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■48 SAINTE-ANNK DAURAY

Dans tous les proscrits qu’il parvenait k dćcouvrir, il ne voyait que du « gibier de guillotine » (1).

Sans pitić pour lcs prćtres, il devait ótre sans respect pour les choses saintes ; et si quelqu’un paraissait capable de porter sur la statuę vdnerće une main sacri-ldge, c’ćtait bien celui-lś.

Lopinion qui lui a attribud, dds le commencement, renldvement de la statuę, n'est pas seulement confir-mde par ce que nous savons de son earactdre, elle l’est encore par les sentiments qui animaient son club, et par le gotit particulier qu’il av'ait k parcourir la cam-pagne pour ddpouiller les ćglises.

Au club, en juin 93, l’un de ses amis faisait une charge k fond de train contrę « le cagotisme qui entre-tenait (dans la chapelle de sainte Annę) une idole que le tempie de la raison devait faire oublier (2).

Lui-móme, en octobre 179'i, se yantait d avoir visitć cette chapelle et d'en avoir emportć les oflrandes (3).

M. Le Bihan, rccteurde Pluneret, qui a recueilli la tradition k sa source mćme, l’a consignde ainsi dans ses mdmoires:

« Ce Laity vint avec dautres patriotes : il alla droit & la statuę de sainte Annę..., il l’cnvoie au Lion </'0r, l'enveIoppe d’une pidce de toile et la met derrićre lui k cheval, malgrd les reproches des femmes de 1’auberge.

« Cet homme, fort vigoureux, mourut de consomption et des suites de ses dćbauches. II devint sec comme un morceau de bois. II parut k Sainte-Anne en cet ćtat : il semblait que la main de Dieu Petit fait sdcher(4) ». •

(1)    Un fait, empruntA A sa propre correspondance, nous donnę une idAe de sa mentalitA. Ayant dAcouvcrt un ancien chartreux & Brech.il vou!ut faire danser sa victime: « Cest un gibier de plus pour la guillotine, dit-ll; ce sera sa danse, puisqu'il refuse de danser avcc nous la Carraagnole. » (L. 817).

(2)    Discoursde BotrAhanA la « SociAtAdes amis de la LibcrtAetde 1'Egalitć •• d'A.uray. — [Architcs d’Auray) citć par M, Guilloux,p. 61.

(3)    L. 803.

(4)    M. Le Bihan tenait ses renselgnemcnts de Louise Prado, domestiąuc au Lion d'Or, laąuelle aurait AtA teraoin de la scAne.

Ce chAtiment est egalement notć par le P. Martin (d’Auray) en 1831 : « Les profanateurs de la sainte image, k en croire le bruit populaire, auraient connu depuis tout le poids du sacril&ge et fini misArable-ment. »»

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Que devint la statuę b Auray?

Ici 1’historien est rćduit As’en tenir aux br£ves indica-tions du P. Martin. Celui-ci ćtait mioux renseignć que personnejet lon regrette qu’il n'ait pasjugć bon de nous livrer tous les renseignements qu’il possćdait (1).

Une familie de la ville rćussitd’abord k la soustraire, sans doute en la prenant k la derobAe dans « le tas d'ornements et effets d'ćglise », oft Laity avait dii la jeter (2).

Ses dćtenteurs la cachfcrent chez eux pendant plus d’un an, au pćril de leur vie. Mais, comme on faisait des perquisitions frequentes dans les maisons, ils se virent contraints de s’en dessaisir et de la remettre au depót des objets d’Aglisc.

Elle y fut remarquóe par 1’administration, qui Ten-ferma dćs lors dans une armoire du district, oii Fave-rot affirme qu'elle se trouvait en 1796.

Dans quelles circonstances fut-elle dćtruite?

On a peine k s’expliquer pourquoi on la retirad’Au-ray. — Peut-Atre ce fut par ordre de Faverot, qui, nous

(1)    Nous r^unissons ici les dćtails notis dans l‘une ct 1'autre ćdition, 1831 et 1838..

(2)    11 y avait deux depdts, l'un au district oh se trourait un « tas d’ornements et autres effets d'eglise », et un autre chez les Capucins ou lon avait entass* des dibrig provenant d'ćglises (L. 814).

Qu’on ait pu derober la statuę sans se faire remarquer, le fait n'est pas invraisemblable. — Une tradition locale raconte qu'une rellgieuse, obligće de se prisenter fr4quemment au district, 1'aurait reconnue et eut 1'idće de la prendre en la roulant dans son voile.

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SAINTE-ANNE d’aURAY. T. II.



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