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488 SAINTE-ANNE DAURAY

Dans le village m6me, le pfelerin ne sera pas k 1'abri de toute importunitć : il risque de trouver encore des mendiants partout oit il y a un acte de piśtć k accom-plir. A la fontaine ils voudront le faire boire, moyen-nant rćtribution, dans des ćcuelles qu’ont dćjń tou-chees lant de 16vres; 6 la scala-sancta ils lui barrent le chemin de lcurs mains tendues commd pour rćclamer un droit de pćage ; dans le cloltre mdme, ou ils s’intro-duisent par fraude, il nest pas inoui qu’ils viennent s’imposcr k son attention au milieu de sa prifcre.

Toutefois dans les rues du village il y a des ren-contres qui sont plus importunes encore que celles du qućmandeur.

Dabord les mendiants qui se ddguisent en vendeurs d’objets de pidtd.

flaicnt au visage leur haleine empuantAc dalcool... ■< — L’auteur ajoute : « Je m’ćtonnais que le clergA tolerftt. aux abords immćdiats du sanctuaire.cette hordę cynique el rćpugnantc. On mc rćpondit: Ils sont ici de fondation. Jadis ils s'intitulalent les rois de la Palud ; il ny a que le samedi qui leur appartienne ; arriris ce matin, on nc sait d'ou, ils s'esquiveront cctte nuit. Pourquoi ? Par ce que les gendarmes seront 1A ; et les gueux ont horreur dc ces trouble fite ». (Pardon* de Bretagne, p. 345).

Les mendiants de Sainte-Anne ont ćtćsourenl decrits ; mais la plupart des auteurs n‘ont fait que les efitrevoir; et dans leurs rAcits, qui confondent toutcs les catAgorics de pauvres, il y a en gćnćral plus dc fantaisie quc de v£rit<ł.

Knlre autres dans ccux dAuatole France et de Paul Adara.

Le premier, aprćs avoir montrć des vieillards avcugles qui sont pour lui les derniers bardes, le bras dćcharnA d une femmc, le visage sanguinolent d'un malade, le regard eteint d'un innocent, ajoute que * ces mendiants sont une des beautćs de la Bretagne, une des harmonies de la lande et du rochcr •• I (lic).

Le hćros du second est un disciple de Nietzsche, qui ne voit dans les mendiants et les pćlcrins indistinctement, A Sainte-Anne d’Auray et A Sainte-Anne de la Palud, qu'une humonitA infArieure, bonne A servir dc matióre pour des tablcaux pittoresques.

A ces romanciers ajoutons dcux auteurs qui n'ont dautre but que de dćcrire la Bretagne : G. Gekkroy (La Bretagne, chez Ilachette 1905) et Hodida (La Yieille France: Bretagne, chez Garnier).

Ils vont ęh et 1& dans la foule, ćtalant leur marchan-dise sur leurs bras, leur poitrine, leurs ćpaples : chape-lets « benits et indulgencićs » (disent-ils), imagessaintes, mćdailles miraculeuses. Et le p&lerin, surtout s’il est d’apparence simple et incapable de se dafendre, se verra poursuivi, harcelć, jusqu’& ce que, de grć ou de force, il ait achetć la pacotille.

Puis les marchands de cierges.

Leciergetient une place importantc dans la dćvotion desp^lerins: les uns, dans la flamme du cierge voient le symbole de leur foi ; d'autres, moins instruits, le regardent comme 1’accompagnement indispensable de leur pićtć ; il y en a mćme, paralt-il, qui le considfcrent comme l’ćquivalent de la prifcre qu’il remplace.

Aussi la vente en est-elle fructueuse dans un lieu de pćlerinage; et les marchandes, Aprcs au gain, qui se livrent & ce commerce, se postent aux passages les plus frćquentes, de faęon que pas un pćlerin ne puisse leur ćchapper. Dfcsqu’il arrive, c'est & qui lui vendra ; elles 1’entourent, l'emp6chent d’avancer ; c’est h grand’peine qu’il peut se dćbarrasser d’elles, et elles le suivent jusqu’au seuil de 1’ćglise ou du moins jusqu’ó la limite qu’il leur est dćfendu de franchir (I).

(1) Ce que nouscritiquons. cc n'est pas ta vente des cierges ou des objets de pićtć : les pćlerins en ont besoin, et ils peuvent s'en procurer dans les norabreux magasins du vil)ege. Ge dont on se plaint, c'cst la faęon importunc dont ce commerce se fait trop sou-vent, cl aussi la ąualitć des ambulants qui l'exercent |Voir dans un autre chapitre, 1 'hisloire du Vill*ge, et consulter le Journal de M. Cadlc).

Oepuis Pannee 1877 il est dćfendu aux marchands de cierges de p^nćtrer sur 1‘esplanadc ; mais au cominenccment du XIX* siacie, ils 8uivaient les pćlerins jusque dans Pćglise : lis se rćpandent dans la chapelle pour vendrc la bougie pendant les ofticcs (dit le mairede Pluneret, en parlant des mendiants), de sorte qu‘il existc un tumulte continuel tant dans PinUricur de la chapelle qu'au dehors ». (Lettre du raairc au prifet, 8 mars 1811). — Cet abus eiistail d4jA en 1628, avant Porganisalion de la cIM monastique (cf. Rtgialre des miraclet, I. 103). Nous connaissons des Pardons oi» ce trafie de petites bougies se pratique encore avec impunitć.

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