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484 SA1NTE-ANNE DAUflAY

Malheureusement il y a des pauvres qui se montrent indignes du róle que lcur attribue l'Evangile. Sauf de rares exceptions la rćalitć reste au-dessous de l’idćal ; il arrive móme qu’un ćtat, que Jćsus-Christ avait rćhabi-lite pour remedicr aux inegalites humaines, dćgć-nćre souvent au point dc devenir une yćritable plaie soeiale (1).

Et n’est-ce pas le spectacle que nous avons encorc aujourd'hui sous les yeux?

Les pauvres continuent de venir aux funerailles, mais ils ne savent plus prier ; ils se prćscntent toujours au repas, ils sont rarement k 1’ćglise.

Ils assistent encore aux mariages, mais sans la moindre dignitć. Si les inarićs se rśsignent k les rece-voir, c'est un peu pour se conformer a la tradition, c’est surtout pour ćchapper aux traits de leur inćchancetć.

Dans la plupart de nos Pardons on les retrouve en grand nombre, ćgalement habiles k simuler la pićtć et les infirmitćs pour exciter la cumpassion des pdlcrins, quitte k gaspiller ensuite — et de quelle manierę! — les aumónes qu’ils ont recueillies.

Ils vont encore de porte en porte percevoir leur rente hebdomadaire : ils marmottent encore des bribes de pri£re au seuil des fermes ; mais ils n'acceptent plus de pain, c’est de 1’argent qu'il faut leur donner sous peine dMnsulte ou de menace ; et largent une fois empochć. leur oraison sarrćte ; ce nest plus au nom de Dieu qu’ils se prćsentent, ni en son nom qu’ils remercient.

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Quant aux pauvres qui frćquentaient Saintc-Anne d’Auray, nous avons pu les observer nous-m^mes pendant pr&s d’un demi-siócle.

(1) An, Le Brąz rcrnarąue que ■ la mendicitć fut longtemps un sacerdoce en Bretagne »; et il ajoute: «< Elle ae transforme peu A peu en une industrie commc ailleurs, et qui a ses cheraliers ». (Pardona de Bretagne, p. 223).

II y en avait parmi eux dont Thonorabilitó ne parais-sait pas en gćnćral contestable, et dont les actes n'ćtaient pas sans produire sur les temoins une cer-taine ćdification.

Ainsi nous en avons rcmarquć qui, superstition ou dćvotion na»ve, sempressaient d’aller oflfrir k sainte Annę la premiere aumóne recueillie dans la matinće.

Nous les avons vus tantót se proposer aux pólerins pour faire une procession autour de lćglise en rócitant leur chapeletr parfęis móme i genoux, tantót se grou-per au nombre de neuf, et faire ensemble une neuvainc de prióres en faveur de ceux qui leur demandaient ce service (1). Dans un cas comme dans 1'autre, le recueil-lement de leur altitude ne permettait pas de suspecter la sincćritó de leurs sentiments.

Dans le village ou elles rósidaient, quelques-unes de ces mendiantes ćtaient comme attitróes. On ne les mćsestimait pas; et l’on trouvait tout naturel qu'en se mettant au service des pólerins, elles vócussent du Fólerinage.

On en voit aussi qui, venus quelquefois de trós loin, se sont faits pólerins par procuration, pour apporter des ofTrandes et accomplir certains actes de dćvotion au nom des personnes qui les ont envoyós (2).

(1)    C«ttc neuvaine, trós frćqucnte dans nos paroisses brctonncs, porte sur le nombre des personnes qui prient, non sur celul des jours: c’est, dans l'un et dans l’autre cas, la móme prióre rćpótee neuf fois.

Ceite manierę rapide dc faire une neuvaine se dcmande surtout pour obtenir la dólivrancc des personnes en agonie.

Cet usage de faire des neuraines avcc neuf personnes se rcn-contre dós le dóbut du Pólerinage. — Judeau*, un des plus cólćbres miraculis de sainte Annę (en 1629), avant d'obtcnir sa gućrison, ayait fait faire une neuvaine par neuf pauvres (voir plus haut: « lei grandt miraclet »).

(2)    Cet usage de faire remettre son offrandre par un autre est lui-móme une faęon de faire la charitć: 1'offrande en cffet se par-tageentre sainte Annę et le pauvre, et bien souvent la part du pauvre est supórieure h celle de la Sainte. A son retour le pćlcrin derra prćscntcr un certificat des chapelains attestant quc la com-mission a iii faite.



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