Cappadociae cioitale, quae appellatur Caesarea, ubi habent Udem beatissimi insigne martyńum. Et, dans Urbs Constantinopolitana nova Roma1, nous lisons: ecclesiam sive martyńum sancti Menae. Dans ce dernier exemple, ecclesia, qui 1’accompagne, trahit k notre avis Pemploi insolite de martyńum dans ce sens en latin. Seul saint Augustin, Deciv. Dei. 22,82Pemploie sans que le texte se rapporte k POrient: ecclesiam cotidie et in ea memońam glońo-sissimi Stephanifrequentabant... die dominico manę, cum... loci sancti cancellos, ubi martyńum erat, idem iuienis orans tenebat.
Etant donnę qu’au cours de son voyage en Orient, Egerie visita de nombreux iiagrógia de martyrs et les entendit appelcr ainsi, et que, d’autre part, comme Occidentale, le martyńum abstrait lui etait familier, on comprend aisćment que dans son esprit elle ait, a tort, associe le nom de la basilique commćmorative pr£s du Golgotha, Maęrógiop, a Pidee de ‘souffrance3 et de ‘martyre’. Dans 30, 1 (82), elle ecrit notamment: Propterea autem Martyńum appellatur, quia in Golgotha est, post Crucem, ubi Dominus passus est, et ideo Martyńo.
Pour ‘monument funeraire’ou ‘sanctuaire commemoratif’ d’un saint, les chretiens de langue latine usaient volontiers du mot memońa qui, sur-tout en Afrique du Nord, semble avoir etć le terme consacrć4. II s’em-ployait parfois aussi dans la langue profane pour parler de la commemo-ration des morts; mais ce n’cstque dans Pidiome des chretiens qu’il prit les sens concrets dont nous avons parle plus haut. II n’est pas exclu qu’il s’agisse d’un developpement semantique spontane du latin, sans influence exterieure; mais nous croyons pour notre part que cette reno-vation sćmantique, comme beaucoup d’autres du vocabulaire chrćtien, fut, pour le moins, stimulće par la langue biblique. Dans les Septante, les mots fivfjfia et /iwyuelor se presentent, en eflfet, souvent dans le sens de ‘monument funćraire’, sens que ces mots avaient d’ailleurs dćji en grec profane5. Saint Augustin se rćfere formellement au grec, lorsque, dans De curapro mort. 43, il «Scrit: Graeci /j.vrjjuetov vocant, quod nos memońam seu monumentum appellamus.
Etant donnć que memońa n’etait pas directement associć k 1’idee de martyre, le mot pouvait aussi bien vouloir dire un monument funeraire quelconque. Peut-etre etait-ce meme la signification primordiale. Une
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Geographi Latini Minores, ed. A. Riese, Heilbronnae 1878, p. 135, 6.
1 CSEL 40, 610, 12 ss.
CSEL 41, 630, 14 s.
* Pour ce mot, voir par ex.; J. Braun, Der ehristliche Altar in seirur geschichtlkhen Ent-wicklung, 2 vol., Miinchen 1924, I, p. 555 ss.; H. Leclerc^, art. Memońa, dans: DACL XI, c. 296 ss.; W. N. Schumacher, art. Memoria, dans: LThK VII, c. 264.
* Cf. O. Michel, art. Mi/iytfaKOficu etc., dans: WzNT IV, p. 683 ss.