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sinon en dćposant la couronne sur la tśte de la Sainte en qui s’ćtait accomplit le mystfcre ! •
Une telle nouveautć ne paraissait pas avoir chance d’ćtre agrćće a Romę, — le Chapitre de Saint-Pierre, & qui appartient le privil6ge de dćcerner ces couronnes, n’ayant coutume d’accorder cet honneur que pour la Sainte Vierge.Tout cequ’on pouvait espćrer, c’est qu’on permettrait peut-ótre dc couronner la Vierge qui se trouve dans le groupe de notro statuę miraculeuse.
La requćte, prćsentće avec cette restriction, obtint plein succ&s. Pie IX, par un bref en datę du 7 juillet 1863, autorisa l'dv6que de Vannes h couronner la Sainte Vierge dans ces conditions (1). Mais sur la tćte de sainte Annę on ne pourrait dćposer qu’un diadóme.
Le bref n’ćtait valable que pour un an. Or, dans le cours de cette annće, M*r Dubreuil fut nommd & 1’arche-vćch<§ d’Avignon; M*r Gazailhan, son successeur, ne parałt pas avoir songó ó utiliser cette concession qui se trouva ainsi pćrimće, sans qu’on y edt donnę suitę, et l’on peut dire que ce fut une omission providen-tielle.
Cependant M. Lallemand navait pas renoncć & son idće. Avec le concours d’un autre morbihannais, M. Monnier, ancien prćcepteur du comte de Cham- . bord, il gagna h sa cause M*r d'Iconium, doyen du Chapitre de Saint-Pierre.
Sur les entrefaites,arriva& Vannesun nouvelćvćque, M*r Bćcel, lui-m6me ancien ĆI6ve du Petit Sćminaire. C’ćtait en 1866. Sdr de trouver aupr&s de lui un encou-ragement & son projet, M. Lallemand l’invita 6 recom-mencer les dćmarches.
Les nćgociations furent longues: les Congrćgations romaines hćsitaient.
Au bout de deux ans, la question fut soumise direc-tement au Papę.
Pie IX, qui avait bonne mćmoire, se souvint qu’il
(1) Cf. Le tcxle latin du bref: Archivet de la basilique.
avait dćj& accordć un bref ó ce sujet; et il fallut bien lui avouer qu'on ne s’en ćtait pas servi: « Voiló donc, rćpliqua-t-il, le cas que Ton fait k Vannes des faveurs du Saint-Sifcge t »* Cette rćflexion n’ćtait pas de bon augure.
Nćanmoins il ne s'opposa pas & ce qu’on reprlt l’af* faire. Sur une intervention du doyen du Chapitre et du secrćtaire des brefs, le Papę consentit enfin k auto-riser le couronnement de sainte Annę en mćme temps que le couronnement de la Tr&s Sainte Vierge (1). Cćtait dćjft une conccssion importante.
La ralaon du couronnement. — Mais ce qui lui
donnait une valeur exceptionnelle, c’est la significa-tion que le Souverain Pontife voulut bien attacher lui-mdmc k cette faveur: reprenant k son compte les termes mćmes de la premićre supplique, il ćcrivit de sa propre mairi qu’en couronnant sainte Annę, c’cst Marie elle-mfime qu’il entendait couronner dans son immaculće conception.
M. Lallemand ćtait au comble de ses voeux ; il avait reussi k faire constater dans un acte oTficiel les consć-quences qui rćsultent pour sainte Annę de la procla-mation du dogme; et M. Monnier son ami ayait raison de lui ćcrire: « Vous l’avez emportć sur tous les thćo-logiens romains (2) ».
(t) « ... Exponendum nobis curavisti prope locum Aurti, sanc-tuarium, nuncupatum antiquitate et majorum pietate, satia in-signe existere, ad quod ob devotionem tum populus christianus tum magni proceres... acccderc consuevcrunt, — ut tam B. Maria.' Virginis simulacrum quam $. Annae, quac ab istarum regionum fidelibus tanquam patrona ccclestis habotur, nostro nominc a te corona decoretur.
«... Quare, tenore praesentiura, tibi ut coronam siraulacro B. M. Yirginis imponerc possis et valeas, auctoritate nostra apostołka concedimus. Parlter, ut deindc coronam S. Annae simulacro imponere raleas, eadem auctoritate nostra impertjmus. — Datura Roma*, die 22 mai MDCCCLXVIII. »
(2) Tout ce quc nous dłsons id sur l'historiquc du couronne-ment et sur le rdle principal de M, Lallemand dans les nigocia-