mysterieuses moissons Donc pas de proselytisme, mais des contacts directs avec les gens, et un temoi-gnage plus ou moins silencieux. Dans le contexte de son epoque, il etait necessaire, en effet, d’avoir une mentalite de semeur desinteresse et de cultiver non le secret mais une certaine discretion, ce qui est tou-jours actuel. Cest une formę de respect. Kile aimait a dire : " Tout accueillir pour tout epanouir
Et pour unifier des engagements apostoliques souvent disperses, et ou les dons humains doivcnt etre deve-loppes au service de l’evangelisation, les fondateurs ont envisage une vie intensement communautaire.
La vie communautaire
En ce qui conceme la vie communautaire, le Pere Eymieu et Claire souhaitaient une atmosphere fami-liale, simple et chaleureuse, meme si la fratemite evangćlique est d’un autre ordre que la familie humaine. L’union au Christ qui est Iui-meme uni au Pćre dans PEsprit, doit en etre le ciment. “ Qu’ils soient un ”, telle etait une des devises de la Xaviere primitive. En 1934, Claire Monestes ecrivait a une amie, rcligieuse du Sacre-Cceur, Mere Marie de Roux, en parlant de la communaute de Paris :
" Ce que je voudrais, c'est faire de cette maison ąueląue chose qui ressemblerait aux maisons des
En 1935, Claire Monestłs h gouche avec Anne-Marie Revertćgat, la premićre su^rieure gćnćrale elue en 1939.
premiers chreliens, ou tous ne faisaient qu'un cceur et qu une ame, dans une atmosphere de simplicite, de purete, (ce dernier mol dans le sens large, c ’est-a-dire rien d 'arlificiel et de j'aux), qui conditionnent la vraie vie chretienne et ouvrent les ames a la jole. (Lettre de Claire a Marie de Roux - 2 fewier 1934) ou encore : “ En communaute, ne perdons pas nos habitudes de charme, de politesse. Gardons le sou-rire. Nous sommes dans la maison du Pere ”... “ // 5’ agit d ’etre effrontement bon, plein d ,exquise com-prehension, de charite penetranle, de courtoisie quo-tidienne, familiale... Membres drune meme familie, avec des liens si forts que le Christ seuls a crees, man-geant le meme pain, a la meme table... (L.c.18.10.1934).
Cette fratemite qui prend sa source dans la commu-nion trinitaire, est sans cesse a constmire et a vivi-fier. Elle est elle-meme missionnaire. Mais elle est aussi un facteur d’equilibre humain et spirituel en meme temps qu’un rempart contrę l’individualisme qui guette chacun d’entre nous.
En resume, le charisme fondateur de la Xaviere peut se definir comme la suitę du Christ ou se declinent a la fois fidelite a 1’Eglise et souci des gens aux frontieres, obeissance et creativite, vie personnelle et vie communautaire, immersion dans le monde et retrait, contemplation et action. Mais il est assez dif-ficile de trąduire cela en mots. On pourrait evoquer d’autres traits. En 2004, les communautes de Cóte d’Ivoire et du Tchad, du Quebec et de France etaient invitćes a rćflechir sur le charisme au cours de trois sessions sur le sujet. II n’en est pas sorti de defini-tion standard. II s’agit plutót d’un climat, d’une ambiance, d’une certain air qu’on respire, d’un je ne sais quoi qui caracterise Fesprit de telle familie reli-gieuse et qui en fait son charme et sa specificite.
VI. METHODE SUIYIE
Pour prćparer cet expose, j’ai consulte de nombreux documents dans nos archives, qui ne sont pas encore totalement analyses d^illeurs et aussi d’autres sources, en particulier pour le contexte politique et ecclesial.
Je me suis servie d’une tliese faite par une xaviere sur la vie de Claire Monestes et sur son joumal spirituel i, d’une autre these sur Pie XI, soutenue par une autre xaviere, a Tlnstitut catholique de Toułouse en janvier 20052. Pour le catholicisme social, j’ai consulte une Histoire de FEglise que j’avais sous la main3 et je suis allee voir PEncyclopedia universalis etc.
Mais surtout j’ai consulte nos archives :
- une chronologie de la vie de Claire Monestes que je suis en train de constituer depuis la misę sur pied
28 - BUL. AAEF - N° 65-66