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80 SAINTK-ANNR DAUIUY

A une Apoque intermćdiaire : c’est en 1624 que sainte Annę a demandć qu'on lui ćlevAt une chapelle. Or les principes d’apr£s lesquelson construisait Acettećpoque sont bien connus: ce n’ćtait ni le beau gothique du Moyen-Age, ni le nćogothiąue contemporain. BAtir ici un* chapelle qui edt report^ 1’esprit au XIII* ou au XIV* siócle, c’eAt ćtć donc antidater le Pólerinage et commettre un anachronisme.

Une autre considćration corroborait la premióre : au chevet de la futurę ćglise se dressait la tour avec le cloltrc, dont le programme exigeait la conservation ; devant elle s’ćlevait 1’imposante Scala Sancta, que l’on songeait alors si peu A faire disparaltre quec’est d'aprds elle que Ton a calculó les dimensions actuelles de la basilique. On ne pouvait dońc choisir le style de l’ćdi-fice projetó avec la móme liberte que s’il avait ćtć seul: c’eCtt ćtć faire un assemblage absolument dis-parate. Ceux qui se donnaient la missiorf de complóter rceuvre de Nicolazic ne pouvaient avoir 1’idće de dótruire le plan primitif pour tout reconstruire A nou-veau.

L’ćglise qu’ils se voyaicnt obligćs de bAtir devait Atre telle que les architectes de la tour, de la scala et du cloltre auraient eux-m£mes pu la bAtirau XVII'siAcle, s’ils avaient eu plus de ressources, et si leurs concep-tions avaient eu plus d'envergure (1).

(1) A ces raisons qui ont guidć le choix dc M. KcrdafTrec, nous pouYons aujourd'hui en ajouter d autres. Bien que ces discussions passionnćes ne trouvent plus d'ćcho chez nous, il esl bon de les rappeler, ne fAt-ce que pour faire voir que, dans la circonstance, il fit preuve de clairvoyance autant que de courage.

1* Dans tout le milieu du XIX* siacie on a Hi tr£s vivcment Apris d'architecture ogivale. Le moyen-&ge ćtait sorti de l'obscu-rite; les prerentions & son ćgard ćlaicnt tombćes. A la suitę de Montalembert et de Victor-Hugo, on ćtudiait, on aimait les cathć-drales du XIII* et du XlV«si£de, admirables manifestations d’un art tout chrAtien et tout franęais; et, par une reaction semblable A celle que l'on condamnait chez les autres, on se montrait plein de dćdain pour les ćcoles dart qui avaient suivi.

One cette gćnćration eńt des prćfćrences marqućes pour une architccture qui rćpondait le mieux A ses asprrations, A la bonne

Le jury se rćuhitle 8 aotit: M. Flohy, vicairegćndral,

heurc ! Ou’clic en plaęAt niAmc les monuments, dnns son admi-ration, bien au-dessus dc ccux qu'on ovait AlevAs"prćcAdomment ou qu’on a construits depuis: cela sc conęoit. Ce que nous ne pouvons plus admeltre, cesl I obligalion qu‘elle voulait imposcr A tous les architectes de l'avenir dMiniter ou plutdl dc reproduire les formes qui la ravissaient, sans tenir compie de la naturę mćinc dc l'art, et des conditions historiques ou il apparalt.

Pour 1'architecture. comme pour toules Us manifesialions dc l’arl, l’AvoIution est une loi. II n*est aucune Acole qui puisse se fiat-ter d'avoir fixć A jamais 1’idAal dans des forines immuabies. S'ar-rAtcr dans ses conqućtes mAme les plus heureuses, suriout revenir sur ses pas, Aquivaudrait pour 1 art A se suicider •• Rien ne se montre deux fois sous la mAme formę; et vninement chcrcherait-on A faire revivre cc qui est dAfinitivement mort > iLAon Palustre), A moins de mettre dans son imitalion, coinrac l’a lait ici M. De-perthes. une originalite si prononcAc quelle Aquivaudrait A une veritable crAalion. — L/art grec a Avolue sans cesse : le style ogival n'a pu sc maintenir 1 u i menie pendant trois siAcles que par des transformations continues, depuis le jour ou il osi sorti des formes du roman par une Avolution hepreuse, jusqu’au jour o(i, ApuisA A son tour, il s'cst fondu dans I architecturc du XVI* siAcle sans perdre le bAnAttce de ses propreś conquAtcs.

Un jour. me trou vant en presence dun architecte ćminent, et l’es* prit encore pleindcs polćmiąues quiavaient eulieu nutrefoisnusu-jetde 1’Aglise de Sainte-Anne, je lui demandai son avis. II merApon-dit: u Un artistc qui se respecte ne peut plus accepler de faire du gothique:ou bien il se bornerait A copier un morceau d’architeclure dAjA existant, et ii n’est pas d'entrepreneur intclligent qui nesoit capable dc faire ce pastiche arc^eologiquc ; ou bien il voudrait crAer doriginal, et il Achouerait fatalement, comme tous les autres.»

Ce jugement concorde avec celui d’un Aminenl critique d'art, Abel Fabre: « Ce qu’on demande aux architectes, c'est d’Atre non pas des pasticheurs, mais d’liarmonieux continuateurs » d'avoir un art A la lois modernc et traditionnel.

M. Deperlhes, dans la lettre qui accompagnait Penvoi de son plan, 1'apprćciait oinsi: « Ouant au style, un librę traitement de celui de la Renaissance a AtA adoptA, qui, evitant le style raide et guinde de 1'AcadAinie, s'accommodcra des formes pittoresques de Part du moyen-Age. »

2° Ouand furent exposćs les plans qui rApondaient aux conditions du programme, on s'Acria ; « qu'il ne s‘y trouvait rien dc breton, rien qui rappelAt les charmantcs ćglises de !a Cornouuillc et du LAon. » (Journal de Hermes: // ((di i865).

Nous convenons bien que le gothique a semA sur notre sol breton de vrais joyaux d’architecturc, comme KernascIAden et lc Crcisker, pour n'en citer quc deux. Mais dans ce gothiquc y a-t,*il

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