la caisse de 1’Ćglise1. Ainsi, dans Ep. 12, 23a, il dit par exemple: Monas-terio itague vestro... decem annuos solidos dań deputaoimus, guos petimus sine iniuria suscipi, quia non haec vobis nostra oblatio, sed sancti Petń apostolorum pńncipis benedictio ojfertur. L/opposition entre oblatio et benedictio est re-marąuable dans ce cas.
C’est un fait bien connu que les chretiens de langue latine ont empruntć au grec un grand nombre de mots, surtout par 1’intermediaire des tra-ductions de la Bibie. Mais ces emprunts se sont en gćnćral limitćs aux mots qui ont une signification concrete; en meme temps que la chose, on s’approprie le nom qui la designe. Pour les notions abstraites, au contraire, les chretiens prefór^rent des mots latins qui existaient deji ou en form&rent de nouveaux3. Dans la langue litteraire des chretiens latins, on constate, des le dćbut, la tendance a eliminer les mots grecs prćcedemment adoptes. C’est parfois avec succ£s, mais le plus souvent 1’emprunt s’avćre si bien adapte qu’il est difficile de 1’ecarter du voca-bulaire et qu’il subsiste, surtout comme terme technique.
En ce qui concerne eulogia et euchaństia, nous voyons a peu prćs le meme processus. Dans les sens abstraits de ‘ćloge, action de grice, benediction’, aucun des deux motsn’apu s’implanter dans le vocabulaire latin. Un des passages relativement peu nombreux ou eulogia, dans le sens abstrait, se presente encore plus tard, est par exemple un texte du VIIe siecle de 1’auteur anglais Aldhelmus qui, dans De Virg. 304, fait allusion au nom de Benoit: Nec praetereundum arbitror beatae memoriae Benedictum, guem ab ipsis infantiae incunabulis ita fortunatum oocabuli prae-sagium pascebat, ut penitus aliter in proposito diuinae religionis vivere neąuiret, quam propriae appellationis dignitas et caelestis eulogiae praerogatioa permitteret.
Euchaństia, au sens concret, subsiste au contraire et supplante eulogia dans le sens de ‘Saintes Espfcces’, bien que, ęa et li, on le voie remplacć par des synonymes latins comme sacramentum ou sacńficiumB. Eulogia s’est surtout developpć dans le sens concret de ‘pain beni5 et, outre la prati-que, la denomination s’est longtemps conservee. Ainsi, on peut lirę eulogia ‘pain bćni’ au IXe siecle chez Hincmar de Reims, dans ses Capit. 7fl.
1 Cf. Drews, Gesch. der Eul., p. 37 ss.
* MGH epist. 2, 2, 389, 27 ss.
* Cf. Christink Mohrmann, Les emprunts grecs dans la latiniU chritienne, dans: VC 4 (1950), p. 193 ss.: voir p. 196 ss.; Id., Linguistic Problems in the Early Christian Church, dans: VC 11 (1957), p. 30 ss.; Id., Etudes, II, p. 22 ss., 42 ss. et 116 ss.
* MGH a.a. 15, 268, 7 ss.
* Cf. Bastiaensen, o.c., p. 79.
* PL 125, 774.
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