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486 8A1NT6-ANMK DACRAY

De bruves gens en somine tous ces pauvres-ló.

Les mendiants dont il nous reste h parler nous seniblent beaucoup moins intćressants.

IV

lis se renduient rćguli&rement 6 Sainte-Anne aux grandes fćtes de l'ćtć. Kt, pour peu qu’on filt au cou-rant de leurs hnbitudes, on ne tardait pas h s’aperce-voir qu’ils venaient dc deux directions diffćrentes.

Lesuns, produit de l'ivrognerie et de la fainćantise, habitaient pour la plupart les faubourgs de nos villes. Rdfractaires ń toute discipline, vivant de vagues mćtiers, dćchets dc la socićtć, tombds dans le monde des gueux en attendant qu'ils entrent ń 1'occasion dans 1‘armće du crime.

Les autres sont les continuateurs des truands du Moyen-Agc (1). D’ou sortent-ils? Principalement des campagnes isolćes, od ils se terraient en attendant les jours des grandes aubaines. Aux approchcs des Par-dons on les voyait tout h coup surgir, et descendre vers Sainte-Anne des rćgions de Lanvaux ou dnilleurs. s'arrótant h leurs ćtapes accoutumees pour demander la nourriture du jour et 1'hospitalitć de la nuit(2).

(t) Le mot troand est cmprunlć au breton truht, Irots; on le trouve en gallois avcc la signification de mutr*. — Le celliquc trouy-ya signifie A la fois mitire et commiairation (HruitY, prof. de sanscrit A la Sorbonne: lexique (tymologUjua).

(2) Une des plus importantes tribus de mendiants, organisće, comme nous l'avons dit plus haut, sous łautoritć d'un chef, cara-pait dans un coin du vaste descrt de Lanvaux, A 1'endroit mlme od la princesse (Jacchiochi. vers 1S58, etablit sa rtsidence de Korn-er-Houet. Le premier soin de la chAtelaine ful dc dćfricher le pays et de le purger de ses mendiants.

La colonie ćmigra en grandę partie A Cohcoet, aux pieds du Manćgucn, oii elle construisit sur un terrain vague ses hultes de terre el de branchages; elle renforęa ainsi le groupe d£jA Atabli en cet endroit, et elle y garda longtemps des habitudes de inendicit* et de rapine, comme Pont atteste plusieurs afTaires de coursd'as> eiscs et de correctionnelle.

On ditquc ces maeurs ont maintenant disparu.

D6s les premi6res vApros, ils etaient 6 leurs places, ćchelońnćs de distance en distanco sur tous les chemins qui aboutissent au vi!lage, et de prćfćrence au bord de la route d Auray. Que de fois nous les avons vus 16, 6 droite et 6 gauche, debout ou accroupis le long des banquettes, manchots, estropićs, culs-de-jatte, a veugles, de tout Age et de tout sexe, exhibnnt de hideux moi-gnons, des bras dessćchćs, des plnies variees, ulcfcres, goltres, tumeurs, toutes sortes de rćpugnantes anato-mieś. Ici c'est une moitić d'homme qui se tralne dans un petit chariot, 16 un idiot vótu en.fcmme, dodelinant de la tćte et tirć comnle en laisse par sa m6re, plus loin un aveugle, dont les jambes, le cou, la t£te s'al-longent dćmesurćment, tour 6 tour dćbitant des prióres et jouant sur sa fliite des airs de complainte.

C'est par cette avenue de souffrances que le pólorin fait son cntrće dans le village de Sainte-Anne.

Et s’il avait 1’idće de fermer les yeux 6 ce spectaclo qui s’ótale des deux cótds de la route, il n’ćchapperait pas pour cela 6 1’obsession des clameurs qui s’ćl6vent de toutes parts en breton et en franęais, appels dćses-pćrćs oix sentrcmAlent les deux langues : rócits dócla-matoires dćtaillant les infirmitćs, mćlopćes tralnantes de supplications, litanies monotones parfois coupćes d'imprecations 6 1’adresse de ceux qui refusent do sapitoyer (1).

(t) Que nous sommes loin dc la complainte ou le barde de l'Ile d*Ars, M«r Le Joubioux. idćolise la supplication des « Pauvres de Sainte-Anne »

Chclcuet ni, perhinderion    Sellet, #u<5let hun trebiłiau,

A u de Sanie* Anna:    Alias I n’en de* ket bra*ob I

Hou pci truhd doh peurerion    Kił omb 6 ma ol er poćnleu,

A *o dastumet arna.    Er ledind zou eit ob.

(Donr Aa wem bro, p. 48}.

A rapprocher des mendiants de Sainte-Anne d'Auray ccux que A. le Brąz o vus A Saintc-Anne-la-Palud :

« Une tribu entićre de mendiants ćtait couchćc h 1'ombre des orraes ; ils ne nous eurent pas plutól aperęus qu’ils se jctórent sur nous avec des abois de cbiens hurleurs... Je n'en avais jamais rencontrę d'aussi insolcnts ; ils ne demandaient pas ]'aum6ne, ils l'exigeaient, et ils nous frólaient dc lenrs ulcćrcs ; ils nous souf-



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