•178 SAUNTK-ANNF, DAURAY
Or la redaction de son arrótć provoqua entre les deux autoritćs auxquclles elle fut soumise un ćchangc d'iddes qui ne manque pas d’intć*rćt: il nous montre la persis-tancc de la mendicitć en ddpit de toutes les mesures, et il nous rćvdle en mime temps la mentalitd de cer-tains administrateurs pendant cette premidre pdriode du rdgne de Napoldon III (1).
Le sous-prćfet de Loricnt dcrivait & Vannes: « Der puis longtemps on se plaint de 1’obsession et de 1’inso-lence des mendiants rćunis h Sainte-Anne... On a beau les renvoyer et les reconduire dans leur pays, ils re-viennent le lendemain... Beaucoup de ces mendiants ne sont pas valides, et dailleurs ils ne manquent pas de dire qu’ils y viennent comme pdlerins, et que ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres qu’on doit les empćcherde faire leurs dćvotions, et par suitę dexercer une mendicitć sans laquelle ils ne pourraient venir faire leurs pridres. »
Aux mesures proposdes par le sous-prdfet pour com-battre le mai, le prefet ajoute une observation, oit l’on sent l infiltration des idees chrdtiennes jusque dans les prescriptions administratives (2).
Dans 1’arrćtd pris par le maire (18 avril 1856), il est * ddclare une fois de plus que « la raendicitś est interdite
dans la commune k tous les indigents valides. Les mendiants ćtrangers sont renvoyćs k leur rćsidence
(1) L'administration de Napoleon 111 remettait en vigueur la lćgislation du premier Empire, re!ativemcnt k la mendiciti; et le nombre des depóts allait rcmonter de 4 qu'lls ćtaient en 1838 k 40 en 1870.
<2) « Engagez, dit-il, monsieur le maire de Pluneret k s'entendre avec les personnes influentes de sa commune pour centraliser les aumdncs qui se distribuent dans chaque maison, et former une association charitable qui aura pour mission de porter des secours k domicile... Ce modę a ćte employć avcc succes pendant Phirer demicr dans plusieurs communes du dópartcmcnt. (Voil& bien daircment designć PCEurrc des Conferences de Saint-Vinccnt de Paul).
Dans sa circulaire il priaitn MM. les maires de se concerter avec MM. les cures et de leur demander leur concours. •
habituęlle, s'ils en ont une; et, s’ils n’ont pas de domi-cile connu, on les remettra a la disposition du procu-reur. Les indigents invalides sont autorisćs k mendier individuellement, mais pas en groupe. — Quant aux habitantspauvres de la commune, sana travail et inva-lides, on leur procurera des secours k domicile... »
Quatre ans plus tard, le mai duraiit toujours, le nou-veau maire, M. Bonnement, rćdige k son tour un arrćte. Mais cjue peuvent les dćcrets, si sćveres et. si muitiplićs qu’ils soient, si on nćgligc de les, appli-quer!
Et c'est prćcisćment ce que fait remarquer le prćfet, en rappelant « qu’il existe dejó sur cct objet un rógle-• ment du 18avril 1856... S’il etait appliquć. dit-il, avec fermetć et persćvćrance, et qu’en outre on prit des moyens pour assurer des secours aux indigents de 1’endioit,... il est certain qu'on paryiendrait k repri-mer les abusdc la mendiciłć. »
Le nouvel arrótć n'en fut pas moins approuvĄ; et il eut la mime efficacitć que les prćććdents.
Le maire, du reste, se plaignait am^rement que la gendarmerie locale ne montrAt pas de zćle contrę l’en-geance malfaisante.
M. Kerdaflfrec, en arrivant k Sainte-Anne comme supćrieur du PMerinnge, róva lui aussi de faire dispa-rattre le dósordre. Et, dans la mćthode qu’il employa, d’accord avec le maire et le recteur, il n’est pas dćfendu de reconnałtre 1’influence de certaines iddcs qui rć--gnaient alors. Distinguer entre les diverses catćgories •de pauvres, sćvir contrę les uns, venir en aide aux autres : tel avait ćtć le programme du prćfet; tel fut aussi celui de M. Kerdaflfrec ; et sa tentative, si elle edt rćussi, eCkt ćtć la meilleure justification de la circulaire de 1855-
Et, chose qui mćrite d’Atre notće dans une Histoire gćnćrale de Sainte-Anne, le maire et le prćfet aussi bien que le clergć, en se prćoccupant de debarrasser lc Pi?le-