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186 SAINTE-ANNE DAURAY

des consAquences de cette opAration, et de la nAcessitA qui s’imposait A eux d’empAchcr ce premier empiAte-ment du droit cAsarien sur le droit intangiblede 1’Eglise.

Dans chaque paroisse on se souleva pour dAfendre sa propre Aglise; mais quand il s'agit de Sainte-Anne d’Auray, ce fut de tout le pays que l’on vint pour pro-tAger un sanctuaire qui appartient & tout le pays.

La manifestation fut spontanAe.

DAs quc Ton apprit, dix jours A ravance, que l'inven-taire de la basilique aurait lieu le 14 mars 1906, il y eut un sursaut d’indignation dans 1'Ame populaire : on ne pouvait se faire A 1’idAe qu'on laissAt un agent du fisc mettre la main sur Sainte-Anne; et le Gouvernement lui-mAme, s'il connaissait le tempArement breton, devait prAvoir qu’on aurait nAcessairement protestA.

La veillc de l’inventaire, des militants catholiques arrivArent dans le village pour prAparer la rAsistance: il ne sagissait pas en effet d’organiser une simple paradę, mais une dAfcnse rAelle et effective.

Avant la lin du jour 1’esplanade avait pris la physiono-mie d’une place assiAgAe: toutes les issues Ataient barri-cadAes, sauf une d'entre elles, qui ne s’ouvrait que de-vantlesamis. Les gri Ileś du cloltreetlesportes de labasi-lique Ataient consolidAes par des madriers puissants.

Les defenseurs dAjA rAunis Ataient en grand nombre : bien dAcidAs A agir, non sans Atre Amus nAanmoins par Tattitude de rAsistance armAe qu’ils vont prendre. Tout A coup la nouvelle circule que l’AvAque du diocAse, rAceinment consacrA par le Souverain Pontife, vient se mettre A la tAte de la manifestation. Elle est accueil-lie avec enthousiasme A la veille d'AvAnements qui peuvent Atre tragiques, la prAsence du chef mettra toutes les consciences A 1'aise.

Cependant il y a une inquiAtude : il pleut, il fait froid. Et l'on se demande si le mauvais temps n'em-pAchera pas les manifestants de venir. •

Non ; heure par heurc il en arrive, et de toutes les directions: leur marche est rythmće par des chansons bretonnes ou par des sonneries de clairons qui reten-tissent au loin dans la nuit.

A 8h.,c’estGrandchampet les environs: AOOhommes. ImmAdiatement aprAs, ceux de Theix.

10 h. on frappe & la porte. — Qui va 16 ? — Dćlćgation d’Anjou! — Entrez.

41 h.: ce sont les gars d’Elvcn, qui ont fait huit lieues, et ceux de Monterblanc qui en ont fait six.

Minuit: 200 Vannetais.

3    h. du matin : Hennebont; puisBrandiyy, Plumergat.

4    h.: la Jeunesse catholique de Saint-Malo.

Au point du jour, voici des dćlćgations du FinistAre, de Nantes, de Saint-Brieuc, des ćtudiants de Rennes, tous armćs.

Les hommes de Lanv*aux, nombreux et decidćs, n’arriv6rent que le matin.

La nuit fut une veill<?e d'armes.    a

Au yillage un va-et-vient continuel. Sur 1'csplanade, ęk et 16 stationnent des groupes ; et, 6 la lueur indćcise de leurs falots, ils essaient de lirę des couplets impro-yisćs pour la circonstance, qu'ils chantent 6 pleine voix.

D'autres bandes se massent dans le clottre. L6, 6 l'abri des arcades. on cause, on fume, on s’encourage 6 la lutte, on danse pour se rćchauffer...

Le parloir du Sćminaire est un corps-de-garde.

A la basilique on prie ; la predication alterne avec le chant des cantiques et la rAcitation du chapelet. Beau-coupd'hommes se confessent: ouvrir sa conscience est le geste spontan^ du Breton quand il entre dans 1’ćglise de Sainte-Anne. Et puis les circonstances ne de-mandent elles pas que 1’Ame soit en paix avec Dieu.

Ce qui prouve du reste qu'ils envisagent la possibi-lite dc la mort, c’est que plusieurs ont Acrit leur testament avant de se mettre en chemin. D'autres ont con-fić leur argent aux hAteliers du yillage, avec priAre de



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