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152 SAINTE-ANNK DAORAY

les encombrent de plus en plus, et qui ne recherchent que le pittoresque dans nos assemblćes pieuses.

Procossion aux flambeaux. — La nuit est peut-ótre encore plus fćconde que l'apr6s-midi en ćmotions reli-gieuses.

Les exercices debutent par la proćession aux flani-beaux. D6s que lobscuritć s’est faite dans le village, les cierges sTdlument et se multiplient devant la Scala illuminće; et, lorsque lcś pólerins se sont groupds par langues et par dialectes, les flambeaux se mettent en marche. Pendant que les cantiques s’entrecroisent dans 1'air, les lignes de lumióres se deroulent lentement dans le champ de l'Epine, puis elles entourent la fon-taine, elles envahissent 1’esplanade, et vont se perdre dans le cloltre (1).

N'est-ce pasce spectacle qui se manifestaitń l'avance lorsque tout le Bocenno s’eclairait devant Nicolazicen extase, et que l’on y voyait avec admiration tomber une pluie d'ćtoiles !

Au cloltre la cćrćmonie prer.d un autre caractóre.

Les groupes y penfctrent, toujours chantant, chacun dans sa langue, mćlant ainsi avec une harmonie ćtrange les idiomes et les airs.

lis s’cntassent les uns a la suitę des autres sous les arceaux, ils envahissent le preau tout entier, les rangs se serrent, pas une place vide, et les derniers arrivćs ne trouvent plus daccfcs.

Sur un signe du directeur, les flambeaux s’ćteignent et les chants s’interrompent. Les quatre faęades de 1’enceinte apparaissent tout illuminćes: des cordons de lumi&res contournent les arcades et courent le long des frises. Puis, quand les yeux se sont habitućs ń ce flam-boiement, ils remarquent que les fenótres ont disparu : k leur place se detachent comme en lettres de feu les invocations des litanies tracćes sur des transparents :

(1) La prcmierc «• processsion aux flnmbeaus <* & Saintc-Annc cut licu leisept. 1882, — sans parlcr toutefois d<* cel le du 25 juillel 1624.

PIIYSIONOMIB DBS FŻTES AU XIX* SIKCLK    153

on dirait que lc granit du monument chante lui-mime la gloire de sainte Annę. Le spectacle est fććriąue.

Tout^i-coup une mćlodie descend sur la foule: ce sont les 400 dl£ves du Petit Sćminaire qui chantent dans les galeries supćrieures un cantique dont la foule reprend aussitót le refrain.

L’orateur płaci au centre du cloltre, sur les marches de la croiide Jirusalem, dit un dernier mot pour faire acclamer sainte Annę, mirę des Bretons, Marie, reine de France, Jisus roi du monde...

Mais ceci n’est qu'un prilude : pour un grand nombre dc pólerins la nuit entiire sera une longue veillle de penitence et de prióre.

C'est de la Ba8illque surtout que l’on peut dire qu’elle est « un lieu de pardon ». Toute la nuit, les confessionnaux sont assiigis : qui racontera de com-bien d'imes ony a panse les plaies, combien de bles-suresy ont reęu le baume de la grice, combien d’infir-mitćs morales y ont eti guiries !

Sur le chemin, i 1’entrie du village, on a vu souvent des malheureux qui italaient les plaies les plus repous-santes. Cette exhibition avait du moins l’avantage de figurerles plaies morales, plus dangeureuses dans leur contagion et plus hideuses dans leur laideur, donl on vient ici demander la guirison.

Mais pendant que les victimes des souffrances phy-siques s’en vont encore sur dautres chemins exhiber des plaies qu’ils tiennent k conse» ver, — les pólerins retournent chez eux puriftćs, encouragis et fortifies.

Dans la basilique il y a un endroit sacre ou se portent, dis leur entrie, les regards et les pas des pilc-rins: c’est l'autel de la Dćvotion, coeur et centre du Pilerinage. C'est 1 k que les ćviques et les pritres tiennent k cćlibrer la messe au moins une fois ; c’est li que les fidiles tiennent i s agenouiller, Ii que brOlent



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