6964825077

6964825077



«

470    SAINTE-ANNK DAURAY *

royaume, on le dćtrónait, et on nommait par acclama-tion un autre souverain k sa place. » (I)

Ainsi, des 1'origine du Pdlerinage, on eut k se plaindre de ce « voi$inage dangereux et scandaleux » ; et pendant que les carmes faisaient d’abondantes aumónes aux pauvres dignes d’intćrćt, on se vit dans la nćces-site de sćvir contrę les mendiants sans aveu (2).

II arrivait parfois que les p£lerins se faisaient justice k eux-m6mes, sans autre formę de proces, d’une manierę tres expćditive. Surprenaient-ils un filou en train d’opdrer, ils 1’attachaient ń un arbre avec la bourse en main comme tćmoignage de son dćlit.

La police intervenaitelle-móme : lesenćchal d'Auray, pour ćcarter les fauteurs de dćsordre, envoyait des archers aux jours de grandę fćte.

En 1651, les carmes eux-mćmes finirent par obteair une police k eux, qu’ils avaient toujours k leur dispo-

(1) Citć par Paul Lacko IX, Staurs, usaget, et coutumea du moyen uge p. 508: articlo : Bohtmiem, gueuc, mendiants...

Cf. la grandę encycltipłdie, au mot« Coesre ».

On iit aussi dans ic grand Larouue, article « Coesre »; « Le ebef des filous et des voleurs prend ordinaircmcnt lc nom dc grand Coesre... Chassć de Paris, le grand Coesre se refugia dans les pro-vinces, et alla falrc son to ar de France. Au siAcle dernier(T) ii te-nait ses Etats gćneraux a Auray. pendant les fćtes auxquelles donnę lieu ce pAlerinage. Aujourd'hui so royaute est inorte comme tant d'autres; maisses sujets cxistent toujours ; et sous des noms diffćrents continuent A exercer la mćme Industrie *».

— DaprCs une tradition notee par la Paroisse bretonne de Paru (1902, n* 8) le « prć des gueux • se lrouvait A Kerospic.

Ces repaires de mendicitć, dc fainćantise et de scćlćratesse (dit Paul Lacroix dans son roi. du XVII® sićcle, A propos de Cour de» Miracles) subsistaient depuis le treiziCme siAcle sur difTćrents points de la villc, notainmcnt * rue dc la Truanderie ». Chacun avait un ebef particulier... On y vivait dans lc vice et le crime. La deslruc-tion de ces repaires u’ćtait pas chose facile, ct la police n’osa l'en-treprcndrcqu’aprAs 1’Atablissement de l’h6pital genćral, criA en 1656 pour la sćquestration dc tous les mendiants valides ou invalides, qu'on devait y faire travailler chacun selon ses forces et son talent.

Rapprocher cc qu‘on fit A Paris, pour combattrela mendicitA, de ce qu'on a fait A Vanncs cn 1685.

(2)    Cf. P. Hugon : 291-292.

sition. le grand prśvót les ayant autorisćs ń armcr des hommcs de leur choix.

Toutes ces mesures ne rćussirent pas k wctirper le mai (1).

11

Les lois et dćcrets de la Rćvolution furent-LLs plus efficaces que les ordonnances royales ?

En Bretagne, pendant les troubles cWils, les routes ćtant tnoins st\res; les mendiants, suspects d‘espionnage aux yeux des deux partis, se virent obligćs par pru-dence de se terrer davantage, mais ils ne disparurent pas pour autant ; et ils n’attendaient que le moment favorable pour reprendre leurs courses.

Les pauvres du pays de Sainte-Anne, ceux qui avaient leur domicile dans les communes d’aJentoar, continuerent & bćnćficier des oblations, le District ayant conservesur ce point les traditions des carmes (2).

Mais les gueux inspiraient toujours de vives dć-fiances, et TAdministration se plaignait que le vilłage fiU souvent lc rendez-vous de gens k surveiller. En 1798, elle avisait le commandant de la garnison que non seulement les ćmigrćs, mais encore les voleurs, chaufleurs, et autres malfaiteurs qui parcouraient le dćpartement, montreraient un jour ou 1'autre leur visage k Sainte-Anne, un des centres les plus impar-tants de la rćgion. Et, en consćquence, il aurait & exiger les passeports de tous ceux qui paraissaient suspects (3).

(1)    Lc mai, du reste, nćtait pas spćcial «ux lieux de pćlorinage, comme on le voit par l'ćdit roral citć plus haut de 1685, et par l'or-donnance du Prćsidial de Yannes (1756), qui intcrdit « & tous pauvres mendiants. de quelqucsexe qu'ils soient, de mendier dans

•les ćglises ». — Notons, A ce sujet, que les suisses, chargćs de maintenir 1'ordre pendant les cćrćmonics religieuses, etoient autrefois appcles u chasse-gueux ».

(2)    Voir lc cltapitre des Oblations pendant la pćriode rćvolution-naire.

(3)    Archivtt de Pluneret (citó par M. 1'abbć Guilloux, p. 77). .



Wyszukiwarka