virtus et non mea carminafallunt. Lorsąue Van Omrae parle de la uirtus des dieux, il se refere a Properce, 3, 17, 19 s.: quod superest vitae per te et tua comua uiuamy virtutisque tuae, Bacche, poeta ferar. Pourtant, en aucun cas, uirtus n’a ici le sens plus concret de ‘prodige’; ił n’est meme pas certain qu’on puisse le traduire ici par ‘vertu magiąue’. II faut plutót se reporter au sens plus gćnćral de ‘puissance, force’; dans les vers suivants, en effet, Properce rappelle non seulement les interventions de Dionysos, qu’on peut appeler des ‘prodiges’, comme la metamorphose des marins Tyrrheniens en dauphins, mais encore ses exploits hćro!ques comme la lutte avec Lycurgue et la conquete des Indes.
On ne peut indiquer dans la litterature prć-chretienne un seul en-droit ou uirtus aurait en fait le sens concret de ‘miracle’. OrVanOmme pretend1 que uirtus a du etre en usage, avec ce sens, dans la langue par-lee et ne s’est manifeste a nous que plus tard, dans les ecrits; mais une telle these n’est, a tout prendre, qu’une hypothese tres difficile a prouver. Dans un scholion surjuvenal, 15,16, Codex Bobbiensis2 3, textequeVanOm-me cite en effet4 5, nous lisons: aretologi sunt, ut quidam uolunt, qui miras res, id est deorum uirtutes, loquuntur. Mais aussi, ce codex nous mene au VIe siecle apr£s J. C.!
II nous parait plus probable que uirtus ait emprunte le sens de ‘miracle’ au mot hebreu ‘gebura’, qui signifie aussi bien ‘puissance, force, force militaire’ que ‘acte de force, miracle*. Pour les traducteurs des Septante il n’y avait aucune difficultć k traduire par óvvafuę, etant donnć que ce mot possedait deja les diffśrents sens que nous venons de dire6. Le uirtus latin avait d’avance le sens de ‘puissance, force, force militaire’ et c’est de faęon analogue que, dans la traduction de la Bibie, le sens de ‘miracle’ s’y ajouta. L’analogie est souvent a 1’origine d’un developpement se-mantiqueK. Mais dans le cas de uirtus, le caractćre automatique ou
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O.c.y p, 83.
a Ed. P. Wessner, Leipzig 1941, p. 227.
8 O.c., p. 54.
racle’ et dans le Nouveau Testament, seulement dans 1 P. 3, probablement parce qufil rappelait trop son emploi dans la littćrature palenne de la magie. Cf. Grund-mann, Der Begriff der Kraft, p. 64, et Bauernfeend, o.e., p. 459 ss. En outre aęerrf faisait beaucoup trop penser k ‘contes inventćs, fables^, sens pćjoratif qu,on peręoit encore dans le mot aretologus. Voir Juvćnal, 15, 13 ss.: attonito cum tale super cenam narraret Ulixes Alcinoo, bilem aut risum fortasse ąuibusdam mouerat ut mendax aretologus. Cf. R. Reitzenstein, Hellenistische Wundererzahlungen^ Leipzig 1906, p. 8 ss., et A. Kiefer, Aretologische Studien, Leipzig 1929, passim.
Cf. Mohrmann, EtudeSy I, p. 240 et 280; S. Kroesch, Change oj Meamng by Analogy,
Nous croyons que Van Omme, ici, voit trop uirtus comme un ćquivalent du grec dęeriDans VAncien Testament des Septante, ce mot n*a nulle part le sens de ‘mi-