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m SAINTK-ANNB DAURAY

Nous avons dćjit caractćrisć chacune de ces deux solennites (1).

Le pklorlnago nnttonal.

La manifestation destinće k tćmoigner k Sainte-Anne la reconnaissance de la Bretagne prćserv<le de l’inva-sion, eut lieu le 8 dćcembre 1872.

Ce fut une fćte vraiment nationale ; rarement ce lieu bćni avait ćtć, autant que ce jour-l&, le centre et lę rendez-vous de la pićtć bretonne (2). Les diocfcses y vinrent avec leurs Ćv6ques ; un grand nombre de villes y laissćrent des bannifcres et des ćteńdords en tćmoi-gnage de leur dćvotion ; les 200 marins de la circons-cription de Vannes, parmi lesquels pas un n’avait pćri dans les fatigues ou les combats de la guerre, le prćfet maritime, le gćnćral de Sonis, le gćnćral Lauriston, M. Jumelaisen costume de prćsident des assises.

Ce fut une fóte denthousiasme, comme au lende-main d’une victoire, car pour la premierę fois, sous je ne sais quelle influence mysterieuse, on sentait re-naltre 1’espćrance.

Ce fut aussi une fóte de prifcres: on y vit approcher de la Table sainte des marins, des soldats, des magis-trats, des personnes du peuple, — au nombre de plus de 20.000. Les messes furent innombrables : elles commen-cfcrent a 2 h. du matinau maltre-autel, et k partir de 4 h. elles se dirent sans interruption jusqu7» midi, a vingt autels k la fois.

Les diflfórents dioc£ses arrivfcrent succcssivement au

(1)    Yoir la fite du couronnemcnt dans le chapitre : L'ancien** 1 U nouvelle tUlue, — et la fite de la consćcration dans Ic chapitre: Conttruclion de l* batiliqne.

(2)    Le principal orateur de la fćte, M«^r Fournier, appliqua au Pólerinage de Sainte-Anne une qualification que nous avons sou-venl rappelće au cours de cette histoire. en le nommant « le centre consacrć de la Bretagne k.

chant des cantiqucs (i). — La procession officielle s'or-ganisa sur la routc, transformćc en magnifique avenue, et elle se dćroula sur une longueur de 1200 mćtres, pendant que le peuple formait la haie de chaque cótd de la routc. Entre les deux ligncs flottaient 200 ban-niferes, parmi lesquelles on rcmarquait celles des dio-cfcses et des principales villes, et celle des 44 dćputćs bretons... Le champ de 1’Epine ne prćsenta bicntót plus qu’une forót d'ćtendards varies de formę, de grandeur, decouletft-. Tout autour le peuple remplissait toutes les places, aux fenótres, sur les murs, sur les toits, dans les arbres. Des millicrs de voix rćpetaient:

S*inlt Annę, ć bonne mitrę,    Bnltnds noire priłre

Toi f/ue nous imptorons    El błnit les Drelom.

La manifestation ne se termina pas avec les fćtes du 8 dćcembre ; le mouvement qui avait soulevć la Bretagne se continua encore pendant plusieurs mois.

A cette ćpoque qui vit renaltre en France 1'fere des pfelerinages, il y eut donc un magnifique rdveil de 1'ftme bretonne qui se tourna d’instinct vers le sanctuaire de Sainte-Anne.

Aussi le pofete du Barzaz-Breiz (2) fut-il bien inspirć de donner au cantique de la fóte ce refrain expressif :

La foi des Brelont etl leur vrai irłsor:

Qui pul roubtler o* Capprendre encor.

(1)    Le dioc£se de Saint-Brieuc ne pat ossister k la fćte ; mais quclques jours aprćs, sod 4vćquc y amena plus dc 20.000 ptMerins.

D autres rćgions encore prirent part k ce mouvement: on y vint de la Vendće, de 1'Anjou et du Maine. II y eut en 1874 une pelite manifestation qui ful particulićremenl touchante, k 1'occasion du pćlerinage de Pontmain, ou la statuę de la Vierge ćlait portće en procession par les quatre voyants. — Co mnie on leur demandait en souriant pourquoi la Bonnc Yierge s'ćtait arritćc a quelques pas de la Bretagne. un des enfants rćpondit avec vivacitć : « Elle est bien trop respectueuse pour cmpićter sur le pays de sa tnćre ».

(2)    Cest dcpuis que M. de la Villemarquć acomposć ce cantique, que 1’air de Lez-Breiz est devenu si populaire dans les pćlerinages et dans les paroisses. — Cest aussi a 1'occasion de ce pilerinage national quc fut entendu pour la premitre fois le chant « Cstho-lique el brtlon loujourt t »

Ce recit a iii iait d'apr£s la chronique de N. Nicol.