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■16G SAINTK-ANNR I>’aURAY

Mais, & tontes les ćpoques, et jusque dans ces der-niers temps, les mendiants ont ćtć une plaie pour le Pólerinage de Saintc-Anne : il ny avait pas une assem-blóe od ne se radlAt A la foule des p&lerins leur tourbe envahissante et loqueteuse.

Les mendiants qui font l'objet de cette etude ne sont pas les Nomades d’origine inconnue et sans patrie, dont les roulottescirculcnt sans se laisserarrćter par aucune fronti&re, et qui vivent au depens des pays qu’ils tra-versent.

Ce ne sont pas non plus ces Vagaoonds sans domi-cile certain, sans industrie classóe ni moyen avouable de subsistance, trimardeurs qui yoyagent au hasard et dont la principale prćoccupation est d’ćchapper A la survcillance de la police (1), dpaves sociales incapables de se fixer nulle part, dćguisant parfois 1’irrdgularitA de leur situation et leur faineantise sous les apparences d’un petit commerce (2); prćferant, tel le loupde la

qualitć et condition qu'clles soient, valides ou invalidcs, de men-dier dans la dite viłlc et faubourg, dans les eglises, dans les rucs, publiqucment ou en 9eeret, A peinc dc prison, de fouct, de cachot...

« Voulons qu’ll soit falt visite de trois mois en trois mois au moins, en la dite rille de Yannes, aux lieux ou les pauvres vaga-bonds ont accoutumć dc se retlrcr et loger, pour chasser les dits paurres et gens sans aveu, ou les faire constituer prisonniers et leur faire infliger les autres peincs qui scront trourćes raisonnables par le burcau... » (Bulletin de la Sociitó polymalhigue 1880).

(I) Au moyen-Agc, la ległslation attachant le paysan A la tcrre et fixant les ouvriers dans leur Corporation, le vagabondage n'exis-tait pour ainsi dire pas, cn dchors des malaudrins (ou soldats licencićs). Le vagabondage s'est dćvcloppć surtout depuis l’ire de la libertć: et la loi qui interdit le sAjour A certains recidivistes de la inendiciU, cn jetant liors des villes une foule de gens sans avcu, a crW ce qu’on a appel* le flćuu du vagabondage dans les campagncs (Cf. Riyićkk: Mendiants et ragaJtonds. Lecoffre, Paris, 1902|.

i,2) Paęon dc mendier trós habile parce qu'ellc parait lćgolc. Iłs yoUs abordcut cn proposant papier A lettres, porte-plumcs, etc... Et sur votre refus, ils ajoutent inrariablcment: « Si vous ne vou-lez rien acheter, faites-moi du moins la charitć d'un morccau de pain et de quclqucs sous... ».

fable, tous les risąues de la misćre A une discipline quelconque (1).

C’est encore moins le mendiant qu'cn Bretagne on nomme le pauvrh du Bon Dibu (2). Celui-ci ne voyage gu&re au loin, et ii compte autant de domiciles qu'il y a de maisons dans la paroisse. Du reste, accueilli comme un ami par les cnfants, comme une connaissance par le chicn de gardę du village, prenant sa place au foyer comme un membre de la familie; ayant conscicnce, comme ceux qui le reęoivent, de la dignitć de son ćtat, et rćpondant 6 raumónequ’on lui fait par cette parole qui est une rćplique de l'Evangile : Douó hou piou (Dieu vous le rendra) (3). Salaun du Kolgoet en Leon et le

(I) łNous ne prćtendons pas, cela va sans dire, que den’avoirpas de domicilc. et d'errer sans cesse par voies et par chemins, soit contraire h la morale chrćticnnc. Ces perpćtuels ambulants ont inćine un patron rócemment canonisć, dont malheureuscment ils ne connaissent gu£rc les vertus et 1’esprit de sacrifice. C’est sur les grands chemins que saint Benoit Labre, si souvcnt traitć comme un vagabond, se sanctitia en promenant sapauvretćde pderinage en pćlerinagc. « II ne vou!ut fitre assurź ni de son glte ni de son pain; il s'en alla couvcrt de hailions, vagabond au regard du mondc, penitent sous les yeux des angos, ayant su ilre cette chose si grandę sur la terre : un pauvre de Jćsus-Christ * łL. Yeuillot).    %

12) Non seulement l'Evangilc a ditBienheureuxlespauvres! > mais encore il a fait de sa pauvretć volontairc une des conditions dc la vic parfaitc. Et c'est pour rtaliser cet idćal ćvangćlique que se sont crMs* les « ordres mendiants », qui ne vivent quc d’au-inóncs, mais qui rendent k la socićtć plus qu’ils ne reęoivent. Ce n*est pas une fictlon que saint Franęois dAssise esprimait, mais une rćalitć, lorsqu'il celćbrait son mariage mystique avec la pau-vrctć.    •    |

(3) Lui-mćme, conteur intarissable, colporteur de nourelles, chanteur de jolics sónes..., retribue souvent k sa faęon l’accueil qu'on lui fait.

Quand ia vieille Gillette entre dans la maison,

On lui dit: ■ ę«, la vieiUe, il faut une ctoanson. •

Kt pour sa place au fcu, la bonne mendiante,

Les mains sur les tisons et le dos courbć, chante :

Rimes de tous les tempa, et de guerre et d amour,

Ellc en pourrait trouver jusqu'au Iever du jour...

Ainsi Brizeux decrit-il le pauvrc de Cornouailles. Void sous quels traits Emile Souvcstrc, cc peintre si exacl des mccurs bre-



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