Dans 20, 13 (67), elle ecrit que l’eveque de la ville de Charrae lui raconte differentes choses sur la vie des saints: Et cetera plura referre dignatus est, sicut et ceteri sancti episcopi vel sancti monachi facere dignabantur, omnia tamen de Scripturis Dei vel sanctis viris gęsta, id est monachis, sive qui iam recesserant, quae mirabilia fecerint, sive etiam qui adhuc in corpore sunt, quae cotidie faciant, hi tamen qui sunt ascites. Nam nolo estimet affectio vestra monachorum aliquando alias fabulas esse nisi aut de Scriptuńs Dei aut gęsta monachorum maiorum. A cóte de gęsta, terme assez neutre, qui peut signi-fier ‘exploit merveilleux5, on voit ici aussi mirabilia. Mirabilia et miracula, qui lui est etymologiquement apparente, sont des termes courants dans la litterature chretienne pour parler de prodiges.
Le substantif mirabilia, dans le sens de ‘miracles’, appartient principa-lement a 1’idiome des chretiens. On le rencontre maintes fois dans les traductions de la Bibie, pour designer ‘les merveilles’ de Dieu, tant dans la Vetus Latina que dans la Vulgate, la ou, dans les Septante, on voit ordinairement 6avfiaaia. Outre figerie, nous le voyons employe une fois par Antonin, dans 166, 17 s. notamment: Tenui autem theophaniam in Jordane, ubi talia jiunt mirabilia in Ula nocte in loco, ubi baptizatus est Dominus. II raconte ensuite qu’au cours de la ceremonie du bapteme, 1’eau du Jourdain cesse de couler. Ici donc, Taccent est mis sur 1’ćtrangete de ce phćnom&ne.
Le terme apparente miraculum est un terme bien connu en latin pro-fane. Ciceron, par exemple, ćcrit dans De nat. deor. I, 8: neque vero mun-dum ipsum, animo et sensibus praeditum, rotundum, ardendem, oolubilem deum; portenta et miracula non disserentium philosophorum sed somniantium. Un sens secondaire de ‘monstrueux, epouvantable’ ne lui est pas etranger, com-me en tćmoigne le passage 3, 671 ss., Met., chez Ovide, oii il raconte la metamorphose des pirates Tyrrhćniens en dauphins. Ici miraculum prend le sens de ‘monstre’: Pńmusque Medon nigrescere coepit corpore et ex-presso spinae cuwamine jlecti. Incipit huic Lycabus: lIn quae miracula', dixit, (verteris?\ Et Festus ecrit dans son De verb. sign. 111: miracula, quae nunc digna admiratione dicimus, antiqui in rebus turpibus utebantur, et plus tard on lit chez Nonius Marcellus, De comp. doctr. 122: mira et miracula oeteres pro monstris vel horrendis posuerunt.
On s’imagine aisćment que les chrćtiens, conscients des associations d’idees desagreable de ‘peur’ et de ‘horreur’ qu’evoquait miraculum, preferaient ne pas se servir de ce mot pour un prodige opere par Dieu. Chose remarquable, tandis que dans la Vulgate le terme mirabilia est employe k plusieurs reprises pour designer ‘les merveilles’ de Dieu, le
1 Ed. K. O. Muller, Leipzig 1839, p. 123, 5.
1 Ed. L. Quicherat, Paris 1872, p. 160, 1 ss.
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