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<92 SAINTB-ANNB DAURAY

significative, une des portes que les manifestants des inven-taires avaient solidement barricadles.

l^s troupcs s'alignlrent sur la place comme pour la paradę:

A gauche les fantassins. & droite les cuirassicrs et les gen-darmes, au centre la section du ginie; derrilrejes artilleurs; tous faisant face au grand portail de la basiłiquc. Un soldat du giniegravit le perron, tAte les solides ferrurcs de la porte, et redescend en secouant la tlte. Grand silence. I,es troupes exlcutent un changement de front; maintenant elles font face A la porte de Klriolet; de nouveau un soldat du ginie gravit • les degrls ; un bruit sourd, et la porte s’ouvre blante : quelques coups.bien appliquls ont eu raison de la rlsistance. Puis 1’effraction symbolique Itant oplrle. 1’armlese retire(l).

Salnte Annę et la guerre.

Dieu veut que sainte Annę soit honorle ici 1 Or honorer sainte Annę, ce n'est pas seulement lui adres-ser des hommages ou des manifcstations grandioses, c’est encore et surtout solliciter sa protection dans les calamitds publiques et les epreuves indmduelles, et reconnaltre par lA-mdme sa souverainetd, sa puis-sance et sa bontć.

Or il y a eu trois circonstances particulidrement critiąues ou la Bretagne a recouru A son intervention maternelle.

Au ddbut de la Rdvolution, il s'agissait de maintenir 1’intlgritl de la foi menacde par la constitution civile du clergd ; et dans une ddmarche sans prdcddcnt jusąue IA, croyons-nous, l’dvdque de Vannes convoqua ses diocdsains aux pieds de sainte Annę le 16 ddcembre 1790; ses prdoccupations dtaient bien justifides, car « les mauvaises lois » contrę lesquelles il voulait garantir les Bretons allaient ddchalner dans le pays une guerre longue et meurtridre.

(1) Voir lc rćcit de cette journće dane le Ul* yolume de cet ouvrage: Lc Petit Sdminaire.

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lin 1870 et en 1914, il s’agissoit d’autre part de sau-vegarder 1’intćgritć du territoire menacde par l’inva-sion allemande.

Dós la ddclaration de guerre les pdlerinages furent trós nombreux de soldats isolds, de familles, de pa-roisses (1), et dans toutes les pridres ce que l’on deman-dait avant tout, c’ćtaient des faveurs individuelles, la vie sauve dans les dangers dc la guerre (2). Mais les

(tł Quelques semaines aprAs lc dćsastre de Sedan, les mobilisćs de Rhuys, officicrs cn tAte, vinrent faire benir leurs drapcaux A Sainte-Annę, ct leur exemplc fut suivi par les mobilisćs de Baud, de Pluvigner et de LocminA.

(2) Pendant la guerre de 1870 et pendant la Grandę Guerre, ę'a AtA la mćme affluence ininterrompue de mAres, d'Apouses, de soldats venant racontcr A la • Bonne MAre sainte Annc » leurs angoisses et implorcr sa protection.

Un matin d'hiver, on trouva sur lc scuil dc la basilique en 1916 un soldat cn permission, arrivA A pied de Gourin pendant la nuit, ct ntlendant l'ouverture pour faire ses dAvotions. — « Je n'ai cessAde pricr notre chAre Patronne, mime au tnilieu des combats, Acrivait un jeune officier en 1870, et j'attribue A son intercession d’Atre rcstA seul, A cheral, au milieu d'un Atat major blessA ou dćmonlć... » — « Vive sainte Annę! elle veul bien nous protA-ger... >• dAclarent A la mArac Apoque deux frAres, l’un capitainc de mobiles, 1’autre lieutenant de franes-tireurs. — Un capitaine Acrit en 1915: •• DćsignA pour un assaut, j'ai rAcitA au milieu de mes hommes les litanies de sainte Annę; et puis tous se sont levćs rAconfortAs. » — Un autre nous a racontA, deux ans plus tard, qu'il avatt cn poche une pelite statuette de sainte Annę; et quand le danger menaęitt, il n'avail qu'A la montrer en disant: •« Nayez pas peur, les g&rs. sainte Annę est avec nous I » —.« Je voyais la morl de bien prAs, Acrivait un adjudant-chef en 1914, mais une vision me donnait une force suihumaine: c‘etait le sourenir de sainte Annę et de son autcl, au pied duqucl j'ai priA. » — Un soldat racontant sa premiAre bataille. Acrivait en 1916: « Qunnd on a coramandA la charge, on est parti corame des fous cn criant; et dans cette course A la mort je distinguais un grand nombrc de camaradcs qui criaicnt: Santez Anna ! SantAz Anna ! » — L‘AvAque de Marseille risitanl un hApital y rencontro plusieurs Bretons. • lis avaient tous, nous n-t-il Acrit, des figures tristes ; inais quand jc leur ai dcmandA s ils aimaient sainte Annę, leur ▼ i sagę s’cst ranime d‘un sourire qui les a transfigurćs: Ah ! si nous aimons sainte Annę, mais ccst le pays!... » Et pour tinir, aprAs ces quelques citations qui ne sont qu'un

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