de noter k leur sujet les particularites les plus invraisemblables; mais le trajet d’un lieu a l’autre ne 1’interesse gu&re et, dans beaucoup de cas, il s’en acąuitte avec un sommaire Deinde tenimus... Son texte tient plutót du guide de voyage que d’un rćcit bien compris.
Chez figerie, au contraire, nous trouvons non seulement une plus grandę varićte de notions qui se rapportent k la situation de voyageur dans laquelle se trouve le p&erin et qu’elle exprime dans un riche voca-bulaire, mais encore elle dispose pour chaque notion d’un choix plus grand de synonymes. Ainsi, pour 1’ascension des montagnes, Antonin se sert toujours du verbe ascendere, alors qu’£gćrie parle en outre de subire, susu ire, persubire, ingredi et inłrare.
Outre cette abondance de synonymes, on est souvent frappć par la puissance visuelle des expressions d’£gerie. Des personnifications com-me les suivantes rel£vent de ce langage mćtaphorique: 9, 2 (50): agger publicum... transiebatper Arabiam, 14, 3 (57): via, quam oidetis transire inter Jłuvium Jordanem et vicum istum, 3, 8 (41): marę... quod mittit Alexandriam, 9, 2 (50): agger publicum...quod mittit de Thebaida in Pelusio, 16, 2 (58): zńdimiis taiłem de sinistro nobis tenientem amenissimam, quae uallis erat ingens, mittens torrentem in Jordanem infinitum. Le fait qu’elle donnę parfois un sens tout a fait personnel au prćfixe per-, dans des composes comme per-accedere, persubire, perdescendere, perexire, perintrare, pertransire, peut egale-ment 6tre mis au compte de cette maniere visuelle et concr£te de s’ex-primer, tout comme 1’emploi des mots intrare et ingredi lorsqu’il s’agit de faire une ascension et exire ou perexire dans le cas d’une descente. De la meme trempe sont les expressions (se) plicare ad et se iungere ad dans le sens de Vapprocher de, atteindre’, sedere ‘demeurer’ et transoer-sare ‘traverser\ Chez Antonin aussi nous voyons des personnifications en manierę de metaphores, 179, 10: via, quae vadit ad Sina, 181, 2: caput heremi, qui vadit ad Sina, 167, 1: gradi descendunt usque ad aquam, 176, 18: viam... quae descendit ad Joppe, 185, 20: descendit navis de India, 175, 5: platea, quae discurrit ad Siloam, 179, 2: per medio discurrit cancellus. Mais, a part cela, il ne reste k signaler que le verbe applicare dans le sens de ‘loger, passer la nuit\
fitant donnć le caractóre neutre de la signification des mots que nous avons examines dans ce chapitre, nous ne pouvons parler d’un idiome typiquement chretien. Tout au plus pouvons-nous prćsumer, ę& et li, une influence de la langue biblique, comme 1’emploi de ambulare, chez figerie et chez Antonin, pour la traversee du dćsert, de ascendere pour le voyage a la ville sainte de Jćrusalem, ainsi que de 1’emploi fr^quent chez figerie, de intrare. Les passages ou elle parle de dignari font supposer une unfluence de la langue liturgique.
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