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472 SAINTE-ANNE DAURAY

Le mai qu’un oraleur rćrolutionnaire avait appelć « la Idpre de la Royautć *, la Róvolution fut donc aussi impuissante que 1'ancien Rćgime 6 le supprimer et TEmpire multipliern lui-mćme ses prescriptions sans rdussir & le faire disparaitre.

A la rćouverture des ćglises, les mendiants revinrent 6 Sainte-Anne avec autant de libertć que les pdlcrins. Et la municipalitć dut constater bientót quc le village ćtait devenu « un repaire de gens sans aveu de diffd-rents sexes ».

Ils s'y montraient mćme en si grand nombre, et leur cynisme ćtait si rdvoltant, qu’ils discrdditaient le Pdle-rinage. « Les dćsordrcs et les crimcs que la mendicitd occasionne & Sainte-Anne, (ćcrivait M. Deshaycs en 1810) sont 6 leur comble... M. Le Floch (1) que j’ai vu hier, gdmit sur les abominations que produit la men-dicitd ici. Je pense que si elle dtait entidrement bannie de Sainte-Anne, les ennemis de la religion et des pieux pdlerinages ne pourraient pas tant se rdcricr contrę les pieuses rdunions des fidćles. » (2).

Ce qui rendait cette tourbe de mendiants particulid-rement envahissante et hardie, c’estque la barridre qui leur interdisait jusqu alors 1’entrde de la Citd monas-tique, avait disparu avec les carmes. Autrefois ils ne pouvaient que s’dchelonner sur la route pour apitoyer les passants; et les pdlerins, une fois sur le territoire rdstervd, se trouvaient & 1’abri de leurs importunitds. Maintenant ils pdndtrent librement partout, harcelant les pdlerins, non seulementaux abords de la fontaine^

(1)    M. Le Kloch ćtait juge de paixA Auray.

(2)    Architta dtpart. Sainte-Anne d‘Auray.

M. Dcshayes, curó d'Auray k cette *poque et plus tard supćrieur des « Missionnaires de Saint-Laurent », a eu un rdle de premićre importance dans la fondation du Petit Sdminaire de Sainte-Anne,

mais dans la rue des merciers, sur le placitre et jusque dans 1’intćrieur de la chapelle.

Le dćsordre Atait k son comble. Mais du reste la France tout entifcre avait k se plaindre de ce qui faisait gemir ici les autorites civiles aussi bien que le clergtL

Aussi 1’empereur se preoccupa-t-il personnellement de combattre lemal; et la legislation imperiale se mon-tra d’autant plus rigoureuse que, certaines rćgions n’etant pas encore totalcment pacifićes, les ennemis du Rćgime pouvaient masquer leurs allćes et venues sous des apparences de vagabondage.

Napolćon ouvrit des hospices poor les indigents et les infirmes ; il crća des dipóls de mendiciU pour les mendiants valides et susceptibles d’apprendre k gagner leur vie; mais les v*gabonds dangereux et incorrigibles devaient ćtre enfermćs (1).

Ces mesures de rćpression eurent une promptc repercussion k Sainte-Anne.

Le maire de Pluneret, au lendemain de la fćte du 7 mars 1811, oh il fut le tćmoin sinon la victime de Tinsolence des mendiants, se plaignit au prćfet que lon tardAt k sćvir contrę des individus dont il avait dćjA signalć les agissements A la police : * Ce sont, dit-il, des gens valides pour la plupart, passant la journće k la porte de la chapelle, extorquant les aumónes des pMe-rins, se disputant, se battant, .presque toujours ivres, se repandant dans la chapelle pour vendre des bougies, de sorte qu’il existe un tumulte continuel tant k 1’intć-rieur qu’au dehors, injuriant quiconque viendrait les cngager k ccsser leurs scandales. »

Ce scandale se produisait, non seulement aux grandes fAtes, mais d’une manifcre permanente, « perpćtuelle-ment », suivant le mot du prćfet.

Le maire ćtait d'avis que les « mendiants dtrangers »

(t) Dicret de juillet 1808 ; loi de 1810; Codę pinal, 269 * 282. — Cette ligislatlon, plus ou moins appliquće suivant les rigimes, a scrvi de r*gle dans la matićre pendant tout le si*cle.



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