196 SAINTE-ANNB DAUHAY
tif & la mćmoire des 200.000 Bretons morts pour la France, 1'opinion publique nhesita pns longtemps : c’śtait ici et non pas ailleurs. Sainte-Annę etant le rendez-vous de toute la Bretagne, chaque familie pour-rait y retrouver le souvenir des siens, et d'autre part les morts, de quelque dioc£se, de queique paroisse qu'i!s soient, bćnćficieraient de la prifcre ininterrompue qui se fait en ce lieu beni.
Et, pendant que s’tfl&ve le « monument aux morts », les croix de guerre et les croix d'hoqneur, epinglćs & 1’autel de la dćvotion, chantent la reconnaissance des vivants et proclament leur foi dans l’intervention de la patronne des Bretons: suprćme hommage des hćros pour la Sainte dont la main leur a etć secourable sur les champs de bataille. Les dćcorćs de la guerre ont voulu faire participer ainsi & 1'honneur qu’ils ont mćritć par leur bravoure Celle qui les a gardes quand ils ćtaient A la peine.
Le troisldme oentenaire.
Le jubilć du troisi&me oentenaire de Sainte-Anne d’Auray s’est ouvert le 25-26 juillet 1924, 6 Ja datę de la grandę apparition ; les fótes devant se continuer le 7 mars, en commćmorant la dćcouverte de la Statuę miraculeuse, et se clóturer le 26 juillet 1925 4 1’anni-versaire de la premiero messe cćlćbrćeau Bocenno.
Cctte premićre solennitć, comme toutes les autres grandes fótes, a attirć une grandę affluence de pćlerins, de prćlats, et d’hommes politiques (t). A signaler pour-tant deux particularitćs notables :
(1) La fdte fut prćsidće, en 1'absence du Cardinal empóchć au dernier moment, par Mr Gouraud, assistć des ćv(ques de Ouim-per, de Saint-Brieuc, de Beauvais, du Cap Ilaitien, du coadjuteur d Angcrs. de deux abbćs bćnćdictins et de cinq abbes cisterciens. • Au premier rang des p*lerins se trouvaient des sćnuteurs du Morbihan et d'Illc-et-Vilaine, des dćputćs et des conseillers g£nć-
1. — Les rues du village, les routes qui y abou-tissent et 1'enceinte des ceremonies ćtaient richement pavoisćes, grAce au concours d'un grand nombre de paroisses qui ont rivalisA, en 1'honneur de sainte Annę, pour confcctionner des guirlandes, des festons et des banderole^.
2. — Les cArAmonies ont AtA cAlAbrAes non pas dans la basiliquc, non pas mAme dans le vaste champ de la scala sancta manifestement insuffisant pour conte-nircette foule ; mais, A 1'Acart des sirAnes stridentes, dans la prairie oit.commence A s’Alever le monument funeraire des soldats bretons (1).
Toutefois la grandę caractAristique de la fAte ę'a AtA la veillAe de la nuit historique.
Le rassemblement des pAlerins se fit dans le champ dc 1’Epine. II y avait IA deux groupes distincts, celui de langue bretonne et celui de langue franęaise (2). MalgrA la difTArence des idiomes, 1'unitA du rythme et de la mAlodie imposAe A tous, A 1’aller comme au re-tour, donnait 1’impression que cette foule, si nom* breuse et diverse, n’avait neanmoins qu’unA priAre et qu’une voix pour acclainer sainte Annę.
Pour donner A chacun d’eux le tcmps de se rn lier autour de sa banniAre, on comrnenęa par rAciter le chapelet en alternant les dizaincs avec le chant des cantiques.
Puis les deux groupes s’Abran!Arent, chacun A son tour, pour se rendre A la croix de Nicolazic, premiAre Atapedu dAfilA. C’est en cet endroit en efTet que sainte
raux, etc. — Le nombre totol des pelerins pour les deux jours a Hi ivalui & 50.000.
(1) l/orateur des premiCres v£pres fut un p£re Capucin, choisi en souvenir des premiers organisateurs du PAIerinage. L‘oratour de la messę pontiflcale fut M. Leraoinne, vlcaire-gćnćral de Nantes.
Les prćdicatcurs de la nuli furent les deux auteurs de cet ou-vrage.
(2) En rAallti il y avait trois groupes : d*une part les pólerins dc langue franęaise, et d’autre part les deux groupes de bretonnants, sóparAs suivant leur dialecte.