464 SAINTE-ANNE DACRAY
les ćpoqucs, on a constatl en effet que jamais, malgrl les apprćhensions en apparence justifiles, les ressources n ont fait dlfaut.
Ildisait: Tous les trlsors du ciel sont entre les mains de sainte Annę! — Et la listę est interminable en effet des faveurs temporelles et spirituelies qui ont Itl obtenues en cet cndroit par son intercession.
Une telle clairvoyance dans les lvlnements de l’avenir, k une lpoque ou rien ne pouvait entrcvoir leur realisation, ne peut s'expliquer quc par une intuition dc ginie ou par une rlvllation divine (1).
Si l*on s*occupe jamais de glorifier ce grand serviteur de sainte Annę, le don de prophćtie ne sera pas un des moindres rayons qui brilleront au front de celui que ses vertus per-mettcnt dljA de regardcr comme le modele des gens de son Itat, et de considlrer comme notre saint lsidore breton.
Aux obsfcques de M. Guillouzo, que la voix populaire appe-lait un « nouveau Nicolazic, » M,r Bdccl se reprochait den’a-voir pas assez apprlcić ce grand serviteur de sainte Annę, et il ajoutait: « Si devant la tombe qui vient de s’ouvrir je ne rendais justice k celui qui a tout fait pour la glorification de sainte Annę, et qui a pour ainsi dire ramassl toutes les picrres qui sont entrles dans cet Idifice, ces picrres elles-mlmes pro-testeraient contrę mon silence ». — Au troisilme centenairc de la fondation. du Pllerinage, ne pouvons nous pas faire, et k plus juste titre Papplication de ces paroles dc rlparation & celui qui a Itó incontestablcmcnt le premier et le plus grand servitcur de sainte Annę en Bretagne.
S‘il n'ltait pas lui-mlme glorifil comme il convient dans ce lieu, ob depuis 300 ans son oeuvre continue de s’lpanouir, ce ne sont pas les pierres seules, c’est I histoire tout entilre de son village, devenu la capitale religieuse de son pays, qui rl-clamerait.
. (1) O nest pas par une simplc tradition orale que ces prldlctłons sont arrirtfes JusquA nous; elles ont consignćes par les contempo-rains tclles que nous les transcrivons.
Les mkndiants.
Sommaiixc. — I. — Diffćrentca ciitlgories do raendiants : les nomado*, lea yagabonds, les vrais pauvres. — Le* mcndinnts k Sainte-Anne d'Auraj.
II. — Organisation de truands. — Lutte contro ccttc ■ Ifcprc sodalc* : 6dtts roynux et impćriauz; dlcrets prćfectorauz, et arrćtla munici-pauz de Plunerct.
III. — Lc pauvre du Bon Dieu. — Sa place dans nos divor»e» cćrlmo-nieś religieuses. — Dlcadence.
IV. — Lea moeurs de la truanderie k Sainte-Anne. — Oisparition du
flćau. s
I
Les mendiants de Sainte-Anne sont lćgendaires.
Sans doute la mendicitć et le vagabondage ne sont pas des tares spćciales & la Bretagnc.
Ce n’est pas non plus un mai particulier h notre temps: 1’ancien Rćgime se montra, surtout dans les derniers sićcles, aussi prdoccupć de le rdprimer que les gouvernements modernes(i).
(1) Pour ne parter que de Vannes, voici un ćdit royalqui montre bien que les dćpóts de mendicitć eiistaient dćjA en fait, dans notre pays, quoiquc sous un autre nom, au XVII* sićclc; s’il y a une difTćrence enlre ceux d'alors et ceux d’aujourd'hui, c'est que dans les premiers on ne se contcntąit pas d'emptoycr les moyens de rćpression, on avait de plus Ic souci de moraliser lc pauvrc par la religion. — I/ćdit est de 1685, publik pour rćtablisscment de TH6-pital ginćral. — « Nous ordonnons quc touslespauvrcsoriginaires *s faubourgs et ceux qui en sont habitants depuis cinq ans, qui ne peuvent rivre ni de leurs biens ni dc leur travail, soient enfermes dans le dit hópital pour y 6tre instruits dans Im crMinte de Dieu, et pour y apprendre quelque mćtier, et vaquer au travail dont ils sont capables.
« Faisons trćs cxpresse dófense A toutes personnes, de quelque 8AINTE-ANNE D'aURAY T. II. 30