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clama-t-il, mais cette chapelle est encore au-dessous de 1’idee que je m’en faisais I (1) » J
Cette impression pćnible, chacun l’ćprouvait vague-ment. Mais, tout en regrettant que la chapelle fńt de si modeste dimension, on s'en contentait: elle avait bien suffi du ternps des Carmes, et depuis le commen-cement du sićcle! Si parfois on avait envisagd son agrandissement (2), personne n'avait osć prendre la responsabilitć de Tentreprise. Et il o fallu pour cela qu’un ćtranger vlnt de loin, avec la libertć d’exprimer son ćtonnement et le pouvoir d’exiger que le change-ment eńt lieu.
Du reste M*r Dubreuil, par son Ordonnąnce de no-verabre 1863, avait dćj& formulć « 1'urgence d’une rópa-ration ou d’un agrandissement ou d’une reconstruc-tion »>. Et il avait jdćcidć que l'on consacrerait une
(1) Ce n'est pas seuloment la chapelle qui avait vieilli, c’ilait toute r«ram du XVII* alicie dont Ntlt attestait dc la nigli-gence, avec ses galeries transforinies en inagasins vulgaircs, ou dcvenues des hangars dc basse-cour. Laspcct giniral itait vrai-ment attristant, et il fallait y itrc habitui pour nc pas en itre choqui.
(2) Dis Ic debut du siidc on avait en eflct envisagi cet agran-disscmenrt. Dans les contrats pansćs avec les personnes qu’on autorisait -A bAtir sur le terrain du clolire extirieur, il itait spi-clili que * dans le cas oń on voul&t agrandir 1’igiise, ou que l'on lit de nouvelles dispositions dans la dite construction de Sainte-Anne, la presente sera risiliie de plein droit • (5 septombre 1837). Contrat de la maison Blavec-Colombel (Archieet de la Bati-ligue).
Ku 1825, A 1'occasion du deuxiimc centenaire, on songea sirieu-soment A modificr le ;plan du P. Benjamin. La circulaire, lancie A .cette occasion, aprćs avoir constati rinsuilisance de la chapelle pour recevoir, aux jours dc lite, les pilerins, les ilives du Petit Siminaire et les enfants de deux Acoles primoires qu’on se propo-sait -dc fonder, — annonęait le « projet d agrandir 1'iglise en la prolongeant dans la cour, avec deux nefs collatirales, sans toucher A ce qui pourrait intiresser les monuments.* les souvenirs, les habitudes du pcuple... » (Notice tur Ctgliae de Safnle-Anne, 1825 : Areh. d*p. V).
Tout en diplorant les ivinemenls qui forcirent les Jisuites A quitter Sainte-Anne, on doit se filiciter qu'i!s n'aient pas rialisi un plan, dont on appriciera les difectuositis en le comparant A celui qui a iti rialisi sous nos yeux.
partie notable -des offrandes pour rendre la chapelle plus dignc de sa destination (1).
Avcc Gn/ailhan on allait entrer dans la voie des rćalisations.
Dans le courant de 1’ótó, il revint souvent k Sainte-Anne; et ló il se trouva en face d’un prćtre ćminent qui devait l'aider k lancer Tentreprise: c’ćtait le supć-rieur du Pfclerinage. Quoique M. KerdafTrec ftit jeune encoro (37 ans), sa personnalitć marquait dans'le dio-cfcse. Sa haute taille, sa physionomie expressive, sa parole imagće et volontiers brutale, ses jugements absolus, sa grandę habiletć & soutenir sa manierę de voir, tout en lui ćtait imposant: k un esprit trfcs vif il joignait une Ame d’artiste et une ćrudition tr£s ćtendue, que ses qualites naturelles faisaient admirablement valoir. C’etait un charme de Tentendre parler.
L'óvćque qui arrivait sans idće prćconęue subit trfcs vite 1’emprise dc cet esprit puissant, si ćpris des choses d'art en móme temps que des choses bretonncs. Et ce fut entre ces deux hommes, nćcessaires l un ó 1’autre, que milrit peu k peu l’idćc de ce superbe monument.
Vers la fin de 1'ótó, l’óvćque, au retour d'une tournee de confirmation, se rencontra au Petit Sćminaire de Sainte-Anne avec quelques personnages qu’il jugca k propos de consulter, — sentant bien la necessite d’agir vitc, mais en mAme temps de s’ćclairer(2). Et, au cours de cette róunion, on envisagea les diflfórents moyens de r^aliser une modification reconnue nćcessaire.
— Se contenterait-on de reparer la chapelle dćja existante, sans en changer les dimensions, en se rćser-vant d’ćtablir une vaste tente dans le champ de 1’lCpme, aux jours des grandes solennites,?
(1) 11 mettait lui-m£me une sornme de 10.000 fr. entre les inains da supćrieur-pour cette asurre.
(2) C'itait'M. Fournicr, futur ćvf*que-de 'Nantes, U. le chanoine Roustand (de Nantes), M. Charil, ancien supirieur de Sainte-Anne...