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IG    SAINTB-AXNE DA CRAY

1'ćrection ; elle eut lieu le 3 mars 1828 sous la presi-dence de I’6v6que de Vannes(i).

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Apr&s la pacification de 1802, łorsqu'o.n vit les p&le-rins accóurir en foule vers la chapelle rćouverte au culte, on pouvait craindre qu’il n’y eOt ló qu’une explo-sion passagfcre de la foi longtemps comprimće. Et cet elan vers sainte Annę semblait devoir cesscr d’autant plus vite, que de nouveaux ćvenements allaient sur-gir, capables de troubler profondćment le pays et d’ar-rćter les pratiques religieuses ; —c’ćtaient les guerres de TEmpire, avec les levć*es en masse, qui arrachferent h ses foyers la jeunesse bretonne, et la jetfcrent sur tous les chanips de bataille de 1’Europe.

Nćanmoins le mouvcment du Pfclerinage ne se ra-lentit pas pendant cette pćriode agitće; au contraire, au plus fort de ces guerres interminables et sanglantes, n quand le deuil ou le pressentiment du deuil ćtait dans presque toutes les familles, on voyait souvent des yieillards et des mfcres en pleurs faire k genoux le tour extćrieur de la chapelle pour rendre propice leurs chers absents la Sainte qu’ils venaient invoquer(2) ».

Mais ce qu’il y eut de particuliórement touchant, ce fut, aprćs le licenciement des arinćes, de voir les hommes qui avaient eu si fr<5quemmeut sous les yeux le spectacle de llmpićtć ou de 1’immoralitć, sassocier eux-mćmes spontanćment k l’acquittement des voeux que leurs familles avaient formultfs & leur sujet devant sainte Annę. il en resulta pendant de longs mois, dit un tćmoin oculaire, « un flux et un reflux presque eon-tinuel de pMerins sur la route de Sainte-Anne » (3).

(1)    Le proc*s-verbal de cette ćrection est aux Arch. dtp.

(2)    et (3) Kio: La PeliU Chouannerie, p. 205 et 206. — * Daulres fois c‘etait un pauvre matelot. rćcctmnenl ćchappć d‘un naufrage ou dune bataille narale ou des prisons d’Angleterre, et qui vcnait les pieds nus et un derge k la main, acquitter, en coin-pagnie de ses enfants, le voeu auquel ils devaicnt de n'ćtrc pas orphelins ».

Aprfes 25 annćes de rćvolution et de guerre, de 1790 6 1815, arrive une nouvelle gćnćration dont la menta-litć se modifiera nćcessairement pendant la pćriode de tranquillitć qui va suivre. A un óge oCl l’on sc tourne plus yolontiers vers l’avenir que vers le passć, cette gćnćration va-t-elle sc croire, h son tour, cngagće envers sainte Annę par les habitudes religieuses des sifccles prćcćdents ?...

A cette question c’est par des temoignages qu'il faut rćpondre.

Le lundi dc la Pentccólc 1810, il y eut dans la matinće huit processions; sept grand’messes furent chantćes au maltre-autel. — Tćmoignage du P. Cućnet, lequel ajoute : « 11 ćtait impossible presąue que l'on songe&t & autre chose qu'& ne pas ćtre ócrasć » (1). D’apr6s ses calculs il y avait plus de 10.000 p&lerins aux fetes de la Pentecóte, et prós de moitić plus aux fótes de juillet.

Le 3 dćccmbrc 1817, le P. Varin ćcrivait: « Je suis depuis quelques jours dans un ćtablissement qui possfcde une ćglise cćlóbre par la dćvotion et le con-cours des peuples de la Bretagne, en 1’honneur de sainte Annę (2). »

Une personne qui visitait ce lieu en 1824, raconte : « [Lalfluence nombreuse] que nous etimes sous les yeux peut 6tre ćvaluśe au nombre de 6 ou 7.000 indivi-dus accourus de tous les points de la province... Tout

(1)    Correipondancc du P. Cuenet (Arch. dipart.) et ses Młmuirct

inćdits.

Dans une autre leltre, adressće A l'un de ses confrćres, il ćcrit: • Nous sommcs icl au centre de la foi... A trois heures du matin le jour de sainte Annę, j’allai faire une risilę aulour dc la maisoo, je trouvai ces braves pens dormant encore sur la terre ou sur le parć qui leur nvait servi de lit; d'autres, au nombre de 4 ou 5.000, A genom dans la cour au fond de Jaquelle on disait la mesie. U y eut ce jour-lA sermon breton et sermon franęais... Chacun A peu prćs fait son ollrande: j ai dans une commode un tas de bagues, de crucifis, de mouchoirs (chAlcs), tabliers, robcs, bonncts. etc,

(2)    Vie du P. Varin (par le P. Guidic), p. 307.

SAINTB-ANNE D'aURAY. T. II

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