228 RACF 37, 1998.
Montanus; cela a notamment bien etć dćmontre en Bretagne (FALCHUN 1966/70);
c) une grandę part de ces noms de lieux sont de formation recente : Antiquite Tardive, voire un haut Moyen-Age assez avance, comme le montre par exemple des toponymes de ce type formes sur des anthroponymes germaniques.
On voit donc que, sur le fond, il ne reste pas grand chose de solide de cette theorie quant a la possibilite de deduire la carte de Poccupation du sol antique de la Gaule de la simple repartition de ces toponymes !
Car telle est bien Pidee sous-jacente de ces travaux: chercher ces formations de noms de lieux et vous aurez la cartographie des villae et domaines de toute la Gaule romanisee...
Cela s’appuyait d’ailleurs sur Pidee que sous cha-que village actuel gisait une villa romaine, misę en pa-rallele avec ici la filiation obligee: domaine antique — paroisse medievale - commune actuelle, d’ou les sur-faces immenses de domaines ruraux gallo-romains proposes dans la litterature historique de cette ecole.
En outre, une autre “theorie” de la toponymie soutient tout cet edifice: celle des “strates” pre-celtique, celtique, latine, germanique, romane, etc., selon laquelle un toponyme d’etymologie celtique datę de Pepoque gauloise, un d'origine latine de Pepoque romaine... L’on sait bien pourtant que Ton parlait encore le gaulois dans nos campagnes a l’epoque de Gregoire de Tours, et le latin a ete utilise tard dans le Moyen-Age, et qu’on a donc certaine-ment creć des noms de lieux de formę latine a une datę tres tardive de cette demiere periode.
Certes, il ne s’agit pas de “ jeter le bebe avec l’eau du bain ”: il ne s’agit pas de nier que certains noms de lieux en -acus datent bien de la periode romaine (Ge-soriacum, Lucaniacus - domaine d’Ausone en Borde-lais -...), ni meme de nier que certains ont designe des domaines antiques, voire meme formes sur le nom de leur proprietaire: quelques-uns sans doute et meme certainement, mais en tout cas pas tous...
Cest donc une question de methode, de fond: celle de la priorite des sources documentaires. La toponymie (la recherche et la cartographie des toponymes en -acus) ne permet pas d’etablir la carte de 1’occupation du sol des cmtas des Gaules, car il est pour 1’essentiel impossible de trier les toponymes fiables de ceux qui sont a rejeter pour les raisons evoquees ci-dessus.
Cest donc Parcheologie qui doit primer dans cette recherche: la localisation des villae et exploitations ruralcs par la recherche de terrain, la fouille, et surtout la prospection systematique.
Cest manifestement ici, encore une fois, un pro-bleme lie a la pretendue prć-eminence des sources ecrites sur celles archeologiques, qui devraient etre subordonnees aux premieres, fondement ideolo-gique qui fait encore des ravages de nos jours.
Certes, il sera temps ensuite, apres ces travaux ar-cheologiques, de rechercher les formes anciennes des noms de lieux, car il est clair que la toponymie, comme science des noms de lieux, a sa place dans la recherche historico-archeologique: quel est le nom ancien d’un site archeologique - et son etymologie - ? Quels sont les noms de lieux d’un terroir attestes des le haut Moyen-Age, voire l’Antiquite ? Toutes questions susceptibles de faire avancer les connaissances sur 1’occupation du sol d’une region donnee.
Mais il faut Taffirmer haut et clair: l’histoire de loccupation du sol ne peut s 'ecrire a priori a partir de la toponymie, consideree comme source privilegiee, voire exclusive ; ce en tout cas pour la pćriode gallo-romaine, si ce n’est pour d’autres...
La cause devrait etre depuis longtemps entendue, car c’est presque une question de simple bon sens. Cest pourquoi il est particulierement navrant et de-courageant de constater qu’a Pheure actuelle encore, soit cent ans apres les travaux de Fustel de Coulanges et d’Arbois de Jubainville, ces idees, reprises sans critiques, font encore des ravages dans 1’histoire des terroirs, y compris par exemple dans le Midi.
106. Occupation du sol (cf. Chronique 1,1984, notę 5 ; III, 1987, notę 19; IV, 1988, notę 32 ; V, 1990, notę 48 ; VI, 1993, notes 67 et 68 ; VII, 1996, notę 85). -Deux importantes syntheses regionales recentes sont a signaler: tout d’abord la publication de la these de Stephane Maune sur le nord-est de la cite de Beziers (MAUNĆ 1998), couvrant une large periode, du IIe s. av. au VI* s. ap. J.-C.; d’autre part le volume que Christian Richard (1995) consacre au Haut-Poitou meri-dional, surtout a partir des donnees de la prospection aerienne.
Tous deux comportent un volumineux catalogue de sites. Sur la Narbonnaise encore, on doit signaler les travaux recents sur la region de 1’etang de Thau (BERMOND, PELLECUER 1997).
107. Agronomie et structures agraires (cf. Chro-nique VII, 1996, notę 92). - Les travaux de Philippe Boissinot dans la vallee du Rhóne doivent etre signales pour leur interet et leur originalite. A Tocca-sion des operations archeologiques sur le tracó du TGV Mediterranee notamment, des structures