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428    SAINTE-ANNF. DAURAY    '

Lorsqu’il put balbutier, elle lui mit sur les lirres le nom de sainte Annę.

Maintcnant, avec plus de sollicitude encore, elle se tourne vers « 1'aicule cćleste des cnfants, » en la priant de 1’aider elle-mćme h remplir, k l’igard de ce petit chritien, sa fonction maternelle.

Une pieusc femme que nous avons connue disait h sainte Annę en lui prćscntant scs cnfants : • Je vous les donnę ; ils sont & vous ; si par malheur ils devaient plus tard res-sembler h quelqu'un qui leurest proche, j'aimerais mieux que Dieu les prlt des maintenant avec lui! » Et c'est, dans la bouche d’une femme du peuple, le mot si profondiment chri-tien que l'on admire sur les livres d’une reine de France.

Une autre femme avouait: ■ Quand je me trouve agenouil-lie devant sainte Annę, je nepense qu'i mes enfants. »

Ces exemples sont choisis entre mille; et parmi les cha-pelains de Sainte-Annę d’Auray, il n'en cst pas un qui n'ait reęu une fois ou 1'autre des confidences semblables.

Mais il est des cas plus significatifs encore.

Lorsque le petit icolier, qui devait devenir une des gloires de 1'ćpiscopat franęais, Georges-Massonet, entra au petit a«5-minaire de Saintc-Anne (1820). sa mirę sc consolait d’unc siparation pinible en se disant que son flis itait passi de ses propres bras dans les bras de Marie. '

II y a des meres en effet que sainte Annę ćcoute avec une bienveillance particuli&re, et des cnfants qu'clle Wnit d'une • faęon plus maternelle.

Heureuses les familles oh sainte Annę, parmi les cnfants qui lui sontofferts, en choisit un dont le Bon Oieu fera un pritre.

En voici un exemple entre beaucoup d'autres :

II y avait une fois, — il n’y a pas si longtemps, — une mirę bretonnequi rivait d'avoir un pritro parmi ses cnfants.

Le pire n’itait pas de cet avis. II pratiquait bien ses devoirs religieux, mais il n'aimait pas les prćtres ; et plus d une fois il fit entendre que pour rien au monde il ne voudrait voir une soutane sur le dos de son fils, pas mime une soutane de cboriste.

Or Penfant, sur !equel la mirę avait des vues, itait fort tur-b.ulcnt. Un jour qu'il se dćmcnait plus qu’i 1’ordinaire dans la maison, il ćchappa k la mirę, dans un mouvcment d‘impa-tience, une parole dont elle ne soupęonnait pas les suites:

« Ah 1 cette peste d'enfants, dit-elle. je youdrais qu’il en mou-rCkt une demi-douzaine par jour ! »

L/enfant tombail malade le soir mimc ; et l‘attaque fit de si rapides progres, qu’il fut bientAt dans le coma. De l’avis des deux mćdecins appelćs en toute hAte, la mort ćtait inćvitable et imminente. Les voisines entouraicnt le lit du petit mori-bond ; et pendant que l’unc delle mettait un miroir dcvant ses levres pour savoir s’il n'avait pas cessć de respircr, la mirę eut une inspiration soudaine : « Sainte Annę, s’icria-t-elle, si vous me rendez mon enfant, nous irons avec lui en pilerinage. Quand il sera grand, nous le mcttrons dans votre petit seminairc, et vous en ferez ce qu'il vous plaira. »

A 1'instańt mćme Penfant itendit les bras 6 droite et k gauchc comme en se dćbattant. Cćtait la vic qui revenait. Et dis le lendemain, en effet, 1'enfanl reprit ses ibats avec Pin-souciance de ses six ans.

Le pire avait iti temoin de la scine. La promesse faite par sa femme ripugnait ń ses sentiments personnels, mais elle avait iti faite avec un tel accent d’autoriti, et le ciel y avait ripondu d'une faęon si ćvidente qu'il n’osa protestcr. Or qui ne dit rion consent; et, dans les annć-es qui suivirent, malgrć quelques rcssauts d'anticlćricalisme, il laissa dćsormais toute libertć k sa femme pour tenir ses engagements.

L’enfant fut mis au petit seminaire de Saintc-Anne ; et, tous les ans, k la fin des vacanccs, sa mirę lui disait : « Eh bien oui, va maintenant vcrs ta scconde mirę ; c'est k elle qu'il appartient de te dirc ce que tu dois itre. ■*

II plut k sainte Annę de faire de lui un pritre.

Le perć. dont la mcntalitć lvoluait au fur et k mesure que la vocation de son flis se pricisait, est mort sans avoir vu la soutane sur les ipaules de son flis.

Mais avaut dc mourir. il riclamait sans cesse sa prćsence, et plus d'une fois il rlplta: o Tu seras donc prótre ; eh bien ! prie alors pour ton pire. et r£serve-lui quelques-unes de tes messes. »

Heureuscs les familles ou l’un des enfants est ainsi conduit



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