194 SAINTE-ANNE DAURAY
Avćques dont le róle est d’Alever les Ames dans lcs malheurs publics, avaient des prAoccupations plus hautes. Sans faire abstraction des autres points de vue, ce qu'ils yoyaient avant tout, c'Atait 1’intArAt gAnAral, et ce qui sollicitaient, c’Atait la victoire de nos armćes.
M«f BAcel eut donc 1’inspiration de consacrer le pays tout entier A sainte Annę par un acte officiel: 10.000 pA-lerins environ et plus de 150 prAtres rApondirent A son appel (1) le 19 dAcembre 1870.
Quarante cinq ans plus tard le danger Atant encore beaucoup plus grand, la guerre plus meurtriAre et la victoire aussi incertaine, les actes de dAvotion privAe et les tćmoignages deconfiance illi.mitAe en sainte Annę furent exactement les mAntes qu’en 1870. Mais la mani-festation organisAe par MB Gouraud le 26 juillet 1917, eut un caractAre diffArent : les personnagcs politicjues du dApartement (2) sassociArent publiquement aux reprAsentantsde TEglise ; et ce fut au SacrA-Cocur, cette fois, par 1’intermediaire de sainte Annę, que l’on con-sacra le pays.
AprAs les angoisses de Yaanóe terrible, il y eut un mouvement gAnAral de tout le pays vers Sainte-Anne d’Auray. De partout on ne cessait d’y venir : A Nantes,
A Rennes, A Saint-Brieuc, A Quimper et en LAon, aussi bien qu'A Vannes, on sentait le besoin de remercier la Patronne de la Bretagne qui avait si visiblement pro-tAgA les marins, les soldats et la province elle-mAme. Chaque jour les pAlerins arrivaient ici guidAs par le mAme sentiment de reconnaissance.
fałble Acho d’un Atat d'esprit gAnAral, ce mot d’un solddl qui, la figurę toute souillAe de bouc et de sang, interpclle ainsi Taumó-nier : « Vitc, confessez-moi, je vcux Atre avec le Bon Dieu et sainte Annę au paradls •.
0) La cerAmonic eutlieu prAs de la colonae commćmorative du Couronncment. L'acte de consAcration fut lu par Mn BAcel. PrAs de lui se trouyaient Mn Guillous, archevAquc de Port*au-Princc, Mn Ridel, Mn de Sćgur,
(2) II y'avait tA quatre sAnateurs cl cinq dAputAs du Morbiban.
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C’Ataient des personnages de marque : lesdeux heros de Loigny, Sonis ct Charette (1); le gAnAral Trochu, ancien gouverneur militaire de Paris ; le gAnAral de Cissey, Ministrede la Guerre, etc.
CAtaient des groupes de combattants; Cathelineau, avec son etat-major, les mobiles de Sarzeau, de Ploer-mel ct d’Auray, les zouaves pontificaux, etc.....
Or en voyant cet Abranlement de toute la Bretagne, on eut 1’idAe d’ofTrir A la reconnaissance publique l’oc-casion de se manifester solennellement dans une cArA-monie grandiose.
Le grand pAlerinage de 1872 ainsi dAcide ne fut que 1'immense action de grAces de la province toute entiAre.
A prAs la grandę guerre, les tAmoignages de la reconnaissance bretonne, moins solennels peut-Atre, ont AtA tout aussi Amouvants. On n‘avait plus A dAplorer la dAfaite, il est vrai, mais on avait k pleurer les innom-brables victimes de la guerre ; et k la joie de la vic-toire si longtenips attendue se mAlait une insurmon-table tristesse. Alors surgit une pensAe bien digne de r&me bretonne : aprAs avoir remerciA sainte Annę des nombreux retours, ne convenait-il pas aussi de faire jouir de sa protection les Ames de ceux qui n’Ataient pas revenus.
Et les clrconstances ont AtA favorables A 1’accomplis-sement de ce dAsir. Lorsque la question fut agitAe de savoir en quel endroit s’AlAvcrait le monument collec-
(1) Le gAneral de Sonis, « aussi humble devant Oieu que ficr sur le champ de bataille », avait pour sainte Annę une dAvotion parli-culiAre: ou cours d'un de ses pćlerinages, il demanda la faveurde passer une nuit en priArc devant la statuę miraculeuse. Un jour nous l’ayons rencontre nous-mAmes, circuiant dans le parć du Petit-SAminairc, le chapelet en main.
Le gAnAral de Charette lit rcmettro A Sainte-Anne, le 8 dAcembre 1872. 1'ApAc d'honneur ollerte par la Bretagne « au hAros qui avait servi av*c tant de bravoure la cause du Papę et celle dc la France ». Ellc fut portAe dans la procession par trois zouavcs pontificauz.
Le Ministre de la Guerre, gAnAral dc Cissey: « Yoicl mon ApAe. dit-il; je la rends & sainte Annę. J'avnis prornis de la lui offrir, si les Prussiens mc la laissaient