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170 SAIKTE-ANNB DAURAY

La prćsence k Sainte-Anne de ces trois personnages •fappelait le p&lerinage fait au XVII* sifccle par une autre princesse da mćme sang, et qui avait connu elle-mćme lesamertumesde l'exil: Ilenriette de France reine d’Angleterre, « filie, femme et m&re de rois si puissants. »

L’empereur et 1’lmpóratrice.

En 1858, eut lieu la visite de Napoldon III et de 1'impćratrice. Cćtait la premierę fois qu'un chef d'Etat venait en p&lerinage k Sainte-Anne cTAuray. L’empe-reur ftt coincider son arrivee avec la fćte patronale de sa dynastie, le 15 aotit; et, dans sa rćponse k l’ć-vćque (1), il fit une allusion discrfcte aux princes et aux princesses qui, depuis Louis XIII et Annę d'Au-

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pour ne citer que les incidentsde Sainte-Anne : le celćbrc prćdica-tcur Mac-Carthy qui pt£chait devant elle, ayant fait allusion k la guerrc d’Espagne oń se trouvait en ce moment le duc d’Angou* limę, tout-A-coup elle eclate en sanglots, se leve. tourne les pages de son livre ostensiblement et s'4crie : « Abrćgez, abrigez ! » L'o-rateur comprit, et descendit de la chaire.

Autre fait: pendant la' bćnldiclion, au moment oii Ton descen-dalt 1'ostensoir, — celui-lA menie qui avait ete offert en son nom, — elle sort brusquemcnt. Tous les assistants la suirent, et le cdć-brant reste seul avec son choristc.

Nous tenons ces faits de deux anciens ilives des Jesuites k Sainte-Anne: M«r Le Joubioux et M. Lallemand.

Emile Sourcstre ecrivait lui-mćme en 1836: « On se rappclle encore avec quel enthousiasme les paroisses du Morbihan se reu-nirent sous les vieux chcfs de bandes pour recevoir la duchesse d'Angoui£tnc, lors de son pelerinage k Sainte-Anne d Auray. II fallut toute la rudesse disgracieuse de la princesse pour arriter court leur elan... Ce voyage fit plus de tort k la branche ainie dans le Morbihan que n'auraient puen faire toutes les menees des libć-raux ». [Let derniert Uniom, I, p. 134). — En 1824, la futurę reine Amćlfc, alors duchesse d'Orleans, cnvoya un gentilhomine faire en son nom le pelerinage dc Sainte-Anne, pour recommander l’en-fant dont elle attendait la naissęnce.

(1) L’ivfique de Yannes, Mc* dc la Motte, dijA octogćnaire et appuyA sur les bras de ses vicaires gćneraux, avait dit & 1‘erape-reur: « Sire, daignez agrćcr les voeux que formę pour votre bon-

■    heur un vieux ćv£que qui n*a point oubli* que c’est k Napo-

■    lóon I*r que son pAre a dń de rentrer dans sa patric et d'y retrou-« ver du paitl ».

triche, avaient envoyć & Sainte-Anne des temoignages de leur foi et de leur munificence, ainsi qu’& la popu-laritć du P&lerinage : « ... II est des jours, dit-il, 0C1 les « souverains doivent donner l’exemple; il en est aussi « ofi ils doivent suivre Texemple des autres. C’est pour « cela que,suivant la vieille coutume du pays,j’ai voulu « venir ici le jour de ma fóte demander & Dieu ce qui « est le but de mes efforts, de toutes mes espśrances, « le bonheur du peuple qu’il m a appelć k gouverner. » Ce langage, diplomatique ou spontanć, ćtait darts tous les cas un hommage aux sentiments religieux de la population bretonne, et en m6me temps k la suprć-matie du PMerinage de Sainte-Anne dAuray (1).

La grand’messe fut cćlćbrće 6 la scala sancta : en face ćtaient placćs, sous un dais richement dćcore, les prie-dieu des souverains ; autour d’eux, les marć-chaux, les officiers de la maison imperiale, les dćputes du Finistfcre, du Morbihan et de la Vendće. — Au moment de Pćlćvation, le canon tonne, le tambour bat aux champs, puis un mysterieux silence rfcgne dans la vaste enceintc, pendant que « devant la majestć su-prćme la majestć humaine s’incline humblement (2). » La fóte eut un ćclat incomparable ; et 1'impression qui en est restće, c‘est qu’on avait vu le souvernin s’age-nouiller dans le sanctuaire nalional de la Bretagne(3).

(1)    Pour donner unc idAe de Timportancc que 1'on attachail en Bretagne A ce pAlcrłnnge, nous pouvons citer A titrc d'exeraple une adresse qui fut envoyće A Tempcreur dAs tS53 par une municipa-litA morbihannaisc, dans laquelle on lui disait: o La ville de Heims rćclame votrc sacre: nous, en Bretagne, nous vous demandons de venir A Sainte-Anne d'Auray ». (Archim nmnicipalcs de Cttudan).

(2)    Ce compte-rendu est empruntA A Poulain Corbion, historio-graphe du voyage de l’empereur.

Mais cc qu’il n'a pas dit c’est que, lc bruit ayant couru que I‘em-percur ne sortirait pas en vie du pays chouan. la policc, par roesurc dc prAcaution, avait fait occuper dAs le matin toutes les fenAtres donnant sur 1’esplanade ou les souverains devaient assis-ter A la messe.

(3| L’impression produite A Sainte-Anne d’Auray ne fut AgalAe que par ceile qu*on Aprouva, quelques jours aprAs, dans la capitale de la province, lorsque fut prononce, pour la premiAre fois depuis



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