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468 SAINTK-ANSR DAURAY

Roi Stcwan (i) en pays de Sainte-Anne sont demeurćs dans cette catćgorie de pauvres les types idealises et toujours populaires.

II est une categorie de mendiants, qui ne se confond avec aucune des autrcs.

Ceux-ci, comme les bons pauvres, sont du pays; mais ils n’y sont les familiers de personne; ils y ont mdme quelque part un domicile dont ils se rćclament, une hutte. — Ils vagabondcnt, eux aussi, mais dans une region limitće et connue, dont ils savent les itine-raires, les villagcs, les ressources, les sentiments des habitants & leur ćgard; au courant des fótes, h 1'afTiU toujours de quelque bonne aubaine, gens sans avcu, galvaudeux, truands, malandrins, — figures patibu-laires;dont on se ddtourne instinctivement par dćgotit ou par crainte.

Voilń les mendiants qui sont la plaic des Pardons de Bretagne (2).

tonnes. reprAsente les pauvres du LAon, qui ressemblent, A s’y mćprendre, A ceux du pays de Vannes.

■ Les pauvres sont les hótes de Dieu. Jamals une voix rude ne les repousse du seuil: aussi ne s'arrAtent-ils pas timidemcnl A la porte. Ils entrcnt avec confiance, en disant: « Dieu bćnisse ceux qui sont ici! — « Et YOUS-mAme! r. rćpond le maitre de la maison. en montrant une place au foyer ». Le paurre paie 1'hospitalitA en racontant cc qu’i! a appris dans ses derniAres courses. II dira si le recteur de Locbrist est roalade, si les blAs de PlouAzoch sont plus avanc£s quc ceux de Lanmeur, si la toile s’est bien vendue au der-nier raarchć de Landerneau. Parfois il rappellera un remćde utile, il parlera du pAlerinage de Saint-Jean-du-doigt pour guArir les maux d'ycux. etc. II saura de plus chanter les derniAres complaintes qui ont AtA faites, car le raendiantest le barde de la Bassc Bretagne, le porte-nouvelles de cette cirilisation patriarchale... (Em. Sou-ysstrr: Let dernicrt Bretont, I. p. 23).

(1)    Une Atude trAs documentAe de M. 1'abbA Guilloux sur le Boi Stewan, a AtA publiAe par la maison Lafolye (Vannes). et elle con-dut A l'cxistence reelle dece pcrsonnage Anigmatique. Nous ne croyons pas que la question soit dAfinitivcment tranchAe.

(2)    Dans une enquAte sur le paupArisine, qui fut faite.par ordre du roi, en 1774. dans tout le diocAse de LAon, le recteur de Guic-quellau Acrivait A l'AvAque: « Au bourg du Folgoet, qui seul four-nit prAs de 80 mendiants, la source de la mendicitA est la fainAan-tise ; plutót que dc sassujettirau travail, ils aiment mieux courir

Cette engeance est dautant plus pernicieuse qu'elle est organistę. Ils se connaissent entre eux, ils ont des mots de passe; et forment une sorte de Corporation sccrfcte, qui a ses conventions et son chef.

Et la chose remonte trós-haut.

Dós le XVII* siócle, Sauval affirmait, sur le temoi-gnage de gens dignes de foi, qu’il y avait a Sainte-Anne d'Auray, lieu de p^lerinage le plus saint de la Bretagne placć sous la surveillance des carmes, un grand prć, nomme le « pre des gueux », parce qu’il ćtait couvcrt de cabanes faites de branches et de terre, ou se rendait tous les ans le grand Coesre avec ses officiers et ses sol-dats pour y tenir ses Etats, c’est-ii-dire pourcouper des bourses et dćrober. A ces Etats pćriodiques, qui ne s'ćtaient pas toujours tenus k Sainte-Anne d'Auray, tout le personnel de la monarchie argotique etait prć-sent et rendait hommage k son seigneur et maitre (i). Ceux-ci lui payaient les tributs auxquels ils ćtaient obliges par les statuts du mćtier; ceux-l& lui rendaient compte de ce qu’ils avaient fait et gagnć pendant l’annće. Quand ils s’etaient mai acquittes de leur charge, le grand Coesre les faisait punir pćcuniairement ou corporellement, selon la gravitć de leur faute. Lorsqu‘il n’avait pas lui-mćme bien gouvernć son

d‘une paroisse A 1’autre... II y a parrni eux une espAce particuliAre qui ne s’arrćtcnt jamais aux portes, mais qui entreot bardiment dans les maisons; qui eiigent d‘un ton absolu uon 1'auraóne, mais leur quAte; qui en tait dc qućtcs en font quatre par an, et A qui il est dangcrcux de refuser ce qu’ils demandent. Cc qu'i! y a dc plus affligeant, c'est quc suivant un pacte fait entre eux, ils ont telle-ment partagA le diocAse qu'A prendre depuis le Folgoet et ses environs, il ny a pas de paroisse oCt ils n’exercent leur mAtier et par suitę leurs violences... » (PubliA par le Bullelin de U Commis-sion diocisaine: Ouimpcr, 1909).

(1) V. Hugo, qui a dćcrit dans un de ses romans une « Cour de miracles », c’est-A-dire un reluge ou les mendiants se guArissaicnt . des inlirmitAs artificielles dont ils faisaient Atalage pendant le jour, — s'est documentA dans 1'historien Sauval, qui nous ren-seigne nous-mAmcs sur les mendiants de Sainte-Anne. — Sauyal: Anttrjaiiis de la ville de Parts. 2 in-fol. publiAs en 1724. L'auteur Atait mort dAs 1670.



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