FĆTES EXCEPTIONNELLES
Le sidcle dęrnier a vu quelques grandes rćunions qui pour la plupart ne se rpnouvelleront jamais.
I
§ 1. — Pkrsonnagbs POLITIQURS.
Lea jeunes chouans.
On sait qu’en 1815, pendant les Cent-Jours, 350 ćco-liers du collage de Vannes prirent les armes, et sen allórent rejoindre, sous les ordres du chernlier de Mar-gadel, les vieux chouans d’Elven, de Bignan et d'Auray.
« C’ćtait une arm^e d’enfants: les vieux avaient vingt ans, les jeunes en avaient quinze >» (1)..
On peut apprćcier diversement cette escapade d'ćco-liers. Mais on ne niera pas qu’il y etit chez ces jeunes gens, avec les illusions de leur óge, un vrai souffle d’heroisme en minie tenips qu’une foi religieuse pro-fonde.
Leur premier fait darmes fut une victoire, et cette victoire fut gagnće au yillage de Sainte-Anpe (2).
Ils ne l'oublićrent pas. Du reste, au cours de cette campagne ou ils se virent souvent aux prises avec des armees rćgulifcres, le souvenir de la Sainte les accom-pagna dans tous les dangers ; et plus tard, apr&s avoir
(1) Chatraubriand, ćdition Pourrat, tome 37, p. 331.
(2) Voir le rćdt de ce combat dans « Le nouceau cillagc ».
repris leurs ćtudes, ils se rappelaient encore dans la tranąuillitć du collage, les vceux qu'ils lui avaient adressćs dans les pćrils de la guerre (1).
Aussi 1’annće suivante, au mois de mai 1816, rćso-lurent-ils de les acquitter, en profitant du cońgć de la PentecAte, et de fAter en mAme temps l’anniversaire de leur victoire.
Et c'est ainsi que fut dćcidA le pAlerinage des jeunes chouans & Sainte-Anne d’Auray.
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Ils n’y vinrent pas seuls. La crise des Cent-Jours s’Atait denouAe au profit de la cause royaliste. L’armAe qui les avait combattus fraternisait maintenant avec eux : le drapcau qui fiottait sur tous les monurnents publics Atait celui qu'ilsavaient eux-mAmes arborA sur les champs de bataille.
L’AvAque, le prAfet, 1’armAe voulurent donner k cette manifestation un caractAre de fAte officielle ; et le pays lui-mAme y accourut en foule. Cc qui ne devait Atre au dAbut qu'une simple procession de collAgiens, devint en rAalitA une manifestation populaire et politique.
Les Póres JAsuites, qui venaient d’Atablir le Petit SAminaire, se firent un devoir doffrir 1’hospitalitA aux jeunes pAlerins, heureux sans doute de faire plaisir ainsi k l’AvAque et au prAfet, mais dAsireux aussi de mettre la glorieuse phalange en contact ayec leurs nou-veaux Alćves, et de montrer & ceux-ci, par cet exemple vivant, que — ... Pour les ómes bien nAes, — la valeur n attend pas le nombre des annAes...
Voici le rAcit que nous a laissA de la fAte un tAmoin oculaire.
(1) « L’anniversaire de notrc victoirc de Sainte-Anne arriva: plusieurs dc nousavaient fait dans cet te journće, ou dans lcsjour-nćes plus sanglantes de Redon. de Muzillac ct d Auray, des" voeux dont ils ne s'£taient pas encore acquittćs •>. Rio : Pelite Chouanne-nerie, p. 374). — La plupart des AlAres du collage, « les
enfants h qui leur Age n’avait pas permis de faire la cauipagne », prirent part au pAlerinage [ibid).