188 R.A.C.F. 32. 1993.
j’en souligne simplement les limites: “L’analyse de pates permet de resoudre des problemes ponctuels dans le cadre d’une problematique bien definie... elle ne remplace pas Petude fondamentale du mobilier, mais vient la completer et Pameliorer” (introduction). Dans le meme esprit, Pabsence de publication que j’ai signalee ne visait pas les publications ayant particulie-rement trait aux phenomenes de distribution, mais ne faisait que rappeler un etat de fait generał et bien connu, a savoir la disproportion entre le nombre des decouvertes archeologiques et leur publication.
En conclusion, on peut se demander quel est le bien-fonde de Pexistence dans une revue scientifique d’une chronique qui reflete les etats d’ame d’un auteur, distribuant aux uns des satisfecit, aux autres des critiques, selon des criteres tres personnels. ”
Selon la regle - et le debat sera ainsi cios, pour Pinstant - voici les observations qułappelle de ma part cette reponse.
1) Sur les premiers et derniers paragraphes, et sur Putilite de la polemique et d’une telle chronique,je me suis deja prononce (chronique II):
- tout d’abord, je pense - et ne suis pas le seul -que le debat scientifique, s’il depasse bien sur les querelles d’individus mais słeleve aux principes, est la seule maniere reelle de faire avancer la discipline, dans sa theorie comme dans ses melhodes;
- oui, cette chronique reunit souvent des “ billets d’humeur”, qui ne pretendent pas a Pobjectivite, et se referent a des points de vue tres personnels; mais ces derniers s’appuient sur une certaine vision de Parcheologie, que je partage heureusement avec d’au-tres; et ces points de vue renvoient a un necessaire debat, evoque ci-dessus...
La discipline serait-elle a ce point sclerosee qu’elle ne tolererait plus le debat d’idees ? Ou bien la force de Pecrit serait-elle telle que mes propos, une fois imprimes, deviennent oukases?
Je crois savoir qu’il y a au moins quclques specia-listes du monde rural gallo-romain qui trouvent quel-que interet a cette chronique, et qui en apprecient notamment la liberte et la franchise. Aussi, sauf si le Comite de Redaction de cette revue se transforme un jour en comite de censure, ai-je bien Pintention de poursuivre cette entreprise, pour y dire ce que je pense des sujets qui m’interessent...
2) Je ne pense pas avoir fait u d’erreur d’interpre-tation” (comme indique au paragraphe 2), car je ne traitais pas, comme je Pai dit dans ma notę 56, du fond de Particie, mais de “ quelques observations et d’une carte”. Celle-ci (tuffreau-libre 1988: Fig. 15) precise bien : “ Les differentes officines et leur aire d’influence ”, et le texte de la p. 102 parle clairement du fait que “ la difTusion d’une grandę officine puisse couvrir une region tres large ”. C’est bien sur cela que porte mon desaccord, sur lequel je ne reviendrai pas ici.
Sur le fait qu’il existe des “ facies regionaux ” — qui d’ailleurs ne respectent pas les limites politiques des cites et provinces - je suis globalement d’ac-cord...
3) Le point aborde au paragraphe 3 est plus grave, car il s’agit bien la d’un probleme fondamental de definition meme de notre discipline et de ses limites : celles de Pacquisition des donnees, des methodes qui s’y attachent, de leurs silences et donc leurs carences, qui conditionnent de maniere fondamentale tant la qualite que la quantite de nos donnees, sur lesquelles sont ensuite fondees les analyses et les interpreta-tions. Heureusement, la encore, je suis tres loin d’etre le seul a defendre un tel point de vue, qui n’est en fait que de bon sens, et qui touche a la deontolo-gie et aux principes memes de Parcheologie.
II me paraissait qu’une telle affirmation etait pres-que aujourd’hui une banalite. II semblerait que non.
II est en efTet, au contraire de ce qu’afTirme Marie Tuffreau-Libre, tout a fait fondamental de prendre en compte la “partie cachee de Piceberg”, ce qui nous echappe - pour toute une serie de raisons -dans tous raisonnements archeologiques, sous peine d’aboutir a une vision gravement faussee et tronquee de la realite du passe: car on sait bien que la part inconnue reste plus importante que celle peręue de nous, et que cette derniere ne peut en aucun cas etre consideree comme un “ echantillon ” representatif de cette realite.
En outre, Marie Tuffreau-Libre sait tres bien que je ne defends pas ici une position “ attentiste ”, qui necessiterait loujours d’attendre de nouvelles donnees : cette attitude est en efTet totalement sterili-sante, comme on le constate trop souvent dans Pab-sence de publication qui caracterise une bonne part de Parcheologie de terrain aujourd’hui.
II ne s’agit pas d’attendre de connaitre tous les ate-liers de potiers pour commencer a parler de problemes de diffusion, mais bien au contraire de prendre completement en compte le fait que nous ne connaissons aujourd’hui - et ne connaitrons sans doute jamais — qu’une toute petite part de cet ensemble.