474 SAIMTR-ANNE OAURAY
ne fussent tolćrćs tont aa plus qu'aux ąuatre grandes fótes. — Le prćfet du Morbihan, en renvoyant 1'afTaire au sous-prśfet, se montra plusradical: « Je crois, dk-il, que la tolćrance des mendiants etrangers, lors des quatre fćtes dćsignćes par le maire, n’est pas indis-pensable ». Et iJ ajoute que ce qu'il importe surtout d’emp6cher, c'est l’exhibition des malades vrais ou feints et des enfants estropićs.
L/ordonnance du sous-prefet fut un vrai rćquisitoire.
Elle passe en revue tout cequ’ily a de delictueux et de reprćhensible chez ces ragabonds :
— insupportabłes aux pfclerins, quils troublent dans l’exercice du culte en leur arrachant des aumónes ou en les importunant pour leur faire acheter des cierges;
— dangereux pour la s^curite publique, par la prć-sence au milieu deux de vćritables malfaiteurs ;
— insolents envers la police, quand elle intervient pour maintenir 1’ordre;
— scandaleux par l’usage qu’ils font de leurs recettes, en vivant dans la fainćantise et en se livrant & toutes les orgies.
En consóąuence le sous-prefet dćcróte que le maire de Pluneret cst autorisć & expulser du territoire de la commune « tous les individus de l'un et de 1‘autre sexe qui, etant valides, doivent trouver des moyens de sub-sistance dans le produit de leur travail ». II lui enjoint de s'opposer avec fermetd ó ce qu’on ne fasse pas <5ta-lagewie plaies hideuses et d’infirmitćs volontaires.
Pour l’exćcutłon du dćcret, la gendarmerie d’Auray et les gardes-champćtres seront tenus d’obćir au maire d6s qu’ils seront requis; et «< messieurs les preposćs des douanes »> etablis h Sainte-Anne sont prićs de lui prćter main-forte en cas de besoin (1).
(t) Toutes ces piżces adraini.stretives de 1811, concernant les mendiants de Sainte-Anne, sont extraites des Arckiucs du Morbihan : Haute et simplc police, liasse 25.
Le prefet du Morbihan Mail Julien, le sous-prćfet de Lorient Garnier, le maire de Pluneret Rio.
Sous le premier Empire il n’y avait pas de -caserne de gendar-
La Ićgislntion napolćonienne produisit les rćsuUats les plus heureu* dans les quelques rćgions ok elle trouva des administrateurs zelćs pour Tappliąuer.
Mais, d’une manićre gćnerale, 1’amćlioration pro-gressa lentement: et, en 1814, il n'existait encore en France que 37 ćtablissements conformes & la łoi (1).
Le gouvernement de la Ilestauration ne se montra pas empressć k continuer l'oeuvre de Napoleon, et k dćbarrasser de ces parasites les places publiques et les los chemins. On doit mfeme regretter qu’il ait renoncć aux methodes d'as9ainissemont qu’avait inaugurees 1’Empire : en 1830, il n’oxistait plus que 7 dóp6ts de mendicite (2).
En 1832, ils furent móme supprimćs en principe; et la loi, 8'inspirant du liberalisme de la Charte, se con-tenta de mettre les vagabonds sous la surveillance de la haute police. Et la nouvelle reglementation, en toiórant la mendicite au lieu de la combattre par des me&ures moralisatrices ne pouvait contenir d’une manierę efficace le flot toujours croissant du vaga-bondage.
Aussi, par une consćquence de cette legislation adou-cie, la municipalitć de Pluneret se vit de nouveau dć-bordde; et plus que jamais les mendiants furent les maltres k Sainte-Anne.
Voici ladescription que nous łait un tćmoin oculaire de scfenes qui se dśroul&rent sous ses regards en 1841, . et qui se renouvelQient souvent.
merie A Sainte-Anne; mais le village avait un poste dc douaniers, dont le peuple gardę encore le souvenir odicai aux fraudeurs, et qu*il designc toujours par le irieuT nom de « maltotiers >•.
(1) L’arrćtć du maire eut d’heureux rósultats, au moins pendant quelque temps, comme l'attestc M. Deshayes lui-memc : « Le maire de Pluneret a rcnroyć les pauvres de Sainte-Anne: lout le mondecst cnchantć-. » <Leltre du S aottl ISi 1),
<2) Riyiżrk : Mendiants et tagabondt.