. Les deuxićme et troi-sićme volumes de cette ćdition se rapportent directement a notre propos. Ils examinent, dans la perspective du continent africain et du monde, les processus de developpement social en Afrique occidentale franęaise de 1918 k 19452*.
23. A. N. Mosejko, « Ob odnom iz idejnyh napravlenij v sovremeonoj Afrike (teorija
negritjuda) », Yoprosy filo sofii, 1968, n° 3, p. 172-173, 1976.
24. E. Sik, « K postanovke marksistskogo izutchenija sotsialnaekonomitcheskih problem
tchemoj Afriki » (Pour une approche manciste des problćmes socioćconomiąues de
1’Afriąue noire), Revolutsionnyj Yostok, 1930, n° 8, p. 92-93.
25. E. Sik, Histoire de l'Afrique noire, t. II, 2* ćd., Budapest, 1968, p. 271-278, 285-286 ;
E. Sik, The hisiory of black Africa, vol. 3, Budapest, 1974, p. 95-107.