58 SAINTE-AJiNE OAURAY
Toutefois k Romę on specifia que la statuę de la filie serait couronnće la premierę.
Cette condition imposće par le Papę fait ressortir elle-mćme le symbolisme de notre statuę, et l’expres* sion que nous avons attribuee au geste de chacun des personnages: — Ma gloire tout entićre est dans ma filie I dit sainte Annę. — Ma gloire tout enti&re est dans mon fils ! dit Marie (i).
Le Souverain Pontife semble ajouter: Jesus laisse tombersur sa mfcre un rayon dc sa souverainetć, et 1’aurćole qui resplendit au front de Marie doit se rćflć-chir ó son tour sur le front de sainte Annę.
Ces dcux paroles sont aussi vraies l’une que 1’autre:
tions est racontć daprćs sa propre corrcspondancc, et d’aprćs le rapport rćdigć par son tils le P. Lallcmnnd, S. J.
M. Lallemand a publić plusieurs ćtudes trćs'documentćes 6Ur « le culte de sainte Annę, en Orient, en Occident, et particulićre* ment en Brelagne ».
(I) Depuis que cette exception a ćtć faite en faveur de sainte Annę, une noovelle jurisprudence a prćvalu A Romę pour le cou-ronnement des statues. Cet honneur a ćtć accordć depuis A saint Joseph, A saint Michel, mćme A sainte Radegonde de Poitiers. La raison qu'il suftit de faire valoir aujourd'hui, c'est la grandę vćnć-ration dont jouit la statuę.
Ouand mćme la reine de-la Bretagne n’eiit pas ćtć couronnće pour une raison thćologique, la statuę qui la reprćsente A Sainte-Anne d'Auray est si populaire, que cette considćration suflirait A elle seule pour qu'elle mćritAt de parallre anx yeux de ses pćlerins arec 1’emblćme de la royautć.
II n’est pas inutile de rappelcr ici que la couronne liturgique accordće par 1'Kglise ne figurę nullement la couronne des saints dans le ciel; elle a uniquement pour but de symboliser la popu-larite de leur culte sur la terre, dans tel ou tcl pays.
Le Cardinal Billot spćcifie en ces termes la raison pour laquelle 1'Eglise couronne les statues de Saints. « On couronne parfois des madones cćlćbrcs par le nombre et 1'ćclat des prodiges. — Alors ce n’est pas )'image de la Vierge en tant que telle, que l’on entend couronner, mais, ce qui est bien diffćrent, c'est 1'image en tant que miraculeuse, en tant que distinguće des autres images par une spćciale manifestation de la puissance et de la bontć de celle qui y est reprćsentće- Et, dans ces conditions, le geste du couron-ncmcnt ne vise plus directement la Vierge dans son image, mais plutót 1'image mćme en laquelle il plalt A la Vierge de se faire prćfćrablement inroquer et honorer. » (Ciii par le P. Bainvki., dans son livre du « Sacri-Cctur de Jtsus »,p. 538; IV* tdition).
si l'on a eu raison de dire que Marie a ćtć « le paradis de 1‘Incarnation *, on a le droit d'ajouter, avec la mćme veritć, que-sainte Annę a ćte le « paradis de Tlmmacw-Iće Conception (1) •.
La fóte da couronnement. — Ii eut licu le 30 sep-iembre 1868, dix ans aprćs les apparitions de 1'Imma-culće Conception & Lourdes (2).
La chapeile ćtant trop petite, il fallut chercher un autre thćAtre pour la cćrćmonie du couronnement.
II y avait dans 1’enclos du petit Sćminaire une vaste prairie encadrće darbres sćculaires et disposee en am-phithćAtre: on ne pouvait pas trouver un site plus favorable. A l’extrćmitć supćrieure on dressa un splen-dide sanctuaire, avec tribunes et galeries superposćes /
ponr les personnages officicls : et 1'immense foule qui s’ćtageait au-dessous pouvait suivre sans peine 1’ordre de toutes lescćrćmonies (3). %
(1) « Lc paradis de Mncarnation » : c’est le titre de la confćrence ;du P. Monsabrć sur la Sainte Vierge, ćcho lui-mćme de la tradi-tion patristique — Cette cxprcssion se trouvait dćjA ćquivalem-ment dans lc B. Grignon de Montfort: « Je dis avcc les Saints: la divine Marie est le paradis terrestre du nouvel Adam. » łintro-duction du Trat 14 de la cnie Dfvotion 4 la Sainte Vitrge), — « Dicu le fila est descendu dans son scin virginal cotnme le premier Adam dans le paradis terrestre » (Ibid., /»• partie).
(2} Pourquoi le choix du ŚO.septeinbre au lleu du 29?
La Saint-Michcl qui ćtait une des prindpales fćtes du Pćleri-• nage, k cause de la dćvotion quc l’on n de temps iminćmorial pour ce grand Saint, en France et en Bretagne, et ddns le pays de Vannes en particulier (Cf. Sem. Relig, de Yanntt, 4912), scm-blait une datę dćsignće de prćfćrence au 30, qui est un jour ordi-naire.
On crut nćanmoins devoir 1’ćcarter parce que c'ótait il la Saint-Micbcl quo se donnaient rendez-vous k Sainte-Anne les partisans du Comtc de Chambord. L’ćvćque de Yannes craignit que cette coincidcnce ne fćt une raison pour le gouverncmcnt irapćrial dc ne pas se faire reprósenter A la fćte par ses fonctionnaircs.
(3) I/amphithć&tre du couronnement, vćrłtable monument d'ar-chitecture, fut dessine et construit par 1’abbć Thomas (de Plouhi-ncc). ancien vicaire de Pluneret. Ce prćtre dont on fut heureux d’utiliscr plusieurs fois le talent pour les fćtes de Sainte-Anne, n'ćtait pas seulement un habile decorateur; il avait pour les