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190 SA1NTE-ANNB d’aURAY

un cri maintenant, pas un chant ; 1’enthousiasme de tout i l'heure a fait place & une dmotion contenue ; mais sur les visages tirćs, pAlis par la fatigue et Pinsom-nie, se lit leur rćsolution.

lis n‘attaqueront pas les premicrs; ils entendent bien rester dans la Ićgalitć (1). Mais comme ils ont conscience d’ótre chez eux et de dćfendre leur bien, ils rćsisteront, mćme au prix de leur vie, si c’est nćcessaire. Le moment approche. L'agent du fisc avait annoncć qu’il serait li i 8 h.

A ce moment Pćvćque, en mosette, dcscend de la basilique entourć de son cortige : quelques dignitaires ecclćsiastiques, le vieux genćral de Charette, les sćna-teurs et les dćputćs, des maires, des conseillers d’arron-dissement, des conseillers gćnćraux... II s’arrćte i la grille, qui demeurc solidement fermće : derriire lui, tous les ddfenseurs. Les curieux affluent au móme point par les trois routes de Vannes, d’Auray et de la Chartreuse.

Au bout dequelques minutes, celni qui avait fixe Iui-mime Pheure du rendez-vous ne se prćsentant pas, — les mauifestants se retrouvent tout i coup des pilerins paisibles;surunsignedel’ćvćque, onouvre la grille, on entonne le Credo ; les hommes ąuittent leur forteresse , pour se rendre en procession au champ dc 1’Epine, et la messe est cćlćbrće devant eux i la scala sancta.

M*r Gouraud prit alors la parole ; et, saluant pour la premiire fois ses diocćsains, 11 leur dit sa fiertć et ses espćrances.

Au cours de la cćrćmonie, on reęut de la gare de

(t) Quelqucs-uns pourtant ćtaient dćcidćs & provoquer. On cite entre autres un homme d’Elvcn qui manifestait claireinenl l'in-tention de verser le sang; il avait fait lui-mlrac le sacrifice de sa rie; et la veil!c il avait dit adieu a sa familie comme s’il ne devait plus la revoir. — II avait pris place au poste le plils dangereux sur l'un des piliers de la grille. Mais quand un des sćnalcurs l'eut prić de dcsccndre et de renoncer a son attitude provocatrice, de dćpit il quitta Sainte-Anne aussitót, et regagna sa paroisse, en disant: ■ Je ne suis pas vcnu ici en simple spectateur. »

Sainte-Anne une dćpćche ainsi libellće: « En prćsencc « manifestation, impossible exćcuter ma mission. »

Le Gouvernemcnt recule : les manifestanta nont plus qu’A se disperser.

Ils sen retournent chez eux par groupes, comme ils ćtaient venus:chantant, acclamant sainte Anne,tenant leurs bAlons haut levćs en signe de triomphe, et se pro-mettant bien les uns aux autres de revenir au premier danger.

Pourquoi donc le Gouvernement avait-il reculć?...

Des troupes rćgulićres auraient eu facilement raison de barricades en planche et d’adversaires armćs de bAtons. Mais il eAt fali u pour cela donner 1’assaut. s’ouvrir un passage A travers des rangs d hommes qui avaient rćsolu de faire un rempart vivant A la basi-lique: il eAt /nilu verser le sang.

Sa victoire n‘ćtait pas douteuse : mais c’eĄt ćtć une de ces victoires qui coAtent cher nu parti qui les gagne; et d'aucuns mćme ont pensć qu’il eAt suffi au Gouverne-ment de remporter quelques-uns de ces triomphessan-glants pour se voir obligć de mettre fin A la guerre reli-gieuse (1).

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Dix mois aprćs, le Gouvernement prit sa revanche, mais avec 1'attitude de l’homme qui se cache pour prendre ce qui ne lui appartient pas.

Lorsqu'il fit procćder A la fermeture du Petit Sćminaire, il procćda en mćme temps A un simulacre d inventaire du Pćle-rinage sous la protection de 2800 soldats, 300 gendarmes, 80 agenta de la sAretć. Et, bien que la police occupAt dćjA la basilique, on brisa ostensiblement, et avec une misę en scćne

(t) Ce rćcit est en tous points conforme aux renseijęnements, imprimćs ou manuscrits, qui ont ćtć rćdigćs par les tćmoins des erenements : M. Rio supćrieur. M. Guyot ancien mattre du P. S., MM. Nicol. Morice, Le Veux, Lc Marćchal, Le Gouguec, Lc Roux, professeurs.    /



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