Comme dans les Septante evXoyeiv et evXoyla ont trait aux bienfaits de Dieu, ils s’emploient parfois aussi pour des liberalites faites par les hommes. A plusieurs endroits on voit cependant qu’evXoyta n’est pas ‘un prćsent’ sans plus, mais suggere en outre la notion de ‘louange, hommage’, de sorte que dans 2 i?. 5, 15 par exemple, il faut plutót le traduire par ‘hommage’: Kai vvv Xafie tj)v evXoylav naga rov dovXov crov. Dans 2 Co. 9, 5, au contraire, il signifie ‘aumóne’.
Jusqu’& present, il n’a 6t6 question que de 1’emploi dans la Bibie. Mais que s’est-il produit pour le sens de ce mot en dehors de la Bibie? Ce sont precisćment les sens non-profanes, bibliques donc, de‘implorer la benćdiction’ et de ‘dispenser des bienfaits’ qui ont favorisć le deve-loppement semantique, dćveloppement en presence duquel nous re-marquons constamment que, plus ou moins, les notions s’associent et s’influencent reciproquement. Aux premiers siecles, il ne semble pas y avoir eu d’autre developpement. Du moins, nous n’en avons pas de preuves. Ce n’est qu’au IVe siacie que nous voyons des textes ou evXoyla change de valeur. C’est k partir de cette ćpoque aussi qu’apparait dans les textes latins l’emprunt eulogia, notamment dans un sens concret.
Nous disions precćdemment que les significations de evXoyeiv et de evxaęioTeiv, de evXoy(a et de E^agiarla coincident souvent. Les deux verbes peuvent avoir trait k la pri£re eucharistique: evXoyla aussi bien que EvxaQioxta peuvent donc designer concretement le Corps et le Sang du Seigneur. Au IVe siecle, Cyrille d’Alexandrie, Cyrille de Jerusalem, saint Jean Chrysostome et Basile employent evXoyla dans ce sens. Ce sont pourtant la, vraisemblablement, des exceptions, car c’est trfes tót deja que le plus souvent le mot ei>xaQiax^a est rćservć pour 1’Eucharistie1. Dans le sens concret d’esp£ces consacrćes, le mot passa des le dćbut dans la langue latine. Tertullien et Cyprien, par exemple, en font courramment usage3. C’est ainsi qu’evXoyia, evince par evxaęi<rrla poursuit d^s le IVe siacie son propre chemin. II prit au cours de ce dćveloppement des sens concrets dans lesquels les notions de ‘benćdic-tion’ et de ‘bienfaisance’ passent presque toujours au second plan. Nous retrouvons eulogia dans ces sens concrets en latin. Bien qu’il ne fut plus employć pour l’Eucharistie, il resta cependant pendant des siecles
* Cf. A. Franz, Die kirchlichen Benediktionen im Mittelalter, I, Freiburg i.Br. 1909, p. 229 ss.; Ernout, Les mołs grecs, p. 299; Cabrol, o.c., c. 686; D. P. Drews, Zur Ge‘ schichte der Eulogien in der alten Kirche, dans: Zeitschrift fur praktische Theologie 20 (1898), p. 18 ss. et 39; L. Janssens, Les eulogies, I, dans: Revue B&ićdictine 7 (1890), p. 515 ss.; H. Leclerc^,, art. Eulogie, dans: DACL V, c. 733 ss.
* Gf. D. P. Drews, Ueber Gebrauch und Bedeułung des Wortes tv%aQiaxla im kirchlichen Altertwrriy dans: Zeitschrift fur praktische Theologie 20 (1898), p. 97 ss.; Bastiaensen, o.c., p. 49 ss.
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